La contraction des récoltes attendues en UE et Ukraine a été partiellement compensée par un relèvement des projections pour le Canada, les États-Unis et la Russie. (Photo: 123RF)
New York, États-Unis | Les prévisions de production mondiale de blé ont été abaissées par le ministère américain de l’Agriculture (USDA) dans son rapport mensuel, publié mardi, principalement à cause de la sécheresse en Europe de l’Ouest et de moindres récoltes en Ukraine.
L’USDA table sur 771,6 millions de tonnes de blé récoltées lors de la campagne 2022-2023, contre 773,4 millions estimés le mois dernier. S’il se confirmait, ce chiffre serait inférieur aux récoltes de 2020-2021 (775 millions) et 2021-2022 (779 millions).
Cette révision est liée à la baisse des volumes attendus en Union européenne (-2,0 millions de tonnes), et au fait que «le temps sec a diminué les projections de rendement pour l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne», a expliqué le ministère américain.
L’USDA a aussi réduit son estimation de production pour l’Ukraine, également de 2 millions de tonnes, évoquant une diminution des surfaces moissonnées.
Mi-juin, le ministère ukrainien de l’Agriculture avait indiqué prévoir désormais une production comprise entre 18 et 20 millions de tonnes de blé, l’USDA retenant désormais 19,5 millions de tonnes, contre 21,5 précédemment.
«Il est intéressant de voir qu’ils maintiennent les prévisions d’exportation de blé ukrainien à 10 millions de tonnes», a relevé Gautier Le Molgat, analyste chez Agritel. «C’est le signe qu’ils ne tablent pas sur une aggravation de la situation.»
La contraction des récoltes attendues en UE et Ukraine a été partiellement compensée par un relèvement des projections pour le Canada, les États-Unis et la Russie.
Plusieurs observateurs, dont Gautier Le Molgat et Andreï Sizov, du cabinet SovEcon, jugent trop bas les chiffres du ministère américain pour la Russie, même relevés.
«Sur le marché américain, l’USDA remonte la perspective de production, du fait d’une réévaluation des surfaces récoltées et conséquence d’une hausse des rendements», a expliqué Gautier Le Molgat.
Malgré le recul de la production estimée au niveau mondial, les prévisions de stocks de fin de saison ont été augmentées, en bonne partie du fait d’une consommation animale plus faible.
Moins de changements sur le maïs, où la production est quasiment inchangée. Les stocks de fin de période ressortent néanmoins plus élevés qu’en juin, du fait d’une augmentation des réserves de début de campagne.
Quant au soja, les variations sont encore plus modestes, avec toujours une production attendue au-dessus de celles des deux campagnes précédentes. Gautier Le Molgat a signalé la baisse marquée des importations chinoises, «notamment du fait de la crise économique et du contexte sanitaire».
«Les chiffres de l’USDA sont conformes aux attentes», a commenté Jake Hanley, de Teucrium Trading, et ont peu fait réagir le marché, uniquement préoccupé mardi par des facteurs externes, en premier lieu le spectre d’une détérioration de l’économie.
«La tendance est de se positionner pour une récession et de se désengager des actifs qui jouaient l’inflation», dont faisaient partie les matières premières agricoles, au même titre que le pétrole, a souligné le gérant.