SCHL: le Canada pourrait construire au moins 130 000 logements
La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024Dans un billet qui vient de paraître, Mathieu Laberge, premier vice−président, Économie et perspectives de l’habitation, à la SCHL, note qu’en 2023, les mises en chantier d’habitations ont légèrement diminué par rapport aux sommets précédents, pour s’établir à 240 267.(Photo: La Presse Canadienne)
Avec les ressources dont il dispose, le Canada devrait pouvoir construire de 130 000 à 225 000 logements de plus chaque année, soutient la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Mathieu Laberge, premier vice−président, Économie et perspectives de l’habitation, à la SCHL, affirme que le plein potentiel de construction est loin d’être atteint, alors que la demande reste très forte.
Dans un billet qui vient de paraître, il note qu’en 2023, les mises en chantier d’habitations ont légèrement diminué par rapport aux sommets précédents, pour s’établir à 240 267.
Cette année−là, 650 000 salariés travaillaient dans l’industrie au Canada, «du jamais vu», selon lui.
«Avec les ressources actuelles consacrées à la construction résidentielle, le Canada devrait pouvoir construire de 130 000 à 225 000 logements de plus chaque année. L’atteinte de ce potentiel exigera que tous les secteurs continuent d’apporter des changements structurels importants à court et à long terme», écrit M. Laberge.
Il avance quelques causes pour expliquer la situation, comme la réglementation municipale, la réglementation provinciale et l’industrie de la construction elle−même, qui est trop fragmentée.
Plus précisément, il cite des facteurs comme la réglementation sur le nombre d’étages des bâtiments, le temps nécessaire pour délivrer des permis de construction et les droits d’aménagement.
Il souligne également que l’industrie elle−même est très fragmentée, puisque 69% des entreprises ont moins de cinq employés. «La consolidation pourrait aider à générer des économies d’échelle, ce qui permettrait de rentabiliser la construction de logements abordables», conclut−il.
Et au Québec?
Au Québec, l’APCHQ croit que la situation est différente sur certains points, bien qu’elle partage aussi le diagnostic de la SCHL quant à un potentiel de construction de logements sous−exploité.
Selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, on ne peut présumer, par exemple, que le Québec aurait pu construire entre le quart et le cinquième du nombre de logements avancé par la SCHL parce que le Québec représente cette proportion de la population canadienne.
«Au niveau provincial, on pourrait être plus précis pour venir expliquer pourquoi il y a une disparité entre les logements qu’on pourrait construire et ceux qui ont été construits. Il y a plusieurs facteurs à étudier en termes de productivité. Oui il y a l’apport monétaire qui est une chose; il y a l’apport en individus qui est une chose. Mais le facteur de productivité dépend aussi de la structure, de comment l’industrie de la construction fonctionne au Québec», a expliqué en entrevue Francis Montigny, conseiller expert au service des relations de travail à l’APCHQ.
Ainsi, en termes de productivité, il note que la décision du ministre du Travail Jean Boulet de permettre un partage des tâches entre certains métiers est «un pas dans la bonne direction», bien que l’association aurait souhaité qu’il aille plus loin en la matière.
Il confirme que les délais pour délivrer des permis sont encore trop longs au palier municipal.
Reste qu’il faut non seulement construire, mais construire pour que cela reste abordable. Or, les coûts de construction sont élevés, rappelle-t-il.
D’autres solutions existent pour atténuer le phénomène; il cite par exemple l’exemption de TVQ sur les logements construits, qui diminuerait les coûts de construction.
Représentant des entreprises de construction résidentielle, il ne croit pas que la taille des entreprises pose problème, comme le laisse entendre la SCHL. «Avoir plus d’entreprises permet plus de compétitivité», croit−il au contraire, et cela est plus représentatif de l’entrepreneuriat québécois.
Lia Lévesque, La Presse Canadienne