Procès de Xiao Jianhua: les diplomates canadiens tenus à l’écart
La Presse Canadienne|Publié le 05 juillet 2022Xiao Jianhua a été vu pour la dernière fois dans un hôtel de Hong Kong en janvier 2017 et il aurait été emmené sur le continent par les autorités chinoises. (Photo: La Presse Canadienne)
Pékin — Les autorités chinoises ont refusé de laisser des diplomates canadiens assister au procès d’un magnat canadien d’origine chinoise qui a disparu de Hong Kong il y a cinq ans, a annoncé mardi le gouvernement du Canada.
Xiao Jianhua a été vu pour la dernière fois dans un hôtel de Hong Kong en janvier 2017 et il aurait été emmené sur le continent par les autorités chinoises. Il a fait l’objet d’une enquête par les autorités anticorruption cette année-là, selon des informations, bien que le gouvernement n’ait publié aucun détail.
Le gouvernement n’a jamais confirmé si M. Xiao, le fondateur de Tomorrow Group, qui a été lié à une série de poursuites anticorruption et de saisies de sociétés financières par les régulateurs, a été détenu ni indiqué à quelles accusations il pourrait faire face.
Le gouvernement canadien a déclaré plus tôt que M. Xiao devait être jugé lundi, mais n’a pas indiqué si un procès avait eu lieu ni à quel endroit, le cas échéant. Il n’a donné aucun détail sur d’éventuelles accusations.
«Le Canada a fait plusieurs demandes pour assister au procès. Notre présence a été refusée par les autorités chinoises», indique une déclaration du gouvernement canadien.
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a dit qu’il n’avait aucune information sur M. Xiao.
Xiao Jianhua a disparu au milieu d’une vague de poursuites contre des hommes d’affaires chinois accusés d’inconduite.
Cela a alimenté les craintes que le Parti communiste au pouvoir n’enlève des personnes à l’extérieur du continent. À l’époque, Hong Kong interdisait à la police chinoise d’opérer dans l’ancienne colonie britannique, qui a un système juridique distinct.
Depuis lors, Pékin a renforcé son contrôle sur Hong Kong, suscitant des plaintes selon lesquelles il viole l’autonomie promise lors du retour du territoire à la Chine en 1997. Le parti au pouvoir a imposé une loi sur la sécurité nationale en 2020 et a emprisonné des militants prodémocratie.
La police de Hong Kong a enquêté sur la disparition de M. Xiao et a déclaré que le sujet avait traversé la frontière vers le continent. Mais une publicité publiée dans le journal «Ming Pao» au nom de M. Xiao la même semaine a nié qu’il avait été enlevé contre son gré.
Au moment de sa disparition, M. Xiao valait près de 6 milliards de dollars, faisant de lui la 32e personne la plus riche de Chine, selon le rapport Hurun, qui suit les riches du pays.
Fondé en 1999, Tomorrow Group s’est développé dans les domaines de la banque, des valeurs mobilières, de l’assurance, du charbon et de l’immobilier.
La société est devenue l’une des cibles les plus médiatisées d’une campagne du parti au pouvoir visant à réduire les risques dans les industries financières chinoises. Des articles de presse ont indiqué que M. Xiao était soupçonné d’avoir utilisé de manière inappropriée l’argent des banques et d’autres sociétés pour payer des acquisitions, mais aucune charge n’a été annoncée contre lui.
En 2020, les régulateurs ont saisi neuf sociétés contrôlées par M. Xiao, soit quatre assureurs, deux sociétés de valeurs mobilières, deux sociétés de fiducie et une société impliquée dans les contrats à terme financiers. Le magazine économique «Caixin» a rapporté à l’époque que les actifs saisis s’élevaient à près d’un milliard de yuans (150 M$ US).
Un régulateur bancaire à la retraite, Xue Jining, a admis avoir reçu des pots-de-vin de 400 millions de yuans (62 M$ US) dans une affaire de corruption liée à Baoshang Bank dans la région nord de la Mongolie intérieure, que les régulateurs ont saisis à Tomorrow Group en 2019.
Les auditeurs ont découvert que Tomorrow Group avait abusé de l’argent de la Baoshang Bank, selon des reportages.
L’une des sociétés de Tomorrow Group saisies en 2020, Tianan Property Insurance, a mis ses actifs en vente le mois dernier, demandant 2,1 milliards de yuans (315 M$ US).