Saputo veut rattraper l’inflation d’ici quelques semaines
La Presse Canadienne|Publié le 10 février 2022À la fermeture, l’action gagnait 44 cents, ou 1,57%, à 28,55$ à la Bourse de Toronto, jeudi. (Photo: 123RF)
Saputo (SAP.TO) déclare la guerre à l’inflation. Le fromager montréalais s’est donné l’objectif de rattraper la hausse des prix dans le marché au cours des prochaines semaines.
La société va sortir «l’artillerie lourde» pour s’arrimer à la hausse des prix dans toutes les régions où elle est présente, a dit Lino A. Saputo, son président et chef de la direction, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des plus récents résultats trimestriels, jeudi. «Au début du premier trimestre [avril], nous allons suivre l’inflation, nous aurons récupéré les augmentations de coûts et nous nous donnons le droit de renégocier si l’inflation continue de progresser», a dit celui qui occupe aussi les fonctions de président du conseil d’administration.
Lino Saputo a insisté pour dire que l’heure n’était plus à la patience par rapport à l’inflation au sein de l’entreprise. «Peut-être que nous n’avons pas été aussi proactifs que nous aurions dû l’être, admet-il. Nous serons beaucoup plus proactifs au cours du prochain exercice.»
Au troisième trimestre terminé le 31 décembre, l’augmentation des coûts de transport et de logistique a grugé le bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA) de 46 millions $. Le chef de la direction financière, Maxime Therrien, a précisé que les mesures pour rattraper l’inflation prendraient en compte la hausse du prix du transport.
Pénurie de personnel
La rareté de la main-d’œuvre continue d’être une épine dans le pied de l’entreprise aux États-Unis. L’équivalent de près de 10 % de ses besoins en personnel n’est pas comblé. «Nous croyons que nous réduirons ce seuil à 5% d’ici la fin de l’exercice», a dit M. Saputo.
La demande demeure forte, mais les vents de face sont nombreux, explique Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, dans une note. « La rareté de main-d’œuvre et les difficultés de la chaîne d’approvisionnement continuent d’influer sur la capacité de remplir toutes les commandes, particulièrement aux États-Unis », note l’analyste financier.
Pour le troisième trimestre, Saputo a affiché jeudi un bénéfice en baisse par rapport à la même période l’an dernier, ce que le fromager a attribué aux difficiles conditions du marché, notamment la pénurie de main-d’œuvre, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les pressions inflationnistes.
Saputo a réalisé un profit de 86 millions $, ou 21 cents par action, pour le trimestre clos le 31 décembre, comparativement à un bénéfice de 210 millions $, ou 51 cents par action, pour la même période un an plus tôt.
Les revenus ont totalisé 3,90 milliards $ au plus récent trimestre, par rapport à ceux de 3,76 milliards $ obtenus un an plus tôt.
La société a souligné que l’augmentation des revenus s’expliquait par des hausses de prix sur les marchés internationaux du fromage et des ingrédients laitiers, ainsi que par des augmentations des prix de vente sur le marché canadien.
Le bénéfice net ajusté, qui exclut l’amortissement des immobilisations incorporelles liées aux acquisitions d’entreprises, s’est établi à 33 cents par action, un résultat en baisse par rapport à celui de 55 cents par action de la même période un an plus tôt.
À la fermeture, l’action gagnait 44 cents, ou 1,57%, à 28,55$ à la Bourse de Toronto, jeudi.
Produits végétaliens
Lino Saputo a aussi mentionné que l’entreprise s’apprêtait à lancer six nouveaux fromages à base de protéine végétale aux États-Unis et au Canada au printemps. Au Canada, le lancement se fera au mois de mai et près de 500 points de vente sont déjà confirmés.
L’entreprise vend déjà une solution alternative végétalienne au fromage mozzarella auprès de ses clients commerciaux. Son patron affirme que la rétroaction est très bonne. Nous sommes très à l’aise à l’idée de remplacer une partie de notre volume de fromage traditionnel pour celui fait à base de plante. Les marges sont très, très, bonnes.»
Les substituts au lait, comme le lait de soya ou le lait d’amande, sont des éléments «importants» dans la stratégie de l’entreprise afin de compenser le déclin de la consommation de lait, a-t-il ajouté. La consommation de lait diminuerait à un rythme d’environ 2% par année. «Ça va nous aider à maintenir nos volumes dans les produits liquides et à avoir un impact positif sur la rentabilité.»