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Ralentissement attendu par le FMI pour 70% de l’économie mondiale

AFP|Publié le 09 avril 2019

Elle a toutefois écarté le risque d’une récession mondiale à court terme.

Coup de frein attendu sur la croissance mondiale. Les économies avancées, zone euro en tête, sont à la peine et le contentieux commercial sino-américain perdure, conduisant le FMI à revoir ses prévisions à la baisse pour 2019, avec tout de même un espoir de rebond l’an prochain.

L’expansion de l’économie mondiale devrait atteindre 3,3 %, soit une baisse de 0,2 point comparé aux prévisions de janvier et de 0,4 point par rapport à celles d’octobre, a annoncé mardi le Fonds monétaire international après les 3,6 % réalisés en 2018.

La liste des pays et régions dont la prévision de croissance a été abaissée est longue : Etats-Unis, zone euro, Royaume-Uni, Japon, Canada, Amérique latine, Moyen-Orient, etc. Le ralentissement est désormais synchronisé, affectant « 70 % de l’économie mondiale », a souligné la chef économiste du FMI, Gita Gopinath, lors d’une conférence de presse.

Pas de récession

Elle a toutefois écarté le risque d’une récession mondiale à court terme. Ce « n’est pas notre base de référence », a-t-elle expliqué.

Aux États-Unis où la croissance devrait tomber à 2,3 % (-0,2 point) après 2,9 % l’an passé, l’institution constate que les effets des mesures pour stimuler l’économie s’estompent tandis que les dépenses budgétaires sont moins importantes que prévu.

En zone euro, la confiance des ménages et des entreprises s’est érodée. L’Allemagne, dont la croissance pourrait perdre 0,5 point à 0,8 %, pâtit d’un secteur automobile fortement perturbé par de nouvelles normes d’émissions polluantes. En Italie, où la croissance pourrait dégringoler à 0,1 % (-0,5 point), les investissements ont chuté. 

Le Royaume-Uni est, lui, confronté à sa difficile sortie de l’Union européenne. Son expansion s’essouffle aussi : 1,2 % attendu (-0,3 point) en raison de la frilosité des investisseurs.

En Amérique latine, la croissance de la deuxième économie, le Mexique, a été fortement abaissée (-0,5 point à 1,6 %), « reflétant les changements dans la perception de la politique » du nouveau gouvernement, note le FMI. Le pays « avait déjà été fragilisé par les tensions commerciales avec les États-Unis avant l’annonce d’un nouveau traité (de libre-échange nord-américain avec le Canada aussi) qui n’a pas encore été ratifié », a également rappelé Gian Maria Milesi-Ferretti, le directeur adjoint du département de recherches. 

L’Argentine, autre économie majeure de la région ayant obtenu un programme d’aide du FMI, va rester en récession au premier semestre avant une reprise attendue au second semestre grâce notamment à un rebond de la production agricole.

Le Venezuela, ravagé par une crise politique, économique, humanitaire, continue de s’enfoncer dans la récession qui pourrait atteindre -10 % en 2020, « un poids important pour la région », reconnaît le FMI.

« Délicat »

Du côté des éléments positifs, l’institution de Washington relève les mesures annoncées par les autorités chinoises pour stimuler leur économie, ce qui devrait se traduire par une croissance légèrement plus forte qu’anticipée en janvier à 6,3 % (+0,1 point).

Surtout, les États-Unis et la Chine observent une trêve commerciale depuis début décembre qui a conduit Pékin à lever certaines surtaxes douanières sur l’automobile américaine et l’administration Trump à ne pas augmenter le 1er mars ses taxes douanières sur 200 milliards d’importations chinoises.

Par ailleurs se félicite le FMI, un certain nombre de banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale américaine (Fed), ont marqué une pause salutaire dans la hausse des taux d’intérêt.

Ces éléments fondent l’optimisme du FMI pour 2020 : la croissance mondiale pourrait rebondir à 3,6 %.

« La croissance mondiale est à un moment délicat », estime pourtant Gita Gopinath, reprenant des propos de la directrice générale Christine Lagarde.

Car pour l’heure, les États-Unis et la Chine ne sont toujours pas parvenus à signer un accord commercial mettant fin à leur conflit. 

Si les deux premières puissances mondiales y mettaient un terme, « cela aurait un effet très positif sur la croissance mondiale », a commenté la chef économiste tout en se montrant circonspecte : « il faudra regarder les détails d’un éventuel accord pour voir si celui-ci améliore les relations commerciales et s’il apporte un règlement durable ».

Les récentes mesures de stimulation de l’économie chinoise doivent en outre faire la preuve de leur efficacité et la reprise économique dans des pays tels que l’Argentine et la Turquie doit se matérialiser.

Le moment est d’autant plus délicat que la croissance mondiale se heurte aussi aux tensions géopolitiques au Moyen-Orient, souligne le FMI relevant les sanctions américaines en Iran, les tensions civiles et les conflits en Syrie et au Yémen.

« De nombreuses économies ne sont pas assez résilientes », avait mis en garde Christine Lagarde, exhortant les pays à se préparer à la prochaine récession en adoptant les réformes nécessaires pendant que l’économie se porte encore relativement bien.