Rio Tinto a déjà fait valoir que l’accord simplifierait la structure de propriété de la mine et renforcerait son portefeuille de cuivre. (Photo: 123RF)
Rio Tinto confirme qu’elle construira un total de 96 cuves de la technologie AP60 à Saguenay. Le projet était attendu depuis longtemps dans la région tandis que la fermeture de ses cuves précuites à Arvida prévue pour 2025 soulevait des inquiétudes quant aux emplois.
Le projet qui contribuerait à la production annuelle d’environ 160 000 tonnes métriques d’aluminium primaire représente un investissement de 1,4 milliard de dollars (G$) au Complexe de Jonquière. «C’est le plus important investissement de Rio Tinto au Québec, mais aussi en Occident, depuis une décennie», commente le chef de la direction de Rio Tinto, Jakob Stausholm, en conférence de presse, lundi.
Rio Tinto avait construit 38 cuves AP60 en 2013, mais la faiblesse des prix de l’aluminium a incité l’entreprise à reporter la décision d’en ajouter d’autres.
Les investissements de Rio Tinto sont surveillés de près dans la région tandis que la fermeture des cuves précuites à Arvida prévue pour 2025 pourrait toucher entre 300 et 350 personnes.
La nouvelle aluminerie, pour sa part, entraînera la création de 100 emplois permanents. «On a plus d’emplois que ça à Arvida», reconnaît le directeur exécutif des Opérations Atlantique de Rio Tinto Aluminium, Sébastien Ross.
Il rappelle toutefois que la société a un projet d’usine de billette à Alma, annoncée l’été dernier, qui entraînera la création de 45 emplois. Le développement potentiel d’une commercialisation de la nouvelle technologie carboneutre Elysis dans la région pourrait aussi nécessiter des embauches. «C’est avec tous ses paramètres là qu’on va travailler pour avoir ça de façon harmonieuse et idéalement ne pas avoir à mettre personne à pied.»
La nouvelle usine AP60 pourrait être prête pour la première moitié de l’année 2026, avance M. Ross. L’échéancier dépasse celui de la fermeture des cuves précuites, en 2025. Le directeur a évoqué la possibilité de fermer trois cuves après cette échéance, dictée par le gouvernement pour des raisons environnementales, pour assurer une transition «harmonieuse».
Questionné sur le sujet, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a confirmé que cette question est sur la table et que des discussions ont lieu avec le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.
Le prêt pardonnable de 150 millions de dollars (M$) du gouvernement du Québec, lié à l’investissement annoncé lundi, sera conditionnel au maintien des emplois, a précisé M. Fitzgibbon. Les détails de l’entente doivent encore être «finalisés» et tiendront compte de la fermeture des cuves précuites et des investissements.
L’entente entre l’entreprise et le gouvernement Legault fournit également plus de détails sur les tarifs d’électricité de l’entreprise. Ils seront similaires au tarif L pour les nouvelles cuves.
Le président du Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida, Donat Pearson, s’est réjoui de l’annonce «tant attendue». «Pour moi, c’est une journée de fête. Je vais laisser Sébastien (Ross) tranquille avec les autres projets: mes demandes pour avoir des dates, de l’information pour qu’on avance dans les projets, mais on va reprendre ça dans les prochains jours.»
L’avenir d’Élysis
La société affirme que l’utilisation de la technologie AP60 permettra la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% par rapport aux vieilles cuves de l’usine d’Arvida.
La décarbonation de l’industrie de l’aluminium est la pierre d’assise de la stratégie de Québec pour assurer la pérennité de la filière.
L’industrie québécoise de l’aluminium a à la fois la particularité d’être moins polluante qu’ailleurs grâce à l’hydro-électricité, mais elle reste une importante émettrice de gaz à effet de serre (GES).
Le secteur demeure le plus important émetteur industriel du Québec. En 2020, l’industrie de l’aluminium émettait 42% des émissions du secteur industriel, soit 5,18 millions de tonnes en équivalent dioxyde de carbone en 2020, selon le plus récent Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre.
Au-delà de la technologie AP60, le gouvernement fonde beaucoup d’espoir sur la technologie Elysis. Le centre de recherche et de développement industriel Elysis, une entreprise détenue conjointement par Alcoa et Rio Tinto, travaille au développement d’un aluminium carboneutre au Québec.
Les deux entreprises n’ont toutefois pas confirmé que la production commerciale se ferait au Québec. Des propos du chef de la direction de la division Aluminium de Rio Tinto, Ivan Vella, laissant entendre que les cuves québécoises pourraient être trop vieilles ont refait surface en février semant le doute sur l’avenir de cette filière. L’entreprise avait cependant précisé qu’elle visait toujours un premier déploiement au Québec.
Sans entrer dans les détails, le premier ministre, François Legault, a aussi voulu se faire rassurant au sujet de l’avenir d’Elysis. Les discussions seraient «très avancées» pour une éventuelle commercialisation au Québec, affirme-t-il.