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Avec le taux préférentiel à 4,70% au Canada, les taux d’intérêt des hypothèques sont à la hausse, ce qui rend la propriété d’un logement de plus en plus inabordable pour de nombreux Canadiens. Il n’est donc pas surprenant que la hausse des taux ait suscité chez quelques propriétaires le désir de rembourser rapidement leur hypothèque pour réduire l’impact de ce coût.
Comme pour toute décision financière, il est important de dépassionner le débat et de réfléchir à une stratégie qui vous rende le meilleur service possible à court et à long terme. Payer des sommes supérieures à votre montant mensuel peut aider. Cela réduit le total des intérêts à payer et peut même réduire de quelques années le délai d’amortissement. Mais bien que rembourser ce qui est probablement votre plus grosse dette puisse paraître comme le meilleur moyen de réduire votre angoisse quand les temps sont durs, ce n’est nécessairement la meilleure utilisation de votre argent durement gagné.
Pour rembourser une hypothèque, les paiements par anticipation sont-ils la stratégie optimale pour vous ? Voici quelques facteurs à considérer :
Comprenez bien les termes de votre hypothèque
Si vous prévoyez de faire des paiements supplémentaires tous les mois ou tous les ans, il est important de comprendre les termes de votre hypothèque. Par exemple, y a-t-il une pénalité pour rembourser plus que le montant mensuel établi ? Votre prêt hypothécaire est-il ouvert ou fermé ? Les prêts hypothécaires ouverts comportent une option de paiements supplémentaires et pas les prêts fermés, sauf parfois sous certaines conditions. Si vous avez bel et bien l’option d’effectuer des paiements supplémentaires, est-ce de façon souple ou seulement au cours de périodes prédéfinies comme la fin de chaque année de votre terme ? Y a-t-il une limite au montant que vous pouvez payer par anticipation ? Avant de mettre au point un plan de paiements anticipés, passez bien en revue les termes de votre hypothèque pour éviter les pénalités.
Le coût d’opportunité des paiements anticipés
Les maisons sont chères et la portion de votre dette est devenue plus chère avec la hausse des taux d’intérêt. Si vous avez la chance de disposer de plus d’argent à affecter à votre hypothèque, il est important d’évaluer avant tout vos alternatives pour vous assurer que vous faites un usage optimisé de votre argent. Rembourser le capital et minimiser les intérêts est utile, mais, et si votre argent rapporte plus ailleurs ?
Par exemple, s’il vous reste trois ans avant la fin de votre terme et que vous voulez affecter 10 000 $ au remboursement de votre prêt hypothécaire, vous pourriez économiser environ 600 $ en intérêts (à un taux fixe de 2% si vous avez bloqué votre hypothèque avant cette année). Maintenant, songeons à un CPG à 4% (ce qui n’est pas inhabituel en ce moment) : votre rendement doublera pour atteindre environ 1 200 $. Une stratégie alternative pourrait être de placer votre argent dans un CPG de trois ans et d’utiliser les rendements comme un paiement forfaitaire au renouvellement de votre hypothèque.
Il y a bien d’autres façons d’optimiser votre argent, notamment en remboursant vos dettes à intérêts élevés comme celles des cartes de crédit ou de trouver des abris fiscaux comme un REER ou un CELI. Bien qu’il n’y ait aucune garantie, les marchés baissiers pourraient être le moment idéal pour acheter des actions «soldées».
Maintenir une liquidité
Bien que cela puisse paraître évident, il convient aussi de noter qu’engloutir jusqu’à votre dernier sou dans votre hypothèque implique que cela ne vous laissera peut-être pas suffisamment d’argent pour faire face à d’autres obligations. Par exemple, avez-vous mis de l’argent de côté pour couvrir les urgences ? Êtes-vous en bonne voie pour atteindre vos objectifs de retraite ? Avez-vous en perspective de grosses dépenses comme des voyages ou des frais de santé ? Il est important de tenir compte de l’ensemble de vos objectifs ou de vos dépenses à court terme avant de faire des remboursements par anticipation.
Quand les taux d’intérêt augmentent, on dirait que les objectifs à atteindre s’éloignent de plus en plus. Mais il est important de garder du recul. L’immobilier n’est qu’une pièce du puzzle financier, et en raison même de sa taille (à la fois physique et financière), il a tendance à mettre sous l’éteignoir d’autres avenues de placement qui méritent elles aussi qu’on s’y penche. Comme pour toute décision financière importante, faites vos recherches, parlez à un expert et prenez la décision qui convient le mieux à vos objectifs financiers.