L’inflation a un peu ralenti en avril, après avoir atteint en mars des records depuis 40 ans. (Photo: 123RF)
Washington — Le comité monétaire de la banque centrale américaine (Fed) a débuté mardi sa réunion, au cours de laquelle elle devrait relever ses taux directeurs pour lutter contre l’inflation, et pourrait même procéder à la plus forte hausse depuis 27 ans.
«La réunion du comité de politique monétaire (FOMC) a débuté à 11h00 comme prévu», a précisé à l’AFP un porte-parole de la Réserve fédérale (Fed).
Elle s’achèvera mercredi à la mi-journée, et sera suivie de la publication d’un communiqué de presse à 14h00 puis d’une conférence de presse du président de l’institution, Jerome Powell, à 14h30.
Les taux directeurs, qui se situent actuellement dans une fourchette de 0,75 à 1,00%, devraient être relevés, pour la troisième fois d’affilée.
Après une hausse d’un quart de point de pourcentage en mars, puis d’un demi-point en mai, une nouvelle hausse est attendue. Elle pourrait être d’un demi-point (ce qui correspond à 50 points de base), voire de trois quarts de points (75 points de base), ce qui serait une première depuis 1994.
Les économistes attendent une nouvelle hausse d’un demi-point, selon un consensus de Briefing.com.
Mais mardi matin, les acteurs des marchés anticipaient, eux, très majoritairement (96,1%) une hausse de 75 points de base, selon l’évaluation des produits à terme de CME Group. Ils misent sur le fait que le patron de la Fed n’a cessé de répéter que l’institution agirait en fonction des données publiées.
Or, la vigueur de l’inflation enregistrée en mai a surpris, avec une accélération et un nouveau record en 40 ans, à 8,6% sur un an et 1,0% sur un mois, selon l’indice CPI publié vendredi.
De la croissance, mais pas trop
Avant cette publication, «nous partagions le consensus universel selon lequel le FOMC augmenterait les taux de 50 points de base (…). Mais la publication d’une inflation plus élevée que prévu pour mai nous amène maintenant à anticiper une hausse des taux de 75 points de base», ont ainsi souligné Jay Bryson et Michael Pugliese, économistes pour Wells Fargo, dans une note.
Mais d’autres analystes soulignent qu’une telle hausse serait inutile, d’autant qu’elle pourrait être interprétée comme un mouvement de panique.
«Avec l’amélioration de l’offre et la baisse de la demande de biens par rapport aux services, les marges vont se réduire et l’inflation va diminuer beaucoup plus rapidement que ne le prévoient les marchés et la Fed», opine ainsi Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics dans une note.
Relever les taux directeurs a pour effet de renchérir le coût du crédit pour les emprunteurs particuliers et professionnels, et donc de freiner la consommation.
Mais au risque de peser sur la croissance du produit intérieur brut (PIB) et l’emploi. Le président de la Fed avait cependant estimé le mois dernier, lors d’une interview, qu’il fallait de la croissance, mais pas trop, pour juguler l’inflation.
Il avait aussi souligné que cela pourrait passer par une petite remontée du chômage, alors que le pays fait face à un marché du travail tendu, avec une importante pénurie de main-d’œuvre qui pousse les entreprises à relever les salaires, ce qui contribue aussi à alimenter l’inflation.
Au cours de cette réunion, les responsables de la Fed actualiseront également leurs prévisions économiques, les dernières datant de mars. Ils devraient réviser en hausse leurs prévisions d’inflation et de chômage, et en baisse leurs prévisions de croissance du PIB.
La lutte contre l’inflation est une priorité pour la Fed, mais aussi pour Joe Biden, qui avait reçu Jerome Powell, fin mai à la Maison-Blanche, pour une rare entrevue dédiée à ce sujet.
Le comité monétaire se réunit pour la première fois depuis que Jerome Powell a officiellement entamé son second mandat, le 23 mai, et que Lael Brainard est devenue vice-présidente de l’institution. Cette réunion du comité monétaire marque également l’arrivée de deux nouveaux gouverneurs, Lisa Cook et Philip Jefferson.