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Prix du porc: les principaux acteurs de l’industrie s’entendent

La Presse Canadienne|Publié le 18 avril 2023

Prix du porc: les principaux acteurs de l’industrie s’entendent

Olymel rapporte que le secteur a entraîné des pertes de 390 millions de dollars au cours des deux dernières années. (Photo: La Presse Canadienne)

Dans un contexte de crise sans précédent dans l’industrie porcine, les éleveurs de porcs acceptent une réduction du prix payé par les abattoirs en échange d’un mécanisme de partage des bénéfices des transformateurs si l’industrie porcine connaît une reprise.

Les principaux acteurs de l’industrie porcine se sont entendus sur une nouvelle formule pour définir le prix des bêtes vendues aux abattoirs. La Convention de mise en marché des porcs a été rendue publique, mardi.

Pour la première année, le prix déterminé représente une baisse de prix d’environ 4,5% par rapport à la moyenne des prix des dix dernières années, précise le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, en conférence de presse.

En échange de cette concession, les acheteurs de porcs et les éleveurs ont convenu d’un mécanisme de partage des bénéfices. «Il faut réapprendre à se faire confiance et c’est pour ça que ça a été beaucoup plus long, la négociation, et là je pense qu’aujourd’hui, on arrive à quelque chose qui nous permet de créer cette volonté de créer de la richesse ensemble.»

La convention prévoit qu’il n’y aura pas de partage de profit tant que les flux de trésorerie du segment porcin d’Olymel, qui contrôle 80% des activités de transformation de porcs, n’auront pas atteint un certain seuil qui permet à la coopérative de réaliser des investissements dans ses usines, précise le conciliateur Raymond Bachand, qui pilote ce processus depuis le mois d’août. «Au-delà de ça, c’est 50/50 (le partage des profits) et, après ça, il y a des seuils où les éleveurs en ont plus», explique l’ex-ministre des Finances du gouvernement Charest.

Le mécanisme de partage de prix ne touche pas uniquement Olymel, mais tous les acteurs de l’industrie, ajoute M. Bachand.

Le fait de partager les risques et les bénéfices entre acheteur et éleveurs est un élément «novateur», souligne le président-directeur général d’Olymel, Yanick Gervais. «Ça devrait limiter les déséquilibres qui sont survenus dans le passé. Ça va éviter de faire porter un fardeau important sur les épaules de l’un ou l’autre des joueurs de la filière».

M. Bachand a présenté l’entente, plus tôt mardi, au ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. À la sortie de cette rencontre, M. Lamontagne a souligné l’importance de la solidarité dans un contexte difficile pour tous les acteurs de l’industrie.

Le porte-parole libéral en matière d’agriculture, André Fortin, accuse, pour sa part, le gouvernement Legault de ne pas avoir de plan pour soutenir l’industrie. «On va perdre des producteurs de porcs, notre cinquième industrie d’exportation au Québec, si rien n’est fait. On va perdre nos meilleurs producteurs, on va perdre la relève, ceux qui investissent dans le bien-être animal parce que ce sont eux qui ont des dettes importantes, qui font face à des taux d’intérêt importants aujourd’hui.»

L’entente survient tandis que l’industrie porcine québécoise compose avec une crise sans précédent au Québec, dans un contexte de fermeture du marché chinois, de perturbation de la chaîne d’approvisionnement et de rareté de la main-d’œuvre.

Olymel rapporte que le secteur a entraîné des pertes de 390 millions $ au cours des deux dernières années.

La coopérative en restructuration a fermé cinq installations dans les derniers mois, dont l’abattoir de porcs de Vallée-Jonction, dont la fermeture a été annoncée la semaine passée. Près de 1000 travailleurs perdront leur emploi.

Les difficultés d’Olymel se répercutent sur les éleveurs de porcs, dont les revenus dépendent des achats de la coopérative.

Les éleveurs étaient contraints de vendre à perte à Olymel depuis un an en raison d’une réduction du prix d’achat. Cette perte était ensuite compensée par le programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) géré par la Financière agricole du Québec (FADQ).

La coopérative avait aussi l’intention de réduire de 20% ses abattages de porcs à compter du mois de juin. Dans ce contexte difficile, les Éleveurs de porcs du Québec ont adopté un programme de rachat volontaire pour les producteurs qui se retireront de la production pour au moins cinq ans, avec l’objectif de réduire d’un million le nombre de porcs élevés au Québec.