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Volatilisé depuis cinq ans, un magnat canadien jugé en Chine

AFP|Publié le 04 juillet 2022

Volatilisé depuis cinq ans, un magnat canadien jugé en Chine

Xiao Jianhua était l'un des hommes les plus riches de Chine et le fondateur du conglomérat Tomorrow. (Photo: Getty Images)

Pékin — Il avait disparu en 2017 de son luxueux hôtel hongkongais dans de mystérieuses conditions: le magnat canadien d’origine chinoise Xiao Jianhua, jadis réputé proche des hauts dirigeants communistes, est jugé ce lundi en Chine.

Il était l’un des hommes les plus riches de Chine et le fondateur du conglomérat Tomorrow, un empire aux intérêts divers notamment dans le secteur bancaire, l’immobilier et les assurances.

Jusqu’à sa disparition, M. Xiao vivait à Hong Kong dans un appartement d’un hôtel multiétoilé, le Four Seasons, qui a eu la réputation d’être un refuge pour les magnats chinois des affaires.

Selon des informations de presse de l’époque, le milliardaire aurait été enlevé fin janvier 2017 par des agents de Pékin, au mépris des lois de Hong Kong qui interdisaient alors à la police chinoise d’agir dans le territoire semi-autonome.

L’affaire avait suscité l’émoi dans l’ancienne colonie britannique, qui dispose d’un cadre juridique distinct de celui en vigueur en Chine continentale.

Depuis la disparition de M. Xiao, peu d’informations ont filtré et les autorités chinoises ont toujours gardé le silence sur l’affaire.

L’ambassade du Canada à Pékin a confirmé lundi le procès de l’homme d’affaires.

«Affaires mondiales Canada a connaissance qu’un procès dans l’affaire du citoyen canadien, M. Xiao Jianhua, aura lieu le 4 juillet 2022», a indiqué à l’AFP l’ambassade, qui n’a précisé ni le lieu du procès ni les charges visant l’accusé.

«Les agents consulaires canadiens suivent cette affaire de près, fournissent des services consulaires à sa famille et continuent de faire pression pour obtenir un accès consulaire», a-t-elle souligné.

 

«Très compliqué»

D’après des informations de presse, le magnat aurait eu des liens étroits avec de hauts dirigeants du Parti communiste (PCC) au pouvoir en Chine.

L’homme d’affaires a pu être victime de la campagne anticorruption du président chinois Xi Jinping qui, selon ses détracteurs, lui sert aussi à cibler ses opposants politiques et leurs soutiens.

«Après cinq ans d’attente discrète, notre famille continue, sur la base des strictes instructions de mon frère, à faire confiance au gouvernement et à la loi chinoise», confiait le mois dernier au Wall Street Journal le frère aîné du magnat déchu, Xiao Xinhua.

«C’est très compliqué», avait-il déclaré à propos de l’affaire, selon le quotidien américain.

Le cas Xiao Jianhua rappelle la «disparition» en 2015 de cinq libraires de Hong Kong, connus pour publier des livres au contenu salace sur la classe politique chinoise.

Tous s’étaient volatilisés pour refaire surface en Chine continentale, aux mains de la justice.

L’un d’eux, Lam Wing-kee, avait été autorisé à rentrer à Hong Kong pour récupérer la liste des clients de sa librairie et retourner en Chine continentale. Mais il avait à la place convoqué la presse pour livrer des révélations explosives sur ce qui lui était arrivé. 

 

Tensions en vue?

Issu d’un milieu pauvre, Xiao Jianhua, après des études à la prestigieuse université de Pékin, avait débuté en vendant des ordinateurs. Il a un temps été l’un des hommes les plus riches de Chine.

Selon le classement Hurun des milliardaires chinois, la fortune du magnat était estimée à quelque six milliards de dollars américains en 2017, année de sa disparition.

Ce dossier judiciaire pourrait revenir empoisonner les relations sino-canadiennes.

Les années qui ont suivi la disparition de Xiao Jianhua avaient été marquées par de vives tensions entre la Chine et le Canada, provoquées par l’arrestation fin 2018 à Vancouver de Meng Wanzhou.

Cette directrice financière du groupe privé chinois de télécommunications Huawei avait été interpellée sur demande des États-Unis, qui réclamaient son extradition afin de la juger pour fraude.

Dans la foulée de son arrestation, Pékin avait arrêté deux Canadiens en Chine et visé les exportations agricoles canadiennes. Les trois protagonistes avaient finalement été libérés en septembre 2021.

Un dégel des relations avait suivi. La Chine a ainsi levé en mai 2022 son interdiction sur les importations de canola canadien, une variété de colza.