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PIB: la balance commerciale plombe les résultats du 1er trimestre

lesaffaires.com|Publié le 31 mai 2019

La détérioration de la balance commerciale a assombri une croissance de la demande intérieure.

L’expansion économique du Canada est restée lente au cours des trois premiers mois de l’année, ce qui a permis au pays d’afficher ses plus faibles trimestres consécutifs de croissance depuis 2015.

Mais de plus solides données pour le mars, le dernier mois du premier trimestre, suggèrent que l’économie canadienne est en train de se réveiller après son hibernation.

L’économie s’est développée au rythme annualisé d’à peine 0,4 % au premier trimestre, ce qui est légèrement supérieur à la croissance révisée de 0,3 % enregistrée au dernier trimestre de 2018, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Ces chiffres ont permis au Canada de connaître sa plus lente séquence de croissance pour deux trimestres consécutifs depuis la contraction économique de la première moitié de 2015, dans la foulée d’un plongeon des prix du pétrole brut.

La croissance du premier trimestre a été freinée par la faiblesse des données commerciales. Les importations ont augmenté de 1,9 % et les volumes d’exportation ont diminué de 1,0 %, ce qui représentait leur première baisse trimestrielle depuis 2017, a précisé le rapport de l’agence fédérale.

Le Canada a également enregistré une contraction importante de 9,5 % de ses exportations de produits de l’agriculture et de la pêche, ainsi qu’une autre de 2,8 % des expéditions de pétrole brut.

Les données étaient plus encourageantes du côté des dépenses des ménages, qui ont enregistré leur trimestre le plus solide en deux ans. Ces chiffres comprenaient notamment une hausse des ventes de véhicules et de matériel audiovisuel et de traitement de l’information.

L’économie a également vu une hausse de 8,7 % des investissements dans les machines et le matériel. Cette catégorie, alimentée en partie par des investissements importants dans les aéronefs et d’autres matériels de transport, a connu son plus grand rebond en 23 ans, a précisé l’agence.

« Ne laissez pas la manchette vous tromper, ce rapport sur le PIB est assez décent », a écrit dans un rapport Brian DePratto, économiste principal à la Banque TD.

Début de reprise en mars

Pour ce qui est des mois à venir, la lecture mensuelle du rapport pour le mois de mars laisse entrevoir une reprise pour le deuxième trimestre. Le mois de mars a enregistré une croissance de 0,5 %, pour faire suite à la contraction de 0,2 % de février.

Le rapport de Statistique Canada montre que 16 des 20 industries étudiées ont affiché une croissance en mars.

« C’est une façon très favorable de clore le premier trimestre », a souligné Derek Holt, responsable de l’économie des marchés financiers à la Banque Scotia.

« Nous savons que l’économie a traversé une période difficile à la fin de 2018 et au début de 2019. Mais les signes que j’observe ici (…) suggèrent que nous sortons de tout cela et que nous rebondissons assez bien au deuxième trimestre. »

La lecture du premier trimestre était meilleure que celle attendue par la Banque du Canada, qui misait sur une croissance de 0,3 pour cent. Les économistes tablaient pour leur part sur une croissance moyenne de 0,7 %, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.

L’ombre des menaces de Trump

Mais les préoccupations plus larges au sujet du commerce mondial, incluant la nouvelle menace du président américain Donald Trump d’imposer des tarifs sur toutes les importations mexicaines, pourraient entraver les progrès réalisés par le Canada.

M. Trump a affirmé qu’il imposerait une taxe de 5,0 % sur les produits du Mexique d’ici le 10 juin, à moins que le pays en fasse plus pour décourager les migrants d’Amérique centrale d’essayer de franchir la frontière américaine. Il a averti que le pourcentage des tarifs augmenterait progressivement « jusqu’à ce que le problème de l’immigration clandestine soit résolu ».

La menace du président pourrait également faire dérailler la ratification du nouvel accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM).

Jeudi, la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Wilkins, a affirmé que les risques liés au commerce extérieur constituaient une « préoccupation majeure » pour la banque centrale.

Mme Wilkins, qui a exprimé son inquiétude avant l’annonce de la menace de M. Trump contre le Mexique, a averti que le contexte commercial international très incertain, notamment la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, constituait une menace pour le Canada.

Elle a également énuméré les perturbations commerciales, telles que les nouvelles restrictions imposées par Pékin à certains produits agricoles clés du Canada. Un conflit diplomatique s’est intensifié au cours des derniers mois, amenant la Chine à rejeter les envois de certains produits canadiens, dont le canola.

La banque centrale, a-t-elle dit, surveille également la possibilité d’une querelle commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne. Donald Trump a menacé d’appliquer des tarifs sur les véhicules automobiles de l’UE.

La Banque du Canada a souligné que le ralentissement de l’économie nationale était temporaire, un « détour ». Elle a prévu une croissance de 1,3 % au deuxième trimestre et mise sur une accélération de l’expansion tout au long du reste de l’année.