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Pour Mark Carney, le monde est en plein «rééquilibrage»

Katia Tobar|Publié le 21 juillet 2022

Pour Mark Carney, le monde est en plein «rééquilibrage»

Mark Carney a été gouverneur de la Banque du Canada (2008 à 2013) et de la Banque d’Angleterre (2013 à 2020). (Photo: Archives/Peter Summers - WPA Pool/Getty Images)

Pour l’économiste Mark Carney, le monde est en plein «rééquilibrage» et le contexte économique et géopolitique des dernières années crée un nouvel environnement qui permettra au Canada, et au Québec, de s’illustrer, notamment par sa transition énergétique.

«Nous avons de l’énergie propre, nous avons un capital humain incroyable, nous avons la stabilité, nous avons des relations commerciales fantastiques dans le monde entier», a-t-il souligné lors de la Conférence de Montréal, le 12 juillet dernier, à l’hôtel Bonaventure.

Invité lors de l’événement présenté par le Forum économique international des Amériques, le vice-président du conseil et chef de l’investissement en matière d’environnement chez Brookfield Asset Management, entreprise de gestion d’actifs basée à Toronto, s’est entretenu avec Vinay Shandal, directeur général et associé du Boston Consulting Group, sur le thème «Économie mondiale: quelles sont les prochaines étapes?»

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada (2008 à 2013) et de la Banque d’Angleterre (2013 à 2020) a profité de cette occasion pour partager ses observations sur les changements majeurs de notre époque. «Je pense que nous sommes à un moment charnière dans l’histoire économique et géopolitique». Les priorités ont changé et «cela a commencé avant l’invasion horrible et injuste de l’Ukraine par la Russie», a-t-il insisté.

L’économiste note entre autres que les pays et les compagnies priorisent aujourd’hui la résilience plutôt que l’efficacité, le passage à une plus grande diversification des chaînes d’approvisionnement, la prise en considération des dangers du juste à temps versus le juste au cas.

Ce contexte économique et l’inéluctable transition face aux changements climatiques est une «énorme opportunité» pour le Canada de se positionner, a-t-il affirmé.

D’ailleurs, les États-Unis et 17 de leurs alliés, dont le Canada, ont convenu de travailler à l’amélioration et à la diversification des chaînes mondiales d’approvisionnement, a rapporté mercredi l’Agence France-Presse.

L’objectif est de «coopérer pour renforcer la résilience à long terme de la chaîne d’approvisionnement en soutenant la transparence, la diversification, la sécurité et la durabilité par le respect de normes environnementales et de travail élevées, y compris la prévention du travail forcé», ont indiqué les participants au sortir de deux jours de réunion.

 

La «tragédie des horizons»

Mark Carney est également revenu, à la demande de Vinay Shandal, sur son discours prononcé en 2015 devant les membres du Lloyd’s of London, dans lequel il dénonçait la «tragédie des horizons», soit l’aveuglement du monde de la finance face au changement climatique.

«Le défi est que la pire manifestation des changements climatiques, au moment où elle est évidente, dans des fréquences extrêmes, avec des conditions météorologiques extrêmes, avec un milliard de personnes vivant dans des conditions climatiques mortelles ; au moment où tout cela se produit, il est trop tard pour faire quelque chose à ce sujet. Et le problème est que les actions qui sont prises, les retours sur ces actions, sont au-delà des horizons normaux des politiciens, des PDG, des gouverneurs des banques centrales.»

Pour l’économiste, il faut amener l’avenir vers le présent, «Bring the future towards the present» a-t-il répété à plusieurs reprises, et forger un consensus sur les étapes à suivre.

 

Le rôle du secteur financier

Face à «cet énorme défi», le secteur financier doit envisager un horizon suffisamment lointain, à un moment où on peut encore agir.

Nous avons besoin de la finance orientée pour tirer l’avenir vers le présent, des gouvernements, pour clarifier ce qu’est l’avenir, et des entreprises pour marier les deux et fournir des solutions, a-t-il décrit.

«Le capital doit circuler pratiquement partout, parce que chaque secteur, chaque entreprise sera affecté […] Il doit circuler vers les entreprises ayant un plan pour réduire leurs émissions [de GES]», notamment vers les secteurs où il est difficile de réduire ces émissions, comme les producteurs d’acier ou les sociétés de transport.

 

On vous propose de découvrir son intervention dans la vidéo ci-dessous.

— Avec des informations de l’AFP