La solution passe par la densification, soutient la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier. Mais trop souvent, il y a un manque d’imagination pour identifier des alternatives intéressantes parce qu’il n’existe que trop peu de modèles qui sortent du cadre établi. (Photo: Reid Naaykens pour Unsplash)
Les municipalités veulent obtenir de nouveaux outils qui leur permettront de financer des projets pour tenter de contrer la pénurie de logements et maintenir l’abordabilité et l’accessibilité.
Cette demande a été effectuée lors du Sommet de l’habitation, présenté conjointement par les municipalités de Longueuil et Laval. L’événement réunit plus de 300 représentants de divers paliers de gouvernement et d’organismes liés au secteur de l’habitation, ainsi que des promoteurs immobiliers.
Le maire de Laval, Stéphane Boyer, rappelle que le problème de financement des municipalités s’accentue encore plus rapidement en période de forte inflation, parce que les revenus n’augmentent pas au même rythme que le coût de la vie.
«Les municipalités ont de plus en plus de responsabilités et de défis, avance-t-il. Il faut trouver de l’argent pour financier des initiatives en habitation. Il faut aussi se demander si nous taxons de la bonne façon et si nous avons les outils pour le faire.»
Taxation sur la spéculation
Le maire de Laval présente trois solutions que les municipalités pourraient utiliser. Il suggère qu’elles pourraient taxer les nouveaux logements ou encore exiger une cession de terrains des promoteurs lorsqu’ils amorcent des projets immobiliers. Il propose également une nouvelle taxation sur la spéculation immobilière.
«Dans d’autres domaines, comme en environnement, on taxe les mauvais comportements, souligne-t-il. Nous avons des individus qui achètent des terrains, des terres agricoles, et qui ne font rien avec. Ils attendent que la valeur monte. Une terre qui passe d’un zonage agricole à résidentiel passe de 1$ (le pied carré) à 20$, 30$ ou 40$. Mais ça ne crée aucune plus-value pour la communauté.»
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, saisit la balle au bond en demandant l’équité fiscale pour les municipalités. «Et comme le nerf de la guerre est l’argent, j’invite les participants au Sommet aujourd’hui à participer au Sommet sur la fiscalité municipale (qui aura lieu au printemps 2023).»
Problématiques régionales
Le président de la Fédération québécoise des municipalités du Québec et maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, Jacques Demers, aimerait que les solutions proviennent des territoires où se situent les problèmes.
Dans certaines municipalités en région, raconte-t-il, la population a doublé sans qu’aucune nouvelle maison ne soit construite.
«Souvent, il y a des embûches pour régler les problèmes, affirme-t-il. Nous voulons prôner la décentralisation. Est-ce qu’on peut regarder les solutions en fonction des besoins des territoires? Ce qui se vit à Fermont ou Rouyn-Noranda n’est pas la même chose qu’à Montréal ou Sherbrooke. Si on peut arriver sur le terrain sans contraintes bureaucratiques, ce serait majeur.»
Le président de l’Union des municipalités du Québec et maire de Gaspé, Daniel Côté, indique pour sa part que le gouvernement pourrait mieux encadrer les «flips touristiques», un phénomène qui prive les citoyens de sa région de logements pendant une partie de l’année.
Le gouvernement pourrait mieux encadrer les «flips touristiques», un phénomène qui prive les citoyens de la Gaspésie de logements pendant une partie de l’année. (Photo: Etienne Delorieux pour Unsplash)
Déficit à rattraper
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, rappelle que pour rétablir l’offre de logement au Québec, il faudrait 100 000 nouveaux logements selon les chiffres de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ). Ce chiffre grimpe toutefois à 620 000 pour rétablir l’équilibre d’ici 2030.
«Le sondage que nous avons mené en marge du Sommet révèle que 85% des Québécois croient que l’accès à un logement est un problème important en ce moment, soumet-elle. C’est presque l’unanimité. Avoir un toit sur la tête, c’est un droit fondamental.»
La solution passe par la densification, soutient Catherine Fournier. Mais trop souvent, il y a un manque d’imagination pour identifier des alternatives intéressantes parce qu’il n’existe que trop peu de modèles qui sortent du cadre établi. Elle espère que le Sommet de l’habitation permettra de mettre en lumière des idées qui pourront aider à contrer les problèmes d’accessibilité et d’abordabilité aux logements.