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Scott Loong: lancer sa carrière avec Panache

Simon Lord|Édition de la mi‑Décembre 2022

Scott Loong: lancer sa carrière avec Panache

À 38 ans, Scott Loong est associé à Panache Ventures, le plus important fonds d’investissement de préamorçage et d’amorçage du Canada. (Photo: courtoisie)

PROFIL D’INVESTISSEUR. À 38 ans, Scott Loong est associé à Panache Ventures, le plus important fonds d’investissement de préamorçage et d’amorçage du Canada. Attiré dans le domaine des start-ups — et sorti du domaine du droit — par un désir de prise de risque, il ne rêverait aujourd’hui d’être nulle part ailleurs que dans son rôle actuel. Esquisse de son parcours.

La formation et la carrière de Scott Loong débutent loin, loin du monde de l’investissement. 

« Quand j’ai commencé mes études, j’étais en journalisme et en science politique à Concordia », raconte-t-il, en anglais. Un cheminement qui le mènera à travailler au sein de l’agence de nouvelles de l’ONU à Nairobi, puis à se rendre au Caire pour travailler pour un organisme non gouvernemental qui intervient auprès de réfugiés. 

Mû par un désir d’aller plus loin et d’approfondir ses connaissances, il revient toutefois à Montréal et termine une maîtrise en administration des affaires (MBA) en même temps qu’un baccalauréat en droit. Quelque part en chemin, il tombe en amour avec le droit des affaires. 

« J’aimais l’intensité, le défi intellectuel associé aux transactions, au ficelage d’ententes [dealmaking] », explique Scott Loong. Après ses études, en 2010, il se retrouve au cabinet juridique Gowling Lafleur Henderson, où il restera cinq ans, le temps qu’un décalage se développe. 

« Après un moment, j’ai commencé à sentir que ce n’était pas fait pour moi », dit-il. Les associés avaient une aversion au risque — l’essence du droit est de contrôler le risque — et Scott Loong ressentait une flamme entrepreneuriale. Deux éléments qui se mélangent comme l’eau et l’huile. 

« Je rentrais chez moi et je couchais sur papier des idées d’entreprises, de plans d’affaires, se souvient-il. Ça me donnait l’impression de faire quelque chose, mais comme je n’y donnais pas suite, c’était seulement un mécanisme de défense. Une soupape de pression. »

Il sait qu’il doit changer de cap, faire quelque chose de radical pour se rapprocher de l’action. Heureusement, après leur avoir fait une sollicitation au hasard (cold call), il rencontre Dominique et Jay Ferst.

Une rencontre qui le mènera rapidement sur le terrain entrepreneurial.

 

Une première start-up

Au moment où Scott Loong rencontre Dominique et Jay Ferst, ceux-ci ont déjà créé et vendu plusieurs entreprises dans le domaine des fintechs. Ils étaient cependant eux aussi à un tournant de leur carrière et désiraient commencer à investir dans d’autres start-ups. 

« Je les ai rencontrés alors qu’ils commençaient à mettre sur pied leur fonds d’investissement privé Ferst Capital Partners », dit Scott Loong, qui deviendra vite entrepreneur en résidence au sein de cette nouvelle entreprise. Après avoir étudié quelques concepts d’entreprises, ils finissent par tomber sur une idée prometteuse; les deux nouveaux investisseurs, Dominique et Jay Ferst, décident de mettre la première mise dans Covera, cofondée par Loong. 

Covera, une compagnie de technologie des assurances, visait à faciliter le magasinage d’assurance au moment du renouvèlement.

« Le marché de l’assurance n’a rien de sexy, mais il était massif et mûr pour de l’innovation technologique, note Scott Loong. Ce qu’on faisait n’était pas de la chimie nucléaire, mais personne ne faisait ça. » 

En 2019, après avoir passé trois ans à développer Covera, l’entrepreneur et ses financiers trouvent preneur pour leur entreprise.

« De m’ennuyer dans un bureau, sans trop de direction, à fonder et à vendre une entreprise, et le tout, dans une période de quatre ans, ç’a été une formidable transition », apprécie Scott Loong, qui ne peut toutefois pas partager les détails de la transaction en raison d’un accord de non-divulgation.

