Sean Tascatan: «La correction de A.O. Smith était trop sévère»
Stéphane Rolland|Édition de la mi‑janvier 2019STÉPHANE ROLLAND - Vous gérez un fonds de dividendes américain. Décrivez-nous votre stratégie.SEAN TASCATAN - Dans ...
STÉPHANE ROLLAND – Vous gérez un fonds de dividendes américain. Décrivez-nous votre stratégie.
SEAN TASCATAN – Dans notre fonds, nous investissons à long terme dans des entreprises qui génèrent un rendement élevé sur le capital et qui augmentent régulièrement leurs dividendes. Le but de cette stratégie est de réduire la volatilité et d’offrir un meilleur rapport risque/rendement. Nous nous différencions de certaines stratégies semblables en étendant notre univers aux moyennes et petites capitalisations. Outre le rendement du capital et la croissance du dividende, j’aime les entreprises dont le ratio de paiement du dividende est bas et qui ont un faible niveau d’endettement. Cela leur procure de la flexibilité.
S.R. – Pourquoi le dividende et pas un autre critère ?
S.T. – Nous croyons que la meilleure manière de protéger le capital et de profiter de la croissance dans n’importe quel cycle boursier est de détenir un portefeuille d’entreprises de qualité qui peuvent faire croître leur dividende avec le temps. Ces entreprises tendent à mieux performer que le marché à long terme, avec moins de volatilité.
S.R. – Certains experts s’inquiètent de l’impact qu’aurait une hausse des taux d’intérêt sur les titres de dividende. Comment interprétez-vous ce risque ?
S.T. – Des taux d’intérêt plus élevés peuvent avoir un impact sur les actions de plusieurs manières. Premièrement, ils peuvent augmenter les coûts d’emprunt des entreprises, ce qui a un impact sur leur rentabilité. C’est pourquoi nous choisissons des entreprises qui ont un faible taux d’endettement. De plus, lorsque les taux sur les obligations augmentent, le rendement des dividendes doit augmenter pour demeurer concurrentiel, ce qui implique un déclin du prix de l’action. Choisir des titres qui augmentent leur dividende permet de mitiger ce risque. Quand on regarde sur une période de 40 ans, ces titres ont constamment mieux performé que le S&P 500.
S.R. – Avez-vous apporté des rectifications à votre portefeuille à la suite de la correction de décembre ?
S.T. – Généralement, nous serions pleinement investis. Avant la correction, nous trouvions toutefois que les évaluations étaient élevées dans notre univers d’investissement. Nous avons donc décidé de garder un peu plus d’argent. Nous déployons maintenant ces liquidités. La correction a donné l’occasion d’acheter des actions d’entreprises de qualité à meilleur prix. Qui dit meilleur prix, dit aussi une probabilité de meilleur rendement à long terme.
S.R – Quelle société est sur votre écran radar ?
S.T. – A.O. Smith (AOS, 46,35 $ US) est un fabricant international de chauffe-eau. L’entreprise a enregistré une forte croissance en Chine. Depuis 10 ans, leurs ventes y ont augmenté à un rythme de 21 % par année, ce qui représente maintenant le tiers de leurs revenus. Par contre, le titre a décliné en raison des inquiétudes quant à un ralentissement de l’économie chinoise. Nous pensons cependant que la correction est trop forte et ouvre une occasion.
S.R. – Y a-t-il un secteur où vous trouvez plus d’occasions ?
S.T – J’aime le secteur de la santé. On y trouve beaucoup d’entreprises de qualité qui génèrent de généreux flux de trésorerie et qui ont un long historique d’augmentation du dividende. Plusieurs sont des entreprises d’envergure internationale qui profitent du fait que l’accès aux soins de santé s’étend partout dans le monde. Le vieillissement de la population mondiale offre aussi une occasion pour le secteur.
S.R. – Vous détenez des actions d’Apple (AAPL., $US). Trouvez-vous le titre toujours attrayant maintenant que le sentiment du marché est devenu plus pessimiste ?
S.T. – Je pense toujours que c’est une entreprise de qualité qui va augmenter son dividende. Depuis cinq ans, le dividende croît à un rythme de 11 % par année. Je pense que la correction ouvre une occasion. À long terme, le secteur «services» va devenir une plus importante partie de l’entreprise.