Un fonds de pension américain sommé de ne pas investir en Chine
François Normand|Publié le 27 août 2019La guerre froide entre Pékin et Washington se propage dans les marchés financiers.
La guerre froide entre Pékin et Washington se propage dans les marchés financiers, alors que deux sénateurs américains somment l’un des plus importants fonds de pension du gouvernement américain de renoncer à des milliards de dollars américains d’investissements en Chine pour des raisons de sécurité.
Le républicain Marco Rubio et la démocrate Jeanne Shaheen demandent au Federal Retirement Thrift Investment Board (FRTIB) de renoncer à affecter des milliards de dollars au financement d’entreprises chinoises qui, selon eux, appuient les efforts militaires, d’espionnage et de sécurité intérieure de Pékin.
M. Rubio, un haut responsable de la commission des affaires étrangères du Sénat, a fait campagne contre les entreprises chinoises liées au renseignement et à l’armée américaine. Mme Shaheen est membre du Comité sénatorial des forces armées.
Dans une lettre consultée par le Financial Times, les sénateurs signalent au président du FRTIB, Michael Kennedy, que son fonds soutient les entreprises publiques chinoises avec «les chèques de paie des membres de l’armée américaine et autres employés du gouvernement fédéral ».
Marco Rubio et Jeanne Shaheen affirment qu’un investissement imminent du FRTIB en Chine signifierait qu’environ 50 milliards de dollars de pensions du gouvernement américain seraient exposés au risque «grave et non divulgué» d’investir dans des sociétés chinoises sélectionnées.
Le FRTIB compte 5,5 millions de participants et gère des actifs évalués de plus de 578 milliards de dollars américains (765 milliards de dollars canadiens), ce qui en fait l’un des plus importants fonds de pension aux États-Unis.
Selon le Financial Times, la lettre datée du 26 août a été transmise à de hauts responsables américains, dont le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin.
Le FRTIB n’a pas voulu commenter.
La démarche des sénateurs Rubio et Shaheen survient alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait durer des années, disent des spécialistes.
Il y a plus que de stricts enjeux commerciaux derrière ce conflit. La montée en puissance politique, économique et militaire de la Chine, et son implication sur la politique internationale de Pékin, pèsent aussi dans la balance.