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QS augmenterait l’impôt des entreprises et des «riches»

La Presse Canadienne|Publié le 09 septembre 2022

QS augmenterait l’impôt des entreprises et des «riches»

Le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a laissé filtrer quelques mesures inscrites à son cadre financier. (Photo: La Presse Canadienne)

Trois-Rivières, Qc — Un gouvernement solidaire augmenterait les impôts des entreprises, des «grandes fortunes» et des particuliers ayant un revenu supérieur à 100 000$ pour financer 7,95 milliards de dollars (G$) en nouvelles dépenses dès la première année du prochain mandat.

Le chef parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois, s’est présenté en défenseur de la classe moyenne, en conférence de presse à Trois-Rivières, vendredi, tandis qu’il dévoilait le cadre financier de la formation de gauche.

«Pour la classe moyenne du Québec, notre cadre financier, c’est quoi? C’est un peu moins d’impôt sur le revenu, moins de tarifs de transport en commun, moins de frais de dentiste, moins de frais à l’école de la maternelle à l’université, moins de TVQ. Pour la classe moyenne, le cadre financier de Québec solidaire, c’est des factures moins chères. On va aider le monde au bas de l’échelle, on va aider le monde au milieu de l’échelle aussi.»

Québec solidaire veut atteindre l’équilibre budgétaire dès la deuxième année. La suspension des versements au Fonds des générations, qui auraient varié entre 3,96G$ et 4,6G$ au cours des quatre prochains exercices, permet d’atteindre l’équilibre budgétaire.

Le cadre financier comprend aussi 32,5G$ d’investissements supplémentaires sur l’horizon 2023-2027. La grande partie, 29G$, sera consacrée aux investissements en transport en commun. Les solidaires abandonneraient toutefois pour 5,28G$ en projets d’infrastructures déjà prévus au Plan québécois des infrastructures (PQI), notamment le troisième lien et des projets de développement sur des portions des autoroutes 13, 19, 25 et 30.

Le poids de la dette par rapport à l’économie s’établirait à 44% en 2026. Les trois candidats économiques qui entouraient M. Nadeau-Dubois semblaient bien amusés lorsqu’ils ont souligné que ce seuil respecte la cible de 45% fixée par le gouvernement Charest par la Loi sur la réduction de la dette. On se souvient que le chef parlementaire a croisé le fer avec l’ancien premier ministre lors du printemps érable. «Franchement, on a trouvé cet équilibre entre la rigueur et l’ambition.»

Des nouvelles mesures

La publication du cadre financier lève le voile sur plusieurs promesses qui n’avaient pas été annoncées durant la campagne, comme la création d’un fonds d’urgence climatique et une diminution de 25% des frais de scolarité postsecondaire.

Le fonds d’urgence climat serait utilisé pour aider les communautés à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Un gouvernement solidaire attendrait l’équilibre budgétaire, prévue à la deuxième année, avant de diriger les surplus budgétaires vers le nouveau fonds. Le parti prévoit y consacrer 500 millions de dollars (M$) par année.

Dans les poches des «riches»

Critiqué par les autres partis d’opposition pour l’impôt supplémentaire sur les particuliers qui ont un actif net supérieur à 1M$, Québec solidaire augmenterait aussi le taux marginal d’imposition des particuliers faisant plus de 90 080$, avec une augmentation de leur taux marginal d’imposition. L’augmentation du nouveau montant personnel de base fait en sorte que les particuliers paieraient, en fait, plus lorsqu’ils font 100 000$.

Ainsi, un particulier ayant un revenu de 100 000$ paierait 170$ de plus d’impôt dans sa déclaration. Pour un particulier faisant 250 000$, l’impôt supplémentaire à payer monterait à 4220$. Une personne touchant un revenu de 1M$ paierait 36 670$ de plus dans sa déclaration fiscale.

Pour les investisseurs, le taux d’inclusion du gain en capital passerait aussi de 50% à 100%.

Un exode des capitaux?

Les grandes entreprises seraient aussi mises à contribution. Le taux d’imposition des grandes entreprises passerait de 11,5% à 14,5% sous un gouvernement solidaire. Une série d’autres mesures fiscales toucheraient les entreprises, notamment une taxe sur les institutions financières, une redevance minière et une taxe sur les géants du web.

Les détracteurs des augmentations d’impôts des entreprises affirment que ces mesures auraient pour effet de décourager l’investissement et d’entraîner un exode des capitaux. L’effet serait ainsi contre-productif, selon eux.

Une critique qu’a reprise le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault. «Les entreprises s’installent là où c’est plus bénéfique pour eux autres. […] Il y a un risque réel de délocalisation et de pertes d’emplois et souvent ce sont des emplois qui sont payants, dans des secteurs comme le secteur manufacturier. Ce n’est pas une bonne idée. Ce n’est pas la meilleure façon d’enrichir les Québécois», a dit le premier ministre sortant.

M. Nadeau-Dubois a qualifié cet argumentaire de «chantage». «Le chantage de certains milieux économiques, qui disent aux citoyens et citoyennes ordinaires: “si vous vous financez de bons services, on va s’en aller”. Je pense qu’il ne faut pas céder à ce chantage-là.»

Le candidat de Hull, Mathieu Perron-Dufour, professeur de l’Université du Québec en Outaouais, affirme que les hausses d’impôt n’entraînent pas de départ des entreprises. «La menace qui est brandie, on ne la voit jamais se matérialiser. […] Ce qui est important pour les entreprises, c’est d’avoir les bonnes conditions pour faire des affaires», dit l’économiste qui a donné en exemple l’accès à une main-d’œuvre qualifiée ou la présence d’un système politique stable.