Les deux années qui ont suivi ont été presque aussi transformatrices.

 

D’entrepreneur à investisseur

Après l’acquisition de Covera, en 2019, Scott Loong a passé deux années à travailler sur divers projets d’affaires et d’entrepreneuriat.

« La période après la vente d’une entreprise est difficile, je crois, pour beaucoup d’entrepreneurs, dit-il. Vous passez d’une concentration pointue à une soupe d’occasions, et vous voulez tirer le maximum de votre prochain projet. »

À ce moment, le jeune entrepreneur s’imaginait que ce prochain projet serait naturellement la mise sur pied d’une autre entreprise. Mais les choses ont évolué un peu différemment : Mike Cegelski, cofondateur de Panache Ventures, basé à Montréal, et aussi associé, l’approche pour lui demander de se joindre à son fonds d’investissement. Il accepte. En 2021, il intègre donc l’équipe à titre d’associé.

S’il avait déjà imaginé qu’il pourrait un jour faire partie d’un fonds d’investissement, ou lancer le sien, Scott Loong n’imaginait pas qu’une porte s’ouvrirait si tôt. 

« Quand Mike m’a offert l’occasion de travailler avec lui et toute l’équipe, pour qui j’ai un énorme respect, j’ai tout de suite accepté. »

 

Couvrir le Québec

En quoi consiste aujourd’hui le rôle de Scott Loong? 

« Je dirige l’équipe d’investissement à partir de Montréal : nous couvrons le Québec et la région des Maritimes », explique-t-il. En tant que fonds d’investissement de préamorçage et d’amorçage, Panache Ventures est généralement le premier investisseur à financer une entreprise après l’entrepreneur, sa famille et ses amis.

Il n’est d’ailleurs pas rare pour la société, qui vient de lancer un second fonds de 100 millions de dollars (M$), d’investir dans une entreprise qui est à un stade de prérevenu.

« C’est notre pain et notre beurre, dit Scott Loong. On trouve des entreprises qui n’ont parfois qu’une présentation et de grandes ambitions, et on leur signe un chèque de 250 000 $ à 1 M$. Ce n’est pas quelque chose qui, traditionnellement, fait partie de l’écosystème canadien du capital de risque. » 

Cette année, Panache a réalisé neuf investissements, qui s’ajoutent à son portefeuille d’environ 100 entreprises. Maintenant, la société compte faire de 15 à 20 investissements par année durant les quatre prochaines années. 

De quoi tenir le nouvel investisseur occupé. 

 

Fidèle à ses racines

Scott Loong est fier de voir Panache rester fidèle à ses racines d’investissement de préamorçage et d’amorçage. Il est plutôt courant, avec le temps, de voir un fonds d’investissement faire une transition vers les stades subséquents d’investissement. 

« On est une anomalie, mais c’est une des raisons fondamentales pour lesquelles j’adore tellement ce travail, dit-il. De collaborer avec les entrepreneurs au début de leurs projets, de voir et de partager leur enthousiasme, leur énergie, c’est gratifiant. Enivrant, même. » 

S’il est chez Panache depuis moins de deux ans seulement, son travail porte déjà ses fruits : le premier investissement auquel il a participé est sur une bonne lancée. L’entreprise en question, Zeffy, développe et commercialise une plateforme en ligne de campagnes de financement pour les organismes sans but lucratif (OSBL). L’an prochain, celle-ci veut obtenir un autre financement pour soutenir sa croissance après être entrée cette année sur le marché américain, où elle a déjà travaillé avec 1000 OSBL. 

En ce qui a trait aux années à venir, Scott Loong veut miser sur ses aptitudes d’investisseur : il reconnaît être un nouveau venu dans le monde du capital de risque — il digère encore le fait de ne plus être un entrepreneur fondateur — et confie jouer son rôle avec humilité.

« Je veux et j’ai besoin d’apprendre. Je dirais que mon objectif premier pour les prochaines années sera donc de devenir solidement compétent, d’être le meilleur investisseur que je peux être. Je sais que c’est un peu ennuyeux comme réponse. Mais c’est vraiment mon but. »