Quinze groupes proposent au gouvernement des projets structurants qui permettront au Québec de tirer son épingle du jeu.
Profiter de la relance de l’économie pour accélérer des projets structurants de société plutôt que se laisser ralentir par la crise de la COVID-19, c’est le pari que lancent quinze organismes de tous les horizons au gouvernement de François Legault.
Le 31 mars, le premier ministre a soutenu lors de son point de presse quotidien que l’État pourrait entreprendre des projets structurants au lendeman de la crise pour permettre au Québec de se sortir de la torpeur dans laquelle le virus aura laissé la province.
Les investissements que le Québec fera d’ici deux ou trois ans donneront donc le ton aux vingt prochaines années, car on ne pourra pas maintenir un tel niveau d’investissement à long terme souligne au bout du fil le directeur général Québec/Atlantique de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand.
« Allons dans le sens d’une société qui génère plus de prospérité, qui la répartit mieux entre nous et qui saisit les grands défis de la lutte aux changements climatiques », résume-t-il.
Dans un document envoyé mercredi au premier ministre, les quinze signataires y énumèrent et expliquent leurs propositions, qui touchent à la fois l’économie, le transport, l’agriculture, la collectivité et l’habitat, de même que nos rapports avec les Premières nations et les Inuits, pour façonner le Québec de demain.
Les organismes proposent notamment d’accélérer l’électrification du système routier, de rendre la province plus autonome sur le plan de la production agroalimentaire, mais aussi de stimuler l’achat de produits et services québécois. La nouveauté, c’est la plus grande place accordée à la transition juste, qui bénéficie autant aux entreprises qu’aux citoyens, s’accordent pour dire les deux signataires.
« C’est une collection de choses que l’on avait déjà dites, dans un contexte particulier qui est celui que le gouvernement va faire des choix stratégiques d’investissement d’après crise », indique le président-directeur général du Conseil du Patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
Cette vision commune, elle est portée par quinze groupes qui oeuvrent autant auprès de la classe patronale que pour la protection de l’environnement, et c’est là toute la richesse de ce papier selon Karel Mayrand.
« Ce consensus permet au gouvernement de prendre des décisions en sachant qu’il a l’appui d’un arc-en-ciel de groupe diversifié, où les gens assis autour de la table soutiennent parfois des propositions qui appartiennent à d’autres organismes ».
Car c’est en étant unie que la société parviendra à tirer son épingle du jeu, non seulement en se remettant plus rapidement de la crise sanitaire, mais aussi en se positionnant pour être plus résiliente par rapport aux défis liés aux changements climatiques qui guettent tous les États de la planète.
« Ça ne veut pas dire que l’on partage toujours le même point de vue sur tous les aspects dans le détail [mais] on vise grosso modo le même objectif », illustre Yves-Thomas Dorval.
Difficile de mettre le doigt sur qui a amorcé cette discussion selon Karel Mayrand de la Fondation David Suzuki.
Ce dernier se réjouit qu’au Québec il existe des liens forts de communication entre les différents groupes de concertation, autant entre les gens d’affaires, d’économie sociale que d’écologistes.
« C’est le fruit d’un dialogue déjà établi depuis au moins 10 ans », résume Yves-Thomas Dorval.
Outre messieurs Karel Mayrand et Yves-Thomas Dorval, on compte parmi les signataires le secrétaire général de la Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec Denis Bolduc, la directrice générale de Chantier de l’économie sociale Béatrice Alain, le directeur général de Vivre en Ville Christian Savard, la présidente-directrice générale de Propulsion Québec Sarah Houde, le président de l’Ordre des urbanistes du Québec Sylvain Gariépy, la présidente de COPTICOM, Stratégies et Relations publiques Leïla Copti, la directrice générale d’Équiterre Colleen Thorpe, le président et chef de la direction d’Écotech Québec Denis Leclerc, le président de l’Association des Groupes de Ressources Techniques du Québec Alain Marcoux, le président du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec Marc Bureau, le président de la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre Daniel Baril, la professeure à l’École de politique appliquée Université de Sherbrooke Annie Chaloux et l’économiste et chargé de cours en économie de l’environnement à l’École de gestion Université de Sherbrooke François Delorme.