«Je suis un gars assez minimaliste.» (Photo: courtoisie)
En 2017, Pierre-Luc Racine a troqué sa carrière d’actuaire pour devenir humoriste. De loin, jure-t-il, le meilleur investissement de sa vie.
Qu’est-ce qui vous a d’abord mené vers l’actuariat ?
Jeune, j’étais un nerd très bon en mathématique. J’ai donc fait un baccalauréat en mathématiques spécialisé en sciences actuarielles. J’étais convaincu que ma voie était toute tracée. Or, j’ai détesté ce travail. Pendant 10 ans, toutes mes journées de congé, de vacances, sans oublier les samedis et dimanches, devenaient des jours de fête tellement je m’ennuyais au bureau.
Qu’est-ce qui a provoqué votre changement de carrière à l’âge de 32 ans ?
De 2014 à 2016, j’ai traversé une dure période où les mauvaises nouvelles s’accumulaient au fil des mois. Mon ex-femme a perdu son emploi au gouvernement. Il y a également ma mère qui, en plus d’être diagnostiquée de la maladie d’Alzheimer, s’est fait retirer son permis de conduire. Mais le premier domino qui a fait tomber les autres, c’est le jour, au printemps 2014, où mon ex et moi sommes devenus propriétaires d’un triplex sur le Plateau-Mont-Royal. L’horreur! Nous avons acheté un immeuble bourré de vices cachés. Le pire achat de ma vie.
Parlez-nous de cette mésaventure.
Déjà que mon travail me déprimait, gérer cet immeuble, ses locataires ainsi que ses mauvaises surprises a provoqué un lot de stress insoutenable. Moi qui ai toujours aimé faire rire les gens avec mes blagues, je n’arrivais même plus à sourire. Heureusement, deux ans plus tard, nous avons pu revendre le triplex. Sans faire de profit, nous avons pu récupérer notre mise de fonds. C’est d’ailleurs grâce à une partie de cet argent que j’ai réalisé mon meilleur investissement : 10 000 $ pour m’inscrire à une session d’un an à l’École nationale de l’humour.
Est-ce un choix payant jusqu’à présent ?
Pour être franc, je gagne actuellement le tiers du salaire que me versait la grande entreprise d’actuariat pour laquelle je bossais. Mais je m’en fous. Aujourd’hui, je travaille pour vivre et non plus le contraire. En plus de présenter mon propre spectacle solo à travers la province, j’anime, une fois semaine, une soirée d’humour au café Hookah Lounge. Je signe également des billets dans le magazine Urbania en plus d’écrire des articles pour RDS Jeux vidéo.
Et votre train de vie dans tout ça ?
Je vis dans un petit trois et demi et je n’ai pas de voiture. Mon seul vice est de craquer pour la poutine. Si je m’écoutais, j’en mangerais au moins quatre par semaine. Autrement, je suis un gars assez minimaliste. Je ne suis pas un fanatique des accessoires. D’ailleurs, sur ce point, tous mes amis sont avertis. S’ils me font un cadeau sans m’avoir consulté au préalable, ce présent risque fort de se retrouver sur la plateforme Marketplace.
Pour conclure, avez-vous un conseil pour vos pairs ?
Être humoriste, c’est comme être propriétaire d’une PME. Nous avons un produit à vendre. Il ne faut pas attendre que le téléphone sonne. C’est à nous de créer des occasions, de faire en sorte que les gens sachent que l’on existe. D’ailleurs, bien que l’actuariat ne m’ait pas emballé, quelques notions de mon ancien métier m’aident comme artiste à faire de bons choix, à commencer par la réservation de salles qui correspondent à ma notoriété.