Les activités de l’usine Agropur de Granby reprendront à leur pleine capacité au courant des prochaines semaines, a affirmé le syndicat. (Photo: La Presse Canadienne)
GRANBY, Qc — Les salariés de l’usine Agropur de Granby ont accepté mercredi l’entente de principe qui a été conclue dimanche entre leur employeur et leur syndicat. Les activités devraient reprendre progressivement la semaine prochaine et la production de fromages vers la mi-août.
Les quelque 250 membres du Syndicat des salariés de la fromagerie (CSD) avaient déclenché une grève le 29 juin dernier. Ce conflit de travail a eu de graves conséquences alors que des centaines de milliers de litres de lait avaient dû être jetés, faute de pouvoir l’utiliser à temps ou de trouver d’autres débouchés. Cette situation a été régularisée par la suite.
Les membres ont accepté l’entente de principe à 73%. Les parties avaient convenu de reconduire la quasi-totalité de la convention collective.
L’enjeu principal du conflit portait sur la volonté de l’employeur de modifier les horaires de travail, selon la CSD. Agropur aurait souhaité faire passer les quarts de travail de huit à 12 heures et faire commencer les journées de travail à des heures différentes selon le jour de la semaine.
«Pour nous, il était essentiel de protéger nos acquis et l’intégrité de la convention collective qui est mature de 45 ans, surtout en ce qui concerne les horaires de travail. La conciliation travail-famille est un droit que nous devions protéger», résume Bernard Cournoyer, conseiller syndical à la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), dans un communiqué.
Quelques amendements à la convention collective ont néanmoins été effectués, selon la CSD. Il s’agit notamment d’augmentations salariales annuelles entre 2,5% et 3,5% et d’ajustements de salaire pour les employés de maintenance. L’ajout d’un congé sabbatique, la modification de la période de choix de vacances estivales, la majoration de certaines primes et allocations et des avances salariales en cas d’absence d’invalidité font également partie des ajouts.
«Si nous sommes arrivés à une entente qui convient à nos membres, c’est parce qu’ils ont su rester solidaires tout au long du conflit. Une grève, ce n’est facile pour personne et nous pouvons enfin passer à autre chose», indique M. Cournoyer.
Protocole de retour au travail
Les salariés reprendront le travail à compter de lundi prochain de manière progressive, selon le protocole de retour au travail qu’ils ont également accepté, explique la direction.
«L’usine a été fermée pendant près de cinq semaines, donc il y a une opération de grand nettoyage pour s’assurer qu’on respecte les hauts standards de qualité et de salubrité auxquels sont habitués nos clients», précise le directeur, relations publiques et communications stratégiques, d’Agropur Coopérative, Guillaume Bérubé.
L’usine granbyenne devrait commencer à recevoir du lait dans la semaine du 15 août, ajoute-t-il.
La nouvelle convention collective viendra à échéance le 23 juillet 2026.
«C’est une entente à long terme et cela assure de la stabilité pour les prochaines années. Nous sommes très heureux d’être parvenus à une entente», spécifie M. Bérubé.
Ce retour au travail va permettre de continuer d’approvisionner les clients en fromages, d’éviter le gaspillage du lait et de relâcher la pression sur les producteurs de lait, ajoute-t-il.
«Bonne nouvelle! Une entente négociée a été acceptée. Avec le retour au travail, nous pouvons espérer un retour rapide à la normale pour nos producteurs laitiers», souligne le ministre québécois de l’Agriculture, André Lamontagne, sur Twitter.
Le président des Producteurs de lait du Québec, Daniel Gobeil, se dit «très soulagé» mercredi après-midi de la réouverture progressive de l’usine de Granby, qui traite environ 10% du lait produit au Québec.
«C’est clair que l’usine ne sera pas à 100%, mais quand même, avoir une usine additionnelle, ça va déjà aider à replacer le tout», souligne M. Gobeil.
Dans une lettre à l’attention des parties syndicales et patronales d’Agropur, le 22 juillet, M. Gobeil, avait affirmé «la nécessité d’avoir une capacité minimale de transformation à l’usine pour limiter les risques de gaspillage alimentaire», soulignant les «pertes économiques que subissent actuellement les producteurs en raison du conflit».
En entrevue avec La Presse Canadienne, mercredi, il ajoute que le gouvernement devait «reconnaître la transformation d’un produit périssable comme le nôtre comme service essentiel». Il dit être conscient qu’il faut négocier des conventions collectives, mais «fermer les usines, c’est très difficile pour un secteur comme le nôtre».