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Voitures électriques: Ottawa souhaite ajouter des chargeurs

La Presse Canadienne|Publié le 15 Décembre 2021

Voitures électriques: Ottawa souhaite ajouter des chargeurs

Près de 85% des bornes de recharge rapide accessibles au public se trouvent au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Plus de 90% des chargeurs de niveau 2 accessibles au public se trouvent dans ces trois provinces. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Lorsque Wilf Steimle fait le trajet de 600 kilomètres depuis son domicile près de Barrie, en Ontario, pour se rendre à des réunions de conseil d’administration à Montréal, il peut s’y rendre en moins de sept heures avec trois arrêts de 12 minutes pour recharger sa voiture électrique.

Entre la région du Grand Toronto et Montréal, il existe au moins une quarantaine de bornes de recharge haute vitesse. La plupart d’entre elles sont capables de recharger entre deux et quatre véhicules à la fois.

Mais M. Steimle, président de l’Electric Vehicle Society, a déclaré que c’était loin d’être suffisant.

D’ici 2030, le gouvernement fédéral veut que la moitié de toutes les voitures neuves vendues soient des véhicules à zéro émission. Il veut atteindre 100% d’ici 2035. En 2020, seulement 3,5% des véhicules neufs étaient électriques ou hybrides.

M. Steimle estime que pour persuader les Canadiens de faire le changement, il faut les convaincre qu’il y aura une borne de recharge disponible quand ils en auront besoin et que cela ne retardera pas leurs déplacements sur la route.

«Des études en Europe et, lentement, les débuts d’études en Amérique du Nord, (indiquent que) les propriétaires de véhicules électriques disent constamment que l’autonomie n’a pas d’importance», a déclaré M. Steimle à La Presse Canadienne. «Ce qui les intéresse, c’est un accès fiable à une charge rapide.»

Ressources naturelles Canada a cartographié plus de 15 000 chargeurs de véhicules électriques accessibles au public, dans 6800 emplacements, à l’échelle du pays. Environ 3000 des chargeurs sont à courant continu rapide, ce qui signifie qu’ils peuvent généralement ajouter entre 250 et 300 kilomètres d’autonomie de batterie en une heure.

Les autres sont de niveau 2, capables d’ajouter environ 30 kilomètres d’autonomie en une heure.

Pour le Canadien moyen, qui conduit moins de 50 kilomètres par jour, les chargeurs de niveau 2 sont plus que suffisants. La plupart des gens pourraient compter presque entièrement sur une recharge à la maison pendant la nuit.

Pour les Canadiens des régions rurales, ceux qui effectuent des trajets routiers plus longs, les chauffeurs-livreurs urbains, les taxis et autres, les chargeurs rapides sont la seule option réaliste.

Mais le réseau de chargeurs est très inégal.

Près de 85% des bornes de recharge rapide accessibles au public se trouvent au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Plus de 90% des chargeurs de niveau 2 accessibles au public se trouvent dans ces trois provinces.

Cara Clairman, présidente du groupe militant en faveur des véhicules électriques Plug’n Drive, a déclaré qu’il s’agissait d’un problème de la poule ou de l’œuf. Il n’y a pas demande pour construire des chargeurs dans des endroits où il n’y a pas assez de voitures qui vont les utiliser.

Plus de 204 000 voitures électriques et hybrides ont été immatriculées au Canada depuis 2011. À l’exception de 8000, toutes se trouvaient au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. 

«Le corridor Montréal-Toronto accueille tellement de voitures et il y a donc une demande pour les chargeurs», a-t-elle déclaré. «C’est pourquoi nous avons besoin d’un financement gouvernemental.»

Les gouvernements provinciaux ont divers incitatifs pour aider les conducteurs à installer des chargeurs à la maison. Quelques-uns proposent également des incitatifs pour l’installation de chargeurs publics. Hydro One et Ontario Power Generation viennent d’annoncer qu’ils ajouteront de nouveaux chargeurs publics aux aires de repos sur les autoroutes connues sous le nom de ONroutes, 20 des 23 aires de ravitaillement devant être équipées d’ici la fin de l’année prochaine.

Depuis 2016, Ottawa à elle seule a dépensé près de 200 millions $ pour installer plus de 17 000 nouveaux chargeurs. Plusieurs sont encore en construction et près de 180 millions $ sont prévus pour doubler le nombre de chargeurs dans les trois prochaines années.

Certains d’entre eux sont publics, mais d’autres se trouvent également dans des immeubles d’appartements et des immeubles en copropriété.

Les libéraux ont promis 700 millions $ supplémentaires pendant la campagne électorale pour construire 50 000 chargeurs supplémentaires, mais n’ont pas encore précisé comment cet argent sera alloué.

Quatre-vingt-deux pour cent des nouveaux chargeurs financés à ce jour se trouvent également en Colombie-Britannique, au Québec et en Ontario, ce qui est légèrement supérieur à la part de la population de 75% pour ces provinces.

Bien que le trajet de M. Steimle entre la région du Grand Toronto et Montréal offre de nombreuses options pour s’arrêter à un chargeur rapide, il n’en va pas de même pour les autres trajets routiers. Un trajet similaire de 600 kilomètres entre Winnipeg et Regina n’offre que six options rapides le long de la route transcanadienne.

Le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a déclaré dans une récente entrevue avec La Presse Canadienne qu’il est bien conscient de l’existence des déserts de bornes de recharge.

M. Guilbeault, qui n’a jamais possédé de voiture personnelle, utilise une Chevrolet Bolt électrique comme véhicule ministériel. La chauffeuse de M. Guilbeault a planifié les itinéraires et le calendrier des déplacements fréquents entre le domicile du ministre à Montréal et la colline du Parlement à Ottawa, en fonction de l’endroit où elle pourrait trouver une borne de recharge rapide pour faire le plein.

M. Guilbeault a déclaré que résoudre le problème des bornes de recharge n’était pas sorcier.

«Notre objectif est d’augmenter considérablement le réseau à travers le pays afin que, dans un avenir très proche, cela ne soit plus un problème», a-t-il déclaré. «Franchement, nous n’envoyons personne sur la lune, c’est un problème technique très simple.»