L’objectif déclaré de Suncor de se recentrer sur ses actifs de sables bitumineux intervient alors même que la société s’est publiquement engagée à atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d’ici 2050. (Photo: La Presse Canadienne)
L’homme embauché pour redresser la situation de Suncor Énergie a dit mardi qu’il pensait que l’entreprise s’était trop concentrée ces dernières années sur la transition énergétique et devait revenir à une stratégie commerciale centrée sur le pétrole.
Le chef de la direction Rich Kruger, qui a pris les rênes du géant de l’énergie de Calgary ce printemps, a déclaré aux analystes lors d’une conférence téléphonique que le conseil d’administration de l’entreprise était d’accord avec lui sur la nécessité d’une «orientation et d’un ton révisés» au sein de l’entreprise.
Il a dit qu’il croyait que Suncor avait négligé «les moteurs commerciaux d’aujourd’hui» dans la poursuite d’activités énergétiques axées sur l’avenir, propres et à faible émission de carbone.
«Nous accordons une importance un peu disproportionnée à la transition énergétique à long terme», a affirmé M. Kruger, ajoutant que si ces activités sont importantes, elles ne sont pas ce qui rapportera de l’argent aux actionnaires aujourd’hui.
«Aujourd’hui, nous gagnons en créant de la valeur grâce à notre vaste base d’actifs intégrés étayée par les sables bitumineux.»
M. Kruger, l’ancien patron de la filiale canadienne d’ExxonMobil, Imperial Oil, a été tiré de la retraite cette année pour diriger une restructuration chez Suncor à la suite d’une série de défis opérationnels et financiers de grande envergure au sein de l’entreprise.
Mardi, il a annoncé que la société avait déjà fait des «progrès importants» vers son nouvel objectif de se concentrer sur les fondamentaux. En juin, Suncor a annoncé qu’elle réduirait son effectif de 20%, soit 1500 personnes, d’ici la fin de l’année afin d’éliminer le travail inutile ou «inabordable».
Au 1er août, 535 de ces suppressions d’emplois ont déjà eu lieu, a indiqué M. Kruger, entraînant une réduction des coûts d’environ 125 millions de dollars (M$) jusqu’à présent.
L’objectif déclaré de Suncor de se recentrer sur ses actifs de sables bitumineux intervient alors même que la société s’est publiquement engagée à atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d’ici 2050.
Suncor est également membre de la Pathways Alliance, un consortium d’entreprises canadiennes de sables bitumineux qui ont toutes pris l’engagement de carboneutralité et ont proposé de travailler ensemble pour construire un énorme centre de transport de captage et de stockage du carbone dans le nord de l’Alberta afin d’aider à réduire les émissions provenant de la production de sables bitumineux.
L’an dernier, Suncor a vendu ses actifs éoliens et solaires, se retirant du secteur des énergies renouvelables dans lequel il était impliqué depuis plus de deux décennies.
Suncor Énergie a dit mardi avoir engrangé 1,88 milliard $ au deuxième trimestre de 2023, contre environ 4 milliards de dollars (G$) à la même période l’an dernier lorsque les prix du pétrole étaient plus élevés.
Le géant de l’énergie établi à Calgary a déclaré avoir pris des frais de restructuration de 275 M$ au cours du trimestre liés aux plans de suppression d’emplois annoncés précédemment.
À la suite de cette charge de restructuration, Suncor a indiqué que ses fonds d’exploitation ajustés pour le trimestre clos le 30 juin 2023 s’élevaient à 2,7 G$ ou 2,03 $ par action, contre 5,3 G$ ou 3,80 $ par action au trimestre de l’année précédente.
La société a subi un incident de cybersécurité très médiatisé en juin, mais affirme que la violation n’a pas eu d’effet sur ses résultats financiers pour le trimestre.