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Tarif des garderies: quel serait l’effet de la proposition du PCQ

La Presse Canadienne|Publié le 30 septembre 2022

Tarif des garderies: quel serait l’effet de la proposition du PCQ

Éric Duhaime sera lui aussi à Québec. Le chef du Parti conservateur du Québec tiendra un point de presse à son local électoral. (Photo: La Presse Canadienne)

Québec — Tout indique qu’il en coûterait plus cher aux parents de faire garder leur enfant, sous un gouvernement conservateur. Et il paraît difficile de savoir qui au juste aurait droit aux bons de garde de 200 $ par semaine par enfant promis par le parti d’Éric Duhaime.

La proposition des conservateurs en matière de services de garde, «c’est un recul pour les femmes, c’est clair», dénonce la directrice générale de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), Geneviève Bélisle, en entrevue téléphonique cette semaine.

Elle calcule que le mode de financement privilégié par le parti d’Éric Duhaime, axé sur l’aide directe aux parents, aura pour conséquence d’accroître sans aucun doute le coût des frais de garde déboursés par les parents, sans régler pour autant le problème de la pénurie de places.

«Ce qui va arriver, c’est que les propriétaires (de garderies privées) vont augmenter leurs tarifs et vont refiler la facture aux parents», selon elle.

Dans sa plateforme, le Parti conservateur du Québec (PCQ) propose une petite révolution du financement du réseau des services de garde s’il est porté au pouvoir. À terme, les conservateurs veulent réduire progressivement, voire supprimer le financement public du réseau, pour privilégier l’aide directe aux parents.

Un gouvernement Duhaime s’engagerait donc à offrir aux parents un bon de garde imposable de 200 $ par semaine, par enfant, soit 10 400 $ par année.

Or, ce montant ne couvre pas le coût annuel d’une place, évalué plutôt à 17 000 $. Qui devra débourser la différence?

Sur Twitter, le ministre sortant de la Famille, Mathieu Lacombe, a calculé que ce que propose le PCQ, «c’est de faire payer les parents jusqu’à quatre fois plus cher pour une place en CPE et en garderie».

Les conservateurs s’engagent aussi à déréglementer le tarif fixe quotidien, qui est actuellement à 8,70 $. En ouvrant la porte à la concurrence, chacun — garderie privée ou CPE — pourrait donc fixer le tarif de son choix.

La liste d’attente pour une place en service de garde dépasse les 50 000 noms. Pour répondre à la demande, les conservateurs misent sur les quelque 30 000 places disponibles dans les garderies privées non subventionnées, qui fixent leur tarif quotidien à 43 $, en moyenne.

Le problème, c’est que ces places sont situées dans la région de Montréal, là où il n’y a pas de besoin, et non en régions où les besoins sont immenses, déplore Mme Bélisle.

Questionné à ce propos cette semaine, M. Duhaime a affirmé en point de presse que l’engagement de son parti visait «ceux qui n’ont pas accès actuellement aux CPE, qui n’ont pas gagné à la loterie des CPE».

Il a dit aussi vouloir stimuler l’offre en provenance du secteur privé.

 

Métier: étudiante

La plateforme conservatrice prévoit aussi que le bon de 200 $ par enfant par semaine ne sera versé qu’aux parents ayant «un emploi à temps plein». Mais que fait-on des autres, par exemple les étudiantes, jeunes mères monoparentales?

M. Duhaime n’y voit pas de problème sémantique, ne faisant pas de différence entre le marché du travail et le monde de l’éducation. «C’est évident que cette personne va se qualifier» pour le bon de 200 $, dit-il, car «c’est un emploi aller à l’université», selon lui.

Le Parti conservateur n’a fixé aucune cible de création de places pour les prochaines années, se fiant à la loi du marché pour répondre aux besoins.

Voilà une façon comme une autre de garder «les femmes à la maison», croit Mme Bélisle, car en ne créant pas de places en garderie on prive les femmes d’un service et «on se prive d’une main-d’œuvre importante».