Il est impératif, en tant que société, de reconnaître et de valoriser le travail des baladodiffuseurs, blogueurs, «streameurs» et vlogueurs québécois. (Photo: 123RF)
Un texte de Denis Martel, stratège numérique et créateur de contenu
(Photo: courtoisie)
COURRIER DES LECTEURS. Six années d’entretiens et de balados avec des dizaines de politiciens et d’élus m’amènent à un constat ; une réflexion profonde s’impose. Le modèle d’affaire des médias traditionnels oblige souvent ces derniers à traiter avec hâte des débats politiques cruciaux, privilégiant le sensationnel au détriment de la nuance et de la profondeur. Ils causent par là même une perte de confiance du public envers les médias. Or, en cette rentrée, mon souhait le plus ardent est que la couverture médiatique soit empreinte de plus de subtilité, reflétant la complexité du monde politique.
Vous connaissez sûrement le concept de slow media, qui prône le droit à la lenteur pour la presse écrite et audiovisuelle. Il s’agit d’une revendication pour un journalisme plus proche des valeurs fondamentales du métier, plus artisanal qu’industriel. Dans un monde où l’information est consommée à la vitesse de la lumière, le slow media plaide pour une sortie de la spirale de l’urgence. Il s’agit de prendre le temps de choisir et de traiter les sujets, de privilégier la qualité à la quantité.
L’humain derrière le politicien
Comme le souligne dans son blogue le directeur de cabinet de Bruno Marchand, Clément Laberge, la politique est un monde d’hésitations, de doutes et de compromis. Clément Laberge, la politique est un monde d’hésitations, de doutes et de compromis. Les politiciens, malgré leurs convictions, sont souvent confrontés à des dilemmes. Il est essentiel d’écouter l’humain derrière le politicien. Les médias traditionnels ont tendance à créer des stéréotypes. Cependant, des créateurs de contenus indépendants, tels que les baladodiffuseurs, blogueurs et vlogueurs, offrent une perspective plus nuancée. Farnell Morisset, par exemple, travaille à démystifier les idées reçues sur les médias sociaux, apportant une bouffée d’air frais dans le paysage médiatique.
Valoriser les créateurs de contenus québécois
J’ai eu la chance d’aborder le sujet avec Mathieu Lacombe, le ministre de la Culture et des Communications, dans le cadre entrevue à mon balado, Les engagés publics, lors du Festipod 2023. Nous évoquions des créations indépendantes réussies comme Ouvre ton jeu de Marie-Claude Barrette et Contact de Stéphan Bureau.
Il est impératif, en tant que société, de reconnaître et de valoriser le travail des baladodiffuseurs, blogueurs, streameurs et vlogueurs québécois. Ces créateurs de contenus indépendants jouent un rôle essentiel dans la diversification de l’information et la démocratisation de la parole.
Cependant, pour qu’ils puissent continuer à enrichir notre paysage médiatique, il est crucial d’ouvrir l’accès aux sources de financements traditionnels. Le modèle actuel de financement des médias doit être repensé pour être plus inclusif et adapté à la réalité du 21e siècle.
En soutenant ces acteurs, nous favorisons non seulement leur développement, mais nous contribuons également à renforcer la pluralité des voix et des perspectives dans notre espace médiatique. Une telle démarche serait bénéfique pour l’ensemble de notre nation, offrant une information plus riche, variée et en phase avec les préoccupations actuelles de la population et de la société québécoise.
La montée de l’anxiété généralisée dans notre société est en partie alimentée par une consommation effrénée d’informations superficielles. Les slow medias, par leur approche réfléchie et approfondie, offrent une alternative apaisante. En cette rentrée, il est essentiel de repenser notre manière de consommer l’information. Seul un média qui prend le temps d’écouter, de comprendre et de refléter la réalité dans toute sa complexité peut rétablir la confiance avec son public.
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