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Zone d’innovation en aérospatiale: investissements de 415M$

LesAffaires.com et La Presse Canadienne|Mis à jour le 18 juin 2024

Zone d’innovation en aérospatiale: investissements de 415M$

Le premier ministre du Québec, François Legault (Photo: La Presse Canadienne)

Le premier ministre François Legault a annoncé mardi matin la création d’une quatrième zone d’innovation, Espace Aéro, lors du Forum innovation aérospatiale international, à Montréal. 

Elle s’étendra à Longueuil, Mirabel et Montréal.

(Re)lire notre dossier: Zones d’innovation: le Québec dans la course 

«On a réussi à mettre ensemble la Polytechnique, l’École de technologie supérieure, l’Université McGill et Concordia, des entreprises incluant Bombardier et Boeing, le Conseil national de recherche du Canada, le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec», a indiqué François Legault.

La zone d’innovation, sous la gouverne d’Espace Aéro, «vise à rehausser l’attractivité du Québec dans le domaine de l’aérospatiale et à en faire un chef de file mondial en décarbonation et en mobilité aérienne avancée», selon un communiqué du gouvernement.

La zone d’innovation priorisera deux axes de développement: la décarbonation des appareils, ainsi que l’autonomie et la sécurité des aéronefs. 

«Le Québec est maintenant le seul endroit au monde où les trois géants de l’aviation, Airbus (EPA: AIR, 160,26€), Boeing et Bombardier (TSE: BBD.B, 78,64$), sont directement présents. Ça en dit long sur la qualité de notre environnement d’affaires, mais aussi sur le talent de la main-d’œuvre québécoise et la qualité de la recherche qui se fait chez nous», a dit François Legault. 

«On va pouvoir stimuler l’innovation et former de nouveaux talents, a mentionné de son côté le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et le ministre responsable du Développement économique régional, Pierre Fitzgibbon. Le Québec sera un pôle attractif pour d’autres entreprises.»

Environ 85 millions de dollars (M$) seront investis de la part du gouvernement du Québec. 

Boeing (NYSE: BA, 186,61$US) investira pour sa part près de 240M$ dans trois projets différents. (110M$ pour le développement de la zone d’innovation, 35M$ pour des travaux de R-D de Héroux-Devtek sur les trains d’atterrissage et 95M$ pour augmenter le nombre d’employés au Québec de la filiale Wisk Canada de Wisk Aero, une filiale de Boeing, afin de poursuivre le développement de l’avion-taxi drone Wisk, dont la propulsion est électrique).

«Le visage économique du Québec va changer pour les prochaines années», a dit le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, présent pour l’occasion.

 

Une entreprise étrangère au cœur de la zone d’innovation 

Le premier ministre Legault a fait valoir que le centre d’innovation permettra de «mettre des chercheurs avec des entreprises pour être capables d’innover et de commercialiser cette innovation au bénéfice de tous les citoyens du Québec». 

Mais l’expertise québécoise servira également à l’entreprise Boeing. 

«Le poids de Boeing» dans cette aventure laisse toutefois «un peu perplexe» le directeur de l’Observatoire international d’aéronautique et d’aviation civile de l’Université du Québec à Montréal. 

«Il ne faut pas oublier que Boeing vient ici pour chercher notre expertise», a indiqué Mehran Ebrahimi. 

Il a expliqué que «Boeing est dans un pétrin pas possible» en raison notamment des problèmes de sécurité liés au 737 Max. 

«Les expertises qu’il lui faut aujourd’hui pour s’en sortir, c’est la logistique et les opérations dans l’aéronautique, et on l’a chez nous, ainsi que les expertises pour les métiers futurs de l’aviation», donc «il ne faut pas penser que Boeing nous offre un cadeau», a expliqué le professeur à l’UQAM. 

Mehran Ebrahimi est toutefois d’avis que l’annonce de la zone d’innovation est «vraiment une très bonne nouvelle» qui «est très logique, autant du point de vue géographie qu’en termes d’expertises». 

À Québec, le chef par intérim de l’opposition libérale, Marc Tanguay, a mentionné «qu’on a perdu beaucoup de temps en économie et qu’on aurait dû avoir beaucoup plus de zones d’innovation depuis six ans et partout au Québec» et «que la Coalition avenir Québec avait promis d’en faire beaucoup plus». 

En conférence de presse, le premier ministre Legault a indiqué que le Québec est «le troisième site au monde pour la fabrication d’avions, après Seattle et Toulouse», et que 235 entreprises œuvrent dans l’industrie aérospatiale au Québec.

 

Deux axes

Selon le communiqué de presse, Espace Aéro va prioriser deux axes de développement, soit:

1. «La décarbonation, grâce à la configuration de véhicules plus efficaces, à des structures plus légères et à des systèmes moins polluants;»

2. «L’autonomie et la sécurité des aéronefs, au moyen de technologies et de systèmes intelligents, de communication, de contrôle à distance et de cybersécurité.»

 

Trois pôles 

Le pôle Longueuil offre déjà de la formation technique en aérospatiale, qui sera bonifiée avec le regroupement de l’École nationale d’aérotechnique (ENA), le Centre technologique en aérospatiale (CTA) et l’École de technologie supérieure (ETS). Pratt & Whitney, Héroux-Devtek et H55 Canada, ainsi que l’Agence spatiale canadienne et Aéroport métropolitain de Montréal, sont déjà présents à Longueuil. 

Le pôle Mirabel «propose un environnement d’essais, d’expérimentations et de simulations à grande échelle et virtuelles de technologies d’autonomie et de drones. On y trouve aussi des activités de fabrication, d’entretien et de recyclage d’aéronefs ou de leurs composants.» Aéroports de Montréal, le Centre d’excellence sur les drones et le Cégep de Saint-Jérôme seront aussi partenaires. 

Le pôle Montréal accueillera comme projet phare un éventuel Centre collaboratif d’innovation en aérospatiale et mobilité (CCIAM), pour lequel une contribution financière de 224 000$ a été accordée. Polytechnique, l’Université Concordia, l’ETS et l’Université McGill participeront activement à la zone. Bombardier, Stelia (Airbus), CAE, le CNRC et plusieurs autres organisations, sont aussi situés dans ce pôle.

 

D’autres détails suivront.