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Trouver un juste équilibre entre la qualité et le prix

François Normand|Édition de la mi‑octobre 2022

Trouver un juste équilibre entre la qualité et le prix

Alain Lavoie, cofondateur et PDG de LexRock AI (Photo: courtoisie)

MOIS DE LA PME. Si des entreprises et des organismes affirment que le projet de loi no 12 pour promouvoir l’achat québécois et responsable par les organismes publics est un pas dans la bonne direction, elles déplorent en revanche qu’on accorde encore trop d’importance au prix.

« Le gouvernement ne veut pas admettre qu’on sélectionne encore sur le prix », soutient Benoît Larose, vice-président pour le Québec de Medtech Canada, qui représente le secteur de la fabrication de technologies médicales.

Selon lui, même si les appels d’offres publics au Québec peuvent comprendre le facteur k — une formule qui permet de tenir compte du rapport qualité-prix, mais pas au-delà d’un certain montant —, ce dernier ne serait pas vraiment utilisé en pratique.

« Un organisme public peut modifier le prix en fonction de la qualité. On ajuste donc le prix en conséquence. Mais en fin de compte, c’est quand même le prix qui est prépondérant », fait remarquer Benoît Larose.

Certains de ses membres, surtout des PME, préfèrent soumissionner sur des appels d’offres ailleurs au Canada, comme en Ontario, dit-il, car elles peuvent y proposer des produits offrant la meilleure valeur, et non pas le meilleur prix.

 

Sur un pied d’égalité

Alain Lavoie, cofondateur et PDG de LexRock AI, une PME qui aide les entreprises à automatiser leur processus de saisie, ne souhaite pas nécessairement que le Québec laisse tomber la règle du plus bas soumissionnaire, même s’il souhaite qu’on accorde davantage d’importance à la qualité au Québec.

« Le facteur de qualité, c’est très subjectif », fait remarquer l’entrepreneur, en soulignant que son entreprise a déjà perdu des contrats publics au Québec en raison du prix. Dans un cas bien précis, la différence était de 1000 $ pour un contrat de 100 000 $.

« Mais cela n’a rien à avoir avec la concurrence étrangère par rapport à aux entreprises locales », dit-il.

LexRock AI décroche des contrats à l’étranger, tout comme 73 % des membres de l’Association québécoise des technologies.

C’est la raison pour laquelle Alain Lavoie estime qu’il faut faire attention au discours voulant que le Québec doive favoriser davantage les entreprises québécoises au détriment des entreprises étrangères.

À ses yeux, il faut trouver un juste équilibre entre la qualité et le prix, tout en traitant les entreprises sur le même pied d’égalité, qu’elles soient québécoises, ontariennes, américaines ou allemandes.

Dans certains pays, le gouvernement impose même des seuils minimaux de contenu local dans les appels d’offres.

Par exemple, aux États-Unis, Washington applique les clauses dites du Buy American pour les achats de biens du gouvernement fédéral destinés à l’usage public, et du Buy America pour les achats afférents aux transports publics.

En revanche, ces clauses limitent l’accès à ces marchés à des entreprises du Québec qui exportent aux États-Unis.

Et si l’équilibre se situait quelque part entre l’approche québécoise et l’approche américaine ?