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Philippe Leblanc

Entre les lignes

Philippe Leblanc

Expert(e) invité(e)

Que contrôle-t-on en tant qu’investisseur boursier?

Philippe Leblanc|Publié le 11 mars 2022

Que contrôle-t-on en tant qu’investisseur boursier?

Les périodes de grande incertitude comme celle que nous traversons font réaliser à quel point les investisseurs sont confrontés à d’innombrables facteurs et variables qui peuvent influer grandement sur la valeur de leur portefeuille et sur lesquels ils n’exercent absolument aucun contrôle. (Photo: Getty Images)

EXPERT INVITÉ. La guerre russo-ukrainienne cause énormément d’incertitude chez les investisseurs. Elle a aussi causé beaucoup de volatilité et entraîné les marchés boursiers à la baisse au cours des dernières semaines, ajoutant à la correction déjà en cours en raison de la hausse à venir des taux d’intérêt.

Les périodes de grande incertitude comme celle que nous traversons font réaliser à quel point les investisseurs sont confrontés à d’innombrables facteurs et variables qui peuvent influer grandement sur la valeur de leur portefeuille et sur lesquels ils n’exercent absolument aucun contrôle.

Je pense entre autres à ce qui arrivera en Ukraine et en Russie. Le conflit dégénérera-t-il ou sommes-nous près d’une résolution entre les deux pays? Quel sera l’impact économique du conflit? On a vu à quel point il a eu un impact majeur sur les prix de nombreuses denrées, à commencer par le pétrole, mais aussi sur les cours de plusieurs métaux et sur les céréales. C’est sans compter les problèmes qu’engendre le conflit du point de vue du transport et de la logistique en Europe. Il est probable qu’au cours des mois à venir la situation exacerbera une inflation déjà élevée.

Et que dire des taux d’intérêt? La Réserve fédérale américaine ralentira-t-elle le rythme des hausses de son taux directeur au cours des prochains mois en raison de ce conflit et du ralentissement économique qu’il pourrait provoquer à travers le monde?

Et qui peut vraiment dire quels seront les impacts à moyen terme de ce conflit? Accélérera-t-il le mouvement déjà amorcé vers les énergies renouvelables? Ou au contraire, le Canada et les États-Unis choisiront-ils d’investir davantage dans leur production de pétrole afin de s’affranchir encore plus des autres pays et d’aider l’Europe à réduire sa dépendance envers le gaz et le pétrole russe?

Et comment les marchés boursiers réagiront-ils face à toute cette inquiétude et à ces variables hautement volatiles dans les prochains mois?

À mon avis, bien malin celui qui peut répondre à ces questions avec confiance. Certainement pas moi.

De fait, je crois que c’est toujours une grave erreur pour l’investisseur à long terme de tenter de faire des prévisions économiques ou géopolitiques et d’investir en fonction de celles-ci.

Un investisseur devrait selon moi se concentrer exclusivement sur les quelques facteurs qu’il contrôle et faire abstraction de tout le reste. Quels sont ces facteurs?

 

La construction de son portefeuille.

L’investisseur contrôle ce dans quoi il investit et comment son portefeuille est construit. Il doit en premier lieu s’assurer que son allocation entre les diverses classes d’actifs (principalement les actions et les obligations) est adéquate et correspond bien à son profil d’investisseur. En deuxième lieu, il doit s’assurer d’une bonne diversification de son portefeuille.

Cela dit, cet exercice doit être fait lorsque les marchés boursiers sont relativement calmes et non pas au beau milieu d’une forte correction.

 

Le choix de ses titres.

Une fois qu’on est satisfait de la construction de son portefeuille, on peut porter son attention sur chacun des titres qui le composent.

De notre côté, nous évaluons régulièrement chaque titre que nous détenons en portefeuille de manière aussi objective que possible. La situation en Europe a-t-elle une incidence sur certains de ces titres? Nos sociétés réalisent-elles d’importants revenus en Ukraine ou en Russie? Nos sociétés sont-elles en mesure de contrer l’inflation en augmentant leurs prix? Certaines de nos sociétés sont-elles trop endettées et susceptibles de connaître des difficultés financières advenant un prolongement de la guerre? La guerre augmente-t-elle les risques pour certaines de nos entreprises? Certains de nos titres sont-ils trop chers par rapport à nos évaluations? D’autres sont-ils devenus des achats attrayants avec la chute récente des marchés?

Au tennis, on ne peut pas contrôler les éléments comme le vent, le soleil ou la chaleur. On ne peut pas faire grand-chose non plus pour contrôler son adversaire. Tout ce qu’on peut faire est de se concentrer sur son jeu, la stratégie qu’on adopte et qu’on ajuste en fonction de la situation. C’est la même chose en investissement.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100