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Renouveler une hypothèque dans un contexte de hausse des taux

La Presse Canadienne|Publié le 01 novembre 2022

Renouveler une hypothèque dans un contexte de hausse des taux

Un prêt hypothécaire à taux variable pourrait être une option à envisager lors du renouvellement. (Photo: La Presse Canadienne)

Les Canadiens dont l’hypothèque doit être renouvelée dans les mois à venir commencent peut-être à paniquer à l’idée de payer plus pour financer leur maison, alors que la Banque du Canada poursuit son cycle de hausse des taux d’intérêt.

La banque centrale a relevé son taux directeur d’un demi-point de pourcentage, mercredi dernier, pour le porter à 3,75%.

Selon des experts, il est maintenant temps de prendre du recul et de vraiment faire le point sur la situation de son ménage, mais il ne faut pas avoir peur de magasiner pour s’assurer d’obtenir le taux hypothécaire le plus bas au moment du renouvellement.

«Ce que les gens feront dépendra de la rigueur de leurs finances, de la proximité de la fin du remboursement de leur prêt hypothécaire, de la rapidité avec laquelle ils peuvent planifier de le rembourser et de leurs perspectives pour l’économie et les taux en général», explique James Laird, cochef de la direction de Ratehub.ca et président de la firme de courtage hypothécaire CanWise Financial.

James Laird note que ceux qui souhaitent renouveler leur hypothèque pourraient être incités à rester avec leur prêteur existant pour éviter d’avoir à repasser par le processus de simulation de crise hypothécaire avec un nouveau prêteur.

«Le problème avec cela, c’est que les gens sont moins susceptibles de magasiner et d’obtenir le meilleur taux. Les gens ne devraient pas être dissuadés de magasiner. Beaucoup de gens réussiront quand même. Ceux qui pouvaient réussir la simulation de crise il y a cinq ans peuvent probablement la réussir maintenant», observe-t-il.

La simulation de crise hypothécaire a été introduite pour la première fois en 2016 et de nouvelles règles sont entrées en vigueur l’an dernier.

La plupart des détenteurs d’hypothèques au Canada ont un contrat d’une durée de cinq ans ou moins, qu’il s’agisse d’une hypothèque à taux fixe ou à taux variable. Et même si les emprunteurs avec un prêt hypothécaire à taux fixe ont généralement profité d’une certaine stabilité face à la hausse des taux d’intérêt par rapport à ceux qui détiennent une hypothèque à taux variable, qui ont ressenti l’impact immédiat des hausses, ceux qui se préparent à un renouvellement verront malgré tout leurs versements hypothécaires mensuels augmenter considérablement.

Selon Ratesdotca, les propriétaires verront probablement une augmentation d’environ 18% de leurs paiements mensuels au renouvellement, même s’ils ont remboursé une partie importante de leur hypothèque et peuvent avoir un revenu plus élevé.

Laurie Campbell, directrice du bien-être financier des clients chez Bromwich + Smith, souligne que le renouvellement d’un prêt hypothécaire avant la date de renouvellement peut être avantageux afin de garantir un taux inférieur, mais qu’il existe des risques à agir de la sorte.

Les principales banques et autres prêteurs du Canada offrent une option de renouvellement hypothécaire anticipé qui permet de renouveler avant la fin d’un terme sans aucune pénalité, mais changer de prêteur ou renouveler avant la période de renouvellement d’un prêteur hypothécaire peut entraîner des pénalités financières.

«On doit évaluer la pénalité par rapport au meilleur taux qu’on peut obtenir. C’est donc l’inconvénient des renouvellements anticipés», explique-t-elle.

«On peut lancer dans un renouvellement anticipé en pensant que les taux d’intérêt pourraient continuer à grimper, mais s’ils ne le font pas, on finit par en payer le coût. C’est donc un peu la roulette russe.»

 

Une option plus courte

On peut également envisager une durée hypothécaire plus courte, qui est généralement de trois ans ou moins, mais la même mise en garde prévaut: on ne sait pas si les taux d’intérêt vont continuer à augmenter ou non, ajoute Laurie Campbell.

«Supposons qu’on choisit un terme de trois ans plutôt qu’un terme de cinq ans et que ce terme de trois ans arrive et qu’on doit soudainement payer encore plus parce que les taux d’intérêt ont augmenté au cours des trois dernières années», illustre-t-elle.

Samantha Brookes, cheffe de la direction du courtier hypothécaire Mortgages of Canada, a reçu de nombreux appels, au cours des dernières semaines, de la part de clients dont le renouvellement est imminent, et les principales questions qu’elle leur pose sont les suivantes: combien de dettes ont-ils, peuvent-ils renouveler maintenant avec la dette qu’ils détiennent, et peuvent-ils continuer à supporter leur dette pour les deux prochaines années?

«Pour ceux qui ont une hypothèque en plus d’autres dettes ou d’une marge de crédit, ou ceux qui ont une deuxième hypothèque, qui doivent en renouveler une et qui ne peuvent pas tout se permettre pour le moment, il peut être judicieux de refinancer maintenant», croit-elle.

En tenant compte de la possibilité d’une récession l’année prochaine, James Laird, de Ratehub.ca, estime qu’un prêt hypothécaire à taux variable pourrait être une option à envisager lors du renouvellement.

«Lorsqu’une récession survient, la banque centrale pourrait être amenée à cesser d’augmenter les taux et peut-être à les baisser. Ainsi, plus la récession est précoce et sévère, plus on devrait s’attendre à ce que les taux diminuent. Et seul un taux variable profiterait d’une éventuelle baisse des taux l’année prochaine ou l’année d’après, alors que l’hypothèque à taux fixe restera au niveau auquel elle a été fixée», souligne-t-il.

En fin de compte, il n’y a pas de solution unique pour tous les ménages, affirme James Laird.