Québec et Ottawa: 1,8G$ pour la construction de 8000 logements
La Presse Canadienne|Publié le 09 novembre 2023La crise du logement, que M. Legault qualifie maintenant de «problème vraiment grave», est imputable selon lui à la hausse de l’immigration, l’augmentation du nombre de personnes vivant seules, aux taux hypothécaires élevés et à «l’hyperréglementation». (Photo: 123RF)
Les milliards neigeaient sur Longueuil, jeudi, pour des investissements en logements qui tardent toutefois à se matérialiser malgré les annonces successives.
Par un temps frisquet sous les flocons, les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault ont annoncé de nouveaux fonds de 1,8 milliard de dollars (G$) pour la construction de logements derrière le projet Habitation Espoir, un édifice presque complété de 30 logements sociaux destinés aux personnes à risque d’itinérance ou qui sont à en sortir.
François Legault a précisé que son gouvernement, depuis cinq ans, «a investi» 3,9 G$ en logement auxquels s’ajoutent la somme de 1,8 G$ – financée à parts égales de 900 millions $ par Ottawa et Québec –, tout en reconnaissant que «le défi maintenant, c’est de construire».
La crise du logement, que M. Legault qualifie maintenant de «problème vraiment grave», est imputable selon lui à la hausse de l’immigration, l’augmentation du nombre de personnes vivant seules, aux taux hypothécaires élevés et à «l’hyperréglementation».
Une bureaucratie qui ne cesse d’enfler
«Le défi qu’on a, c’est d’enlever de la bureaucratie. C’est vraiment le gros problème parce que là aussi on décourage d’éventuels propriétaires par la trop grande bureaucratie», a-t-il affirmé.
À ses côtés, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a reconnu que les villes ont un travail de débroussaillage à faire. «C’est vrai qu’on demande beaucoup, que c’est très lourd, que ça peut être très fastidieux.»
Mme Fournier, qui préside le comité de l’habitation à l’Union des municipalités, a expliqué que «la réalité, c’est que les villes construisent leur réglementation, ajoutent et ajoutent des règlements, mais bien rarement on en enlève», donnant comme exemple qu’il y a 1800 règlements de zonage à Longueuil seulement.
Le premier ministre Justin Trudeau, qui participait à l’annonce, a ajouté que ces processus «fastidieux et parfois complexes» sont un problème récurrent partout à travers le Canada. «On a entendu des développeurs, des partenaires, des maires, des provinces qui disaient qu’il faut accélérer la densification, changer les règles de zonage, accélérer les processus de permis.»
L’optimisme de Justin Trudeau
Mais Justin Trudeau se dit convaincu que cette crise sera résolue. «On en a vécu, dans notre histoire, des crises du logement, que ce soit à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, que ce soit quand les boomers ont cherché à acheter des maisons et on a pu y répondre et on va y répondre encore aujourd’hui.»
La ministre responsable de l’Habitation, France−Élaine Duranceau, a expliqué que les amendements qu’elle a apportés au projet de loi 31 sur l’habitation permettront aux municipalités «de sauter plusieurs étapes».
«Mon engagement, c’est qu’on passe sans tarder de cette annonce de financement à la construction des projets. Il est temps d’exécuter. Il faut que ça sorte pour répondre aux besoins de nos concitoyens», a-t-elle insisté.
La somme de 1,8 G$ est composée de 900 millions $ provenant du Fonds fédéral pour accélérer la construction de logements, montant que le gouvernement du Québec a égalé dans sa mise à jour économique, plus tôt cette semaine. François Legault s’est réjoui de voir cet argent octroyé par Ottawa sans condition.
8000 logements sociaux et abordables
Le coût moyen de construction d’un logement est de 225 000 de dollars et la somme annoncée jeudi devrait donc permettre de construire 8000 logements sociaux et abordables – d’ici quatre ans, promet−on – dont 500 qui seront réservés à des clientèles itinérantes ou à risque de le devenir.
À Québec, le porte−parole de Québec solidaire en matière d’habitation, Andrés Fontecilla, s’est réjoui de l’annonce, mais a dénoncé le délai prévu pour la construction des 8000 unités, alors que son parti réclame la mise en chantier de 10 000 logements sociaux dans les deux prochaines années.
M. Fontecilla rappelle également que, selon une motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, «les 1,8 G$ investis doivent impérativement être consacrés au logement social hors marché, que ce soit des HLM, des OSBL d’habitation ou du logement coopératif».
Pierre Saint−Arnaud, La Presse Canadienne