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Wilkinson: le ministère des Ressources naturelles doit évoluer

La Presse Canadienne|Publié le 16 novembre 2021

Wilkinson: le ministère des Ressources naturelles doit évoluer

Le nouveau ministre des Ressources naturelles du Canada, Jonathan Wilkinson, a déclaré que son ministère ne pouvait plus être considéré principalement comme le ministère des combustibles fossiles.(Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Dans un pays déterminé à aider à ralentir le réchauffement climatique sans détruire son économie, le nouveau ministre des Ressources naturelles du Canada a déclaré que son ministère ne pouvait plus être considéré principalement comme le ministère des combustibles fossiles.

Mais Jonathan Wilkinson affirme également que les libéraux ne comptent pas que sur le secteur pétrolier et gazier pour faire le gros du travail dans la lutte contre les changements climatiques, car toutes les industries qui contribuent au problème doivent faire partie de la solution.

M. Wilkinson est devenu il y a trois semaines le quatrième ministre des Ressources naturelles en six ans. Après avoir dirigé le ministère chargé de lutter contre les changements climatiques, il est responsable de celui qui réglemente de nombreux produits qui en sont à l’origine.

Mais lorsque l’ancien PDG de l’industrie des technologies propres a pris la direction de Ressources naturelles Canada, certains y ont vu un signal que le ministère allait évoluer pour donner la priorité à ces technologies.

«Je serais d’accord avec cela», a déclaré M. Wilkinson, dans une entrevue avec La Presse Canadienne, au sujet de ses priorités dans ce nouvel emploi.

«Je pense que la façon dont nous définissons les ressources naturelles à l’avenir doit en fait inclure les énergies renouvelables, elle doit inclure l’hydrogène, elle doit inclure les biocarburants. Je pense absolument que l’ancienne façon de conceptualiser le ministère, qui ne tournait qu’autour du pétrole, du gaz et de l’exploitation minière, n’est pas la façon dont nous envisageons les choses à l’avenir.»

Les tensions entre les secteurs des combustibles fossiles, sur lesquels le monde et le Canada comptent depuis des décennies, et la science qui attribue à la combustion de ces combustibles le réchauffement croissant de la planète et la destruction du climat qui en découle, ont été pleinement mis en évidence au cours des deux dernières semaines lors des discussions sur le climat de la COP26 des Nations unies, en Écosse.

Les défenseurs de l’environnement ont soutenu avec acharnement que la seule façon d’empêcher le réchauffement climatique de devenir catastrophique est une élimination à grande échelle de l’utilisation des combustibles fossiles. La création d’une alliance Beyond Oil and Gas, une initiative visant à éliminer complètement les combustibles fossiles, a été l’une des initiatives les plus discutées à l’issue de la COP26.

Le gouvernement du Québec a signé en tant que membre associé, mais pas le Canada.

M. Wilkinson, qui a passé plusieurs jours à la COP26 à défendre la position du Canada sur l’élimination progressive des subventions aux combustibles fossiles, mais aussi à promouvoir le développement de l’hydrogène, a déclaré que les positions polarisées du tout ou rien sur la production de pétrole et de gaz sont difficiles. Il a dit qu’il voyait toujours un rôle au Canada pour certains combustibles fossiles tant qu’ils ne contribuent pas aux émissions de gaz à effet de serre.

Cela inclut, a-t-il dit, l’utilisation de bitume pour des fonctions non combustibles comme l’asphalte ou le graphite de carbone, et l’extraction de molécules d’hydrogène du gaz naturel, à condition que cela soit fait avec une technologie qui réduit d’abord puis élimine finalement les émissions de gaz à effet de serre qui proviennent de ce processus.

«Ce sont des choses que nous devrions examiner, car en fin de compte, nous sommes intéressés par de bons résultats économiques et aucune émission de carbone», a-t-il déclaré. «Je pense donc que c’est ainsi que les gens doivent y penser, plutôt que d’adopter des positions polarisées.»

M. Wilkinson est moins optimiste quant à l’avenir de la plupart des produits du pétrole et ne voit aucune voie au Canada pour continuer à utiliser le charbon.

«Pour ce qui est du pétrole, c’est principalement un carburant de transport et nous nous engageons tous à passer réellement aux véhicules carboneutres», a-t-il déclaré. «Et ainsi, avec le temps, vous constaterez une réduction de la quantité de pétrole utilisé, brûlé à des fins de transport. C’est juste de la logique.»

La technologie de capture du carbone dans son ensemble n’est pas non plus une solution massive à long terme pour permettre la combustion continue de combustibles fossiles pour l’énergie, a souligné M. Wilkinson, car les formations géologiques nécessaires pour stocker les gaz n’existent pas partout.

Ses priorités pour les premiers mois de son nouveau poste sont de travailler avec les provinces pétrolières et gazières pour établir un plafond des émissions créées par la production de pétrole et de gaz.

L’ancien premier ministre Stephen Harper a récemment accusé les libéraux de cibler les régions productrices de pétrole pour atteindre leurs objectifs en matière de changements climatiques, parce que ces régions ne votent pas pour les libéraux. M. Wilkinson n’a pas fait référence directement à M. Harper, mais a rejeté le sentiment.

«Certaines personnes disent que nous avons choisi l’espace pétrolier et gazier et à cela, je dis en fait que ce n’est tout simplement pas vrai», a-t-il assuré. «Si vous lisez le reste du plan sur le climat, par exemple, dans la partie sur les transports, nous avons parlé d’un arrêt brutal de la vente de véhicules à moteur thermique après 2035 pour les mêmes raisons.»

Il a ajouté que l’une de ses priorités sera de travailler avec les régions touchées pour garantir que la transition visant à s’éloigner des combustibles fossiles soit positive.