Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Aya Or & Argent flaire un filon de croissance

Simon Lord|Édition de la mi‑Décembre 2022

Aya Or & Argent flaire un filon de croissance

La production actuelle d’argent à la mine Zgounder, une propriété située au Maroc que la société qualifie de « vaisseau amiral », s’élève à 1,5 million d’onces. (Photo: courtoisie)

Jamais deux sans trois, promet le dicton. La société minière montréalaise Aya Or et Argent (AYA, 8,68 $) veut lui donner raison. Listée en 2022 dans le TSX 30 pour une deuxième année consécutive, l’entreprise a l’objectif ambitieux de répéter l’exploit l’année prochaine et la suivante. A-t-elle une stratégie assez forte pour y arriver? Survol de son plan de match. 

En 2020, la société minière Aya Or & Argent a subi une importante transformation. L’ancien PDG, Noureddine Mokaddem, a été remplacé par Benoit La Salle, qui a piloté un grand redressement opérationnel, incluant notamment un nouveau plan d’entretien, de réparation et de mise à jour de ses installations et équipements. L’entreprise a également pris sa dénomination actuelle; elle s’appelait auparavant Maya Or & Argent. 

Dans l’ensemble, les changements ont payé. La société s’est retrouvée dans l’indice TSX 30 en 2021 et en 2022. Ce palmarès, compilé annuellement, regroupe les entreprises dont les actions cotées à la Bourse de Toronto affichent le meilleur rendement sur trois ans, incluant les versements de dividendes. 

Arrivée en 18e position avec un rendement de 245 % en trois ans, Aya Or & Argent était valorisée à 688 millions de dollars (M$) au 30 juin dernier, comparativement à 148 M$ trois ans plus tôt. Le titre de l’entreprise a aussi connu un important essor à la suite du changement de direction, passant de 0,82 $ en février 2020 à 8,68 $ au 23 novembre dernier.

D’ici les deux prochaines années, le PDG de la minière, Benoit La Salle, anticipe pouvoir continuer de livrer la marchandise sur le plan de la croissance. 

« Mon objectif, si le cours de l’argent se maintient, est que l’on se retrouve de nouveau dans le TSX 30 en 2023 et 2024, c’est certain », dit-il, notant que la demande pour l’argent est tirée vers le haut par l’industrie des panneaux solaires. « On a un plan de croissance très agressif. »

 

L’incertitude logistique

La production actuelle d’argent à la mine Zgounder, une propriété située au Maroc que la société qualifie de « vaisseau amiral », s’élève à 1,5 million d’onces. Avec la construction d’une troisième usine de traitement de minerai l’an prochain, Aya Or & Argent s’attend à ce que la production annuelle passe à environ 8 millions d’onces. 

« On n’arrivera pas tout à fait dans le top 10 des plus grands producteurs d’argent au monde. Pour ça, il faudrait franchir la barre des 10 millions. Mais on sera la plus grande minière au monde à ne produire que de l’argent », dit Benoit La Salle. Cela, c’est si elle arrive à bien exécuter son plan. 

En effet, la construction de sa nouvelle usine, qui implique un investissement de 150 M$ US, ne sera pas sans défis. Le plus important sera celui de la logistique et de l’approvisionnement : la minière attend notamment un broyeur, qui provient de Chine, ainsi que d’autres pièces et équipements venant de l’Europe.

« Est-ce qu’on va réussir à respecter l’échéancier? On avait dit aux actionnaires qu’on commencerait la production au premier trimestre de 2024. À ce jour, on respecte l’échéancier, mais on n’est pas à l’abri d’un retard de livraison », dit Benoit La Salle. 

« Les plans d’ingénierie sont faits, le processus de production a été testé et les ressources sont là, on le sait. C’est juste une question d’exécution. S’il y a des imprévus, on pourrait être en retard d’un mois, peut-être, mais rien pour provoquer un retard de six mois. En somme, on est en très bonne position. » 

Le climat inflationniste est aussi une source de préoccupations, quoique celles-ci soient relativement mineures. 

« Nos achats ont été effectués à 95 % et on respecte le budget. Une fois que la propriété Zgounder aura atteint son rythme de croisière, elle devrait créer des profits de l’ordre de 100 M$ par année pendant 10 à 15 ans », affirme le dirigeant.

 

Une perle sous la boue

Le second grand dossier d’Aya Or & Argent, dans l’année qui vient, sera celui de son projet Boumadine, une autre mine située au Maroc. Dans ce cas-ci, la société en est encore à l’étape de comprendre la géologie du site. Mais elle compte accélérer les travaux sur la propriété. 

« Normalement, entre la découverte et la mise en production d’une mine, il faut compter sept ans, explique Benoit La Salle. Nous, sur Boumadine, on veut couper ça de beaucoup. Idéalement, on veut entrer en production en 2026. »

Par conséquent, la société prévoit être « très agressive » sur le plan du forage et des interprétations géologiques. Elle espère ainsi pouvoir livrer une étude économique préliminaire à la fin de 2023, de même qu’une étude de faisabilité en 2024. 

Mais déjà, elle estime avoir sous la main un projet d’envergure.

« Quand on a repris la direction de l’entreprise il y a deux ans, les projets n’allaient nulle part et la société était sur le point de fermer, raconte, Benoit La Salle. Mais après avoir réalisé des études géologiques, on a réalisé qu’on avait trouvé deux perles sous la boue : Zgunder et Boumadine. »

Le PDG explique que les forages sur le site de Boumadine ont permis de découvrir des « zones extraordinaires » comprenant de fortes teneurs en minerai. Dans ce cas-ci, la mine devrait produit non seulement de l’argent, mais aussi de l’or, du zinc et du plomb.

« On comprend déjà que c’est un projet important et l’exploration ne fait que commencer », raconte le dirigeant. De deux foreuses sur le site à ce jour, l’entreprise prévoit en avoir six en janvier 2023.

 

Plus d’argent, plus de revenus

Au-delà de ses propriétés Zgunder et Boumadine, Aya Or & Argent n’a pas d’objectif d’acquérir ou de lancer d’autres projets pour le moment. Par contre, la société détient 13 permis d’exploration dans les zones avoisinant sa mine de Zgunder. 

« On a donc confiance que l’on sera éventuellement, à plus long terme, propriétaire de un ou même de deux projets dans cette zone-là », prévoit Benoit La Salle. 

D’ici là, avec une production qui doit passer de 1,5 million à 8 millions d’onces d’argent une fois que sa nouvelle usine de Zgounder tournera à plein régime, en 2024, Aya Or & Argent verra ses revenus annuels augmenter de 34 M$ US à 160 M$ US.

Mais ça, c’est si le prix de l’argent continue de tourner aux alentours de 20 $ l’once. 

Benoit La Salle anticipe plutôt une hausse en raison de la forte demande autant pour des applications industrielles que pour sa qualité de valeur refuge. 

« Je pense que l’an prochain, on verra l’argent passer à 25 $ ou 30 $ l’once, et l’année suivante, à 40 $ ou 50 $, dit-il. Cela dit, dans notre industrie, c’est un jeu