Simon Boulerice (Photo: courtoisie)
LE FRIC ET MOI. Pour le romancier, dramaturge, chroniqueur et poète Simon Boulerice, la santé financière passe d’abord par une santé culturelle saine. Une richesse qui non seulement s’écrit, mais qui se lit aussi.
Vous dites posséder plus de 4000 livres, n’est-ce pas ?
C’est bien ça. Je peux aisément dépenser 1000 $, voire 2000 $ par année pour acheter divers livres. Depuis ma jeune enfance, j’adore lire des bouquins dont j’aime tourner et annoter les pages. D’où la raison pour laquelle je préfère les acheter plutôt que de les emprunter à la bibliothèque. Pour le reste, je ne suis pas un grand dépensier. En fait, j’aime cent fois mieux acheter un livre chez un libraire que de m’acheter des vêtements. Dans le milieu artistique, plusieurs emploient l’expression « avoir brûlé un vêtement à la télé ». Une fois porté devant la caméra, le vêtement ne peut être utilisé une seconde fois. Ce qui est loin d’être un souci à mes yeux. Ne vous étonnez donc pas de me voir vêtu avec le même gilet sur plusieurs plateaux.
Pas de folies dépensières que vous regrettez ?
Je fais rarement des gaffes sur le plan financier. Mes achats sont généralement très réfléchis. Certes, je pourrais mentionner mes premiers investissements boursiers. J’ai acheté en février 2020 quelques titres qui se sont effondrés deux semaines plus tard. Heureusement, ils ont pris du mieux. En fait, ce qui me chicote peut-être le plus, ces temps-ci, c’est le choix de mon comptoir à la maison. Mon amoureux et moi avons effectué de vastes rénovations à l’intérieur de l’appartement afin de moderniser la salle de bain et la cuisine. J’hésitais entre deux comptoirs. J’ai voulu économiser quelques centaines de dollars, et je le regrette. J’aurais dû opter pour le modèle en quartz.
Quel est l’investissement dont vous êtes le plus fier ?
Avoir dit oui à mes parents, il y a 15 ans, lorsqu’ils m’ont demandé d’emménager dans un des appartements du triplex qu’ils ont acheté dans le quartier Saint-Henri, à Montréal. Mes parents ont vendu la résidence familiale à Saint-Rémi pour se rapprocher de ma sœur et moi. Ainsi, nous habitons, aujourd’hui, en famille les trois étages de l’immeuble. À mes yeux, il s’agit d’un investissement patrimonial, je dirais même plus un bel investissement humain, auquel je suis fier de contribuer.
Peut-on bien vivre de l’écriture artistique ?
C’est une question que je me fais souvent poser lors des conférences que je donne aux élèves dans les écoles primaires et secondaires. La réponse est oui… pourvu que l’on soit conscient que l’on ne vivra pas systématiquement dans le luxe et qu’il faudra, sans doute, composer avec un certain stress, une inévitable précarité. Que l’on écrive des pièces de théâtre, des romans, des scénarios, ces métiers ne génèrent pas un salaire, mais plutôt des cachets ou des droits d’auteur. On ne travaille qu’à forfait. Depuis ma sortie de l’école de théâtre au Cégep Lionel-Groulx, il y a une quinzaine d’années, j’ai d’ailleurs dit oui à beaucoup de propositions afin de pouvoir subvenir à mes besoins, même porter le costume d’une mascotte.
Regrettez-vous votre choix de carrière ?
Oh que non ! Depuis l’écriture de mon premier roman à l’âge de 27 ans, j’ai signé 56 autres publications, dont plus d’une trentaine de livres en littérature jeunesse. Ces créations me permettent, aujourd’hui, à l’aube de mon 40e anniversaire, de me sentir plus en sécurité. En fait, depuis trois ans, je ressens beaucoup moins le stress de devoir tout accepter. Je suis très heureux et je me sens même privilégié de pouvoir faire ce que je fais.