Automobile: la grève aux É.-U. pourrait avoir un impact au Québec
François Normand|Publié le 15 septembre 2023C’est la première fois que le puissant syndicat des UAW s’attaque simultanément aux trois constructeurs automobiles américains syndiqués, souligne la chaîne d’information CNN. (Photo: Getty Images)
La grève historique qui vient d’être déclenchée dans le secteur automobile aux États-Unis pourrait avoir des impacts auprès de fournisseurs au Québec, affirme la PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx.
«Si le conflit perdure, ça va avoir un impact sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en Amérique du Nord, incluant en Ontario et au Québec», dit-elle entrevue à Les Affaires.
Ce vendredi, 12 700 membres de l’United Auto Workers (UAW), soit le syndicat des travailleurs dans le secteur automobile aux États-Unis, ont déclenché une grève qui paralyse trois usines importantes au Michigan, en Ohio et au Missouri.
Ford, General Motors (GM) et Stellantis (qui contrôle Chrysler), les trois géants de l’industrie automobile aux États-Unis, possèdent ces usines.
Au total, le syndicat des UAW représente 146 000 travailleurs dans ces trois entreprises aux États-Unis.
Cette grève est historique.
C’est la première fois que le puissant syndicat des UAW s’attaque simultanément aux trois constructeurs automobiles américains syndiqués, souligne la chaîne d’information CNN.
Les retraites, les salaires et les congés sont au cœur de cet affrontement entre les travailleurs syndiqués et les trois géants de l’automobile.
Véronique Proulx rappelle que l’industrie automobile en Amérique du Nord est transfrontalière, c’est-à-dire que les pièces et les équipements traversent souvent la frontière d’une usine à l’autre, dans un mode de production en juste-à-temps
«Des fournisseurs québécois de l’industrie aux États-Unis peuvent donc être touchés par cette grève, mais aussi des clients», souligne-t-elle.
La PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec, Véronique Proulx (Photo: Martin Flamand)
115 entreprises dans l’industrie au Québec
Le Québec compte 115 entreprises actives dans l’industrie automobile (marchés des pièces d’origine et de rechange), qui emploient 6500 personnes et génèrent des revenus annuels de 1,8 milliard de dollars (G$), selon le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
Les joueurs de l’industrie au Québec fabriquent des pièces, des systèmes et des accessoires pour des automobiles et des camions légers.
Une dizaine de ces 115 entreprises sont des filiales de société étrangères, comme Waterville TG, à Waterville, en Estrie. Propriété de la japonaise Toyoda Gosei, elle fabrique des joints d’étanchéité sur mesure pour les constructeurs automobiles.
La québécoise Fonderie Poitras, à L’Islet, dans Chaudière-Appalaches, est un autre fournisseur de l’industrie au Québec. Cette entreprise est notamment un fournisseur de Ford pour la construction des camionnettes F150.
Au moment de mettre cet article en ligne, ces deux entreprises n’avaient pas répondu à notre demande d’entrevue afin d’en savoir plus sur l’impact potentiel de la grève aux États-Unis sur leurs activités.
Jointe également par Les Affaires, Spectra Premium, une entreprise de Boucherville, en Montérégie, qui fabrique des pièces d’origine et de rechange, affirme que la grève n’aura pas d’impact sur elle, car ses ventes sont avant tout concentrées au Canada.