Malgré des dettes moins élevés, les Montréalais ont un taux de prêts en souffrance plus élevé que la moyenne canadienne.
En dépit d’une hausse des niveaux d’endettement moyens, les consommateurs canadiens parviennent globalement à mieux faire face à leurs obligations financières.
C’est là l’une des principales constatations du dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) portant sur l’état du crédit hypothécaire et du crédit à la consommation au Canada.
Cette dernière étude confirme en outre que le niveau d’endettements des ménages canadiens a continué d’augmenter plus rapidement que leur revenu en 2018. Au quatrième trimestre de 2018, le ratio dette-revenu des Canadiens aura donc atteint un nouveau sommet de 178,5%, selon les plus récentes compilations de l’organisme fédéral.
Or, malgré un niveau d’endettement toujours élevé, le rapport nous apprend que les défauts de paiement des consommateurs tendent à demeurer stables, voire à diminuer dans la majorité des provinces canadiennes. De fait, malgré une légère hausse de l’endettement au quatrième trimestre, les taux des prêts hypothécaires en souffrance sont demeurés faibles, à 0,30%.
«En dépit des niveaux élevés d’endettement, les taux de comptes en souffrance demeurent faibles et le nombre de consommateurs fortement endettés et plus vulnérables a reculé», explique Geneviève Lapointe, analyste principale de marché, Économie, de la SCHL.
L’exception montréalaise
Ce fut le cas, autant à Vancouver qu’à Toronto, où les dettes hypothécaires moyennes sont les plus élevées au pays. Au quatrième trimestre, le solde moyen non remboursé des nouveaux prêts hypothécaires était de 404 861$ à Toronto et de 422 169$ à Vancouver. À titre de comparaison, pour la même période, le solde moyen non remboursé des prêts hypothécaires de Montréal n’était que de 217 689$.
Par contre, bien que les prix des habitations soient relativement plus bas à Montréal que dans les deux autres grandes villes canadiennes, on remarque que les taux de prêts hypothécaires en souffrance y sont bien plus élevés (0,32%), allant jusqu’à dépasser la moyenne nationale (0,30%).
À titre de comparaison, pendant la même période, le taux de prêt hypothécaire en souffrance étaient trois fois moins élevés à Toronto et Vancouver qu’il ne l’était à Montréal. De fait, au quatrième trimestre de 2018, les taux de prêts en souffrance n’étaient que de 0,11% à Vancouver, et de 0,10% dans la Ville Reine. Pendant ce temps, celui de Montréal atteignait 0,32%.
Le rapport de la SCHL n’identifie pas de causes précises pour expliquer ce qui paraît être une exception montréalaise, dans l’univers des grandes villes canadiennes.
Selon les données tirées d’Equifax Canada, les prêts hypothécaires constituaient près des deux tiers de la dette totale détenue par les Canadiens à la fin de l’année dernière. La différence se répartissait entre les marges de crédit hypothécaires (10,8%), les cartes de crédit (5,3%), les prêts automobiles (4,1%) et les marges de crédit personnelles (3,1%).
Forte hausse des marges de crédit hypothécaires
Globalement, au quatrième trimestre de 2018, les obligations mensuelles moyennes par consommateur a crû de 4,5% par rapport à l’année précédente. Comme le revenu disponible moyen n’a cru que de 2,5% entre temps, le poids des obligations mensuelles des ménages canadiens s’est globalement accru.
La SCHL rapporte une hausse de 16,2% des versements mensuels liés aux marges de crédit hypothécaire depuis un an. Les prêts hypothécaires ont connu pour leur part une hausse de 4,4% par rapport au quatrième trimestre de 2017, et ceux liés à des prêts automobiles, de 2,1%.
Malgré tout, il semble que le nombre de consommateurs fortement endettés et plus vulnérables a globalement diminué depuis un an. Les auteurs de l’étude avancent que le resserrement des politiques sur l’admissibilité aux prêts hypothécaires, les prix toujours plus élevés des habitations et la hausse -même ténue- des taux d’intérêt ont pu avoir une incidence positive sur ces consommateurs.