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QS promet d’acheter 10000 maisons pour les rendre plus abordables

La Presse Canadienne|Publié le 05 septembre 2022

QS promet d’acheter 10000 maisons pour les rendre plus abordables

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a comparé, lundi, la proposition solidaire à un flip immobilier, mais qui serait fait dans le but de rendre l’habitation plus abordable. (Photo: La Presse Canadienne)

Longueuil — Québec solidaire veut que le gouvernement du Québec achète 10 000 maisons et condos abordables pour les «revendre 25% moins cher» en moyenne dans un premier mandat. 

Un gouvernement solidaire démarrerait un «Fonds anti-spéculation» de 1 milliard $ administré par la Société d’habitation du Québec. Ce fonds aurait pour mission d’acheter des propriétés, de les rénover et de les revendre «à prix abordable». 

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a comparé, lundi, la proposition solidaire à un flip immobilier, mais qui serait fait dans le but de rendre l’habitation plus abordable. «Imaginez si ça marchait à l’envers, a-t-il dit en conférence de presse dans un parc de Longueuil. Imaginez si on achetait des maisons et on les remettait en vente à des prix abordables à la classe moyenne.»

Concrètement, le fonds demeurerait propriétaire du terrain tandis que les résidants seraient propriétaires de l’habitation. En séparant la résidence et le terrain, le prix d’achat serait 25% moins cher, en moyenne, selon la valeur du terrain par rapport au prix de la propriété. Le bénéfice à la vente serait fixé d’avance. 

Le modèle s’inspire de celui des fiducies foncières communautaires (community land trust) apparues aux États-Unis dans les années 1970. Il s’est surtout développé dans le nord-est des États-Unis, notamment à Burlington, au Vermont.

Questionné à plusieurs reprises, M. Nadeau-Dubois a évité de dire s’il faudrait recourir à un système de loterie pour déterminer quels premiers acheteurs auraient accès à l’aide gouvernementale. Il a dit que des organismes locaux détermineraient les critères d’admission. 

La proposition survient à un moment où l’accès à la propriété est devenu une préoccupation pour de nombreux jeunes. L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) estime qu’il manque 100 000 habitations au Québec. «Depuis 1990, au Québec, le prix des maisons a augmenté six fois plus vite que les salaires du monde, s’inquiète M. Nadeau-Dubois. Ça ne peut plus continuer.»

Si 10 000 habitations ne sont pas suffisantes pour combler le manque à gagner, le candidat a souligné que Québec solidaire a d’autres propositions en matière de logement, qui permettraient la construction de 55 000 logements sociaux. 

M. Nadeau-Dubois ne croit pas que la proposition aurait pour effet de créer une classe de citoyens privilégiés tandis que d’autres premiers acheteurs seraient laissés en plan. «Je ne pense pas. Le fait de protéger 10 000 propriétés de la spéculation, ça vient calmer de manière générale la dynamique spéculative.»

 

Immigration: un chiffre, mais pas de «numérologie»

Le candidat a été questionné sur les seuils d’immigration. Vendredi, à Rimouski, il avait dit que Québec solidaire relèverait les seuils d’immigration. En entrevue à Radio-Canada, la veille, il a évoqué un seuil d’entre 60 000 et 80 000 personnes. 

«Pour nous, 80 000, c’est un maximum. Entre 60 000 et 80 000, il faut travailler avec des experts pour la déterminer précisément, cette capacité d’accueil, a-t-il dit lors d’un point de presse à Longueuil. Moi, je ne ferai pas de petite politique et de numérologie, en traitant les immigrants, les immigrantes comme des numéros. Ce n’est pas qu’une question de chiffre, c’est une question de modèle [d’intégration].»

Les arguments de Québec solidaire semblent rejoindre une des principales demandes du milieu des affaires. En juillet, les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) demandaient de relever les seuils d’immigration jusqu’à 90 000 personnes par année au Québec. 

Le gouvernement Legault a évoqué une cible de 50 000 personnes. Ce seuil serait idéal pour assurer l’intégration, affirme le gouvernement. Une affirmation contestée par Québec solidaire, le Parti libéral et les milieux d’affaires.  

Cette année, le gouvernement compte accueillir près de 70 000 immigrants, ce qui comprend la cible de 50 000, mais aussi un rattrapage pour les personnes qui n’ont pu venir au Québec en raison de la pandémie en 2020. Les libéraux, pour leur part, proposent de laisser ce chiffre à 70 000 en 2023, plutôt que de le ramener à 50 000.

M. Nadeau-Dubois a accusé M. Legault d’avoir «ses propres obsessions idéologiques» avec l’immigration. Il a aussi accusé le Parti québécois d’avoir abandonné les régions en proposant d’abaisser les seuils d’immigration à 35 000 tandis que les régions souffrent de la pénurie de main-d’œuvre. 

«L’immigration, c’est une richesse. Vous ne m’entendrez jamais casser du sucre sur le dos des immigrants.»

 

Francois Legault «ment» sur le climat

Québec solidaire, qui a présenté son plan vert la veille, a été pris à parti par François Legault, qui a dit que le plan du parti de gauche ferait augmenter la dette du Québec de 50%.

«Il va falloir qu’il nous explique où il va prendre l’argent, de combien il va augmenter les impôts. Écoutez, il faut rester réaliste. L’argent ne pousse pas dans les arbres.»

M. Nadeau-Dubois accuse M. Legault de «mentir» aux Québécois lorsqu’il affirme que le plan vert de Québec solidaire entraînera une augmentation de la dette. Il n’a pas à fournir plus d’informations avant de présenter son cadre financier «dans les prochains jours», mais il a assuré que celui-ci serait équilibré. 

«Ce dont on a besoin en 2022, ce n’est pas quelqu’un qui raconte des histoires de peur sur la transition écologique. C’est quelqu’un qui prend ses responsabilités», a souligné le chef parlementaire de QS.