PLC: le congé de la taxe sur l’essence n’est pas une priorité
La Presse Canadienne|Publié le 22 juin 2022Le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, soutient qu’un congé fiscal sur l’essence n’est pas dans les plans, mais il reconnaît que «rien n’est exclu pour l’avenir». (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a déclaré mardi que le gouvernement fédéral n’avait pas l’intention de réduire le prix de l’essence à la pompe en offrant aux Canadiens un congé temporaire de la taxe fédérale sur l’essence.
Ottawa se cherche d’abord à stabiliser le prix mondial du pétrole en augmentant l’offre sur le marché, ce qui serait lentement en voie de se réaliser, selon le ministre Wilkinson. En ce qui concerne les allégements pour le portefeuille des familles, il réfère au discours de la ministre des Finances Chrystia Freeland sur l’abordabilité, prononcé la semaine dernière.
Elle y annonçait des augmentations prévues des chèques de prestations gouvernementales, des réductions des frais de garde d’enfants et des augmentations de la pension de la Sécurité de la vieillesse ainsi que de l’Allocation canadienne pour les travailleurs. Dans son discours, Mme Freeland avait chiffré l’ensemble de ces mesures à neuf milliards de dollars.
Les conservateurs pressent les libéraux de réduire les taxes sur l’essence depuis des mois en suspendant l’application de la taxe sur les produits et services (TPS), en suspendant la taxe sur le carbone ou en suspendant la taxe d’accise de 0,10 $ par litre.
Pour le moment, Jonathan Wilkinson soutient qu’un congé fiscal sur l’essence n’est pas dans les plans, mais il reconnaît que «rien n’est exclu pour l’avenir».
Ces commentaires du ministre interviennent alors que le président américain Joe Biden envisage de réduire considérablement la taxe fédérale sur l’essence au sud de la frontière, après que d’autres mesures visant à freiner la hausse des prix de l’essence n’ont pas fonctionné.
Si l’administration Biden donne suite à ce plan, cela ferait du Canada le seul pays restant du G7 à ne pas avoir récemment réduit les taxes d’accise sur l’essence ou offert une subvention pour aider à réduire les prix à la pompe.
Depuis que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé à faire grimper les prix mondiaux du pétrole, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne ont tous réduit les taxes d’accise sur l’essence, tandis que la France et le Japon ont offert des subventions aux consommateurs et aux entreprises de carburant.
L’Allemagne a noté que les prix à la pompe avaient reculé de manière temporaire seulement à la suite de l’annonce d’une réduction de sa taxe. Toutefois, la mesure aurait fonctionné en Alberta d’après l’économiste de l’Université de Calgary Trevor Tombe.
Depuis la suspension de la taxe provinciale de 0,13 $, ordonnée le 1er avril par le premier ministre Jason Kenney, l’effet se serait fait sentir alors que l’Alberta affiche le prix moyen de l’essence le plus bas au pays, soutient M. Tombe.
«Vous avez plus de deux mois complets d’information à analyser sur les effets de cette politique sur la fluctuation du prix en Alberta. Comparativement à une estimation de ce qu’aurait été le prix sans cette mesure, il semble que l’ensemble de la valeur de la réduction ait été refilée aux clients», observe le chercheur.
M. Tombe admet cependant que de réduire les taxes sur l’essence coûte très cher au gouvernement et qu’il existe d’autres moyens qui pourraient être plus efficaces pour aider les Canadiens à adoucir l’impact de la hausse soudaine, dont une bonification temporaire des programmes de soutien.
«Il y a des manières bien moins coûteuses de soutenir les familles qui en ont besoin, plutôt que d’éliminer les taxes, ce qui profiterait à tous les automobilistes, incluant ceux qui n’en ont pas besoin», a-t-il précisé.
Le NPD demande au gouvernement de doubler le montant du remboursement de TPS et de hausser l’allocation canadienne pour enfants de 500 $ dès cette année.
Ces deux programmes font l’objet d’une indexation annuelle basée sur l’inflation, mais ces hausses sont calculées à partir du taux de l’année précédente. Dans le cas actuel, l’inflation s’élevait à 2,4% l’an dernier. Ainsi, la hausse du remboursement de TPS représente environ 7 $ alors que celle de l’allocation pour enfant représente environ 114 $.
À titre comparatif, en avril dernier, l’inflation s’est approchée de 7%.
Trevor Tombe suggère que le gouvernement pourrait régler en partie ce problème de déséquilibre en indexant ses programmes sur une base trimestrielle plutôt qu’annuelle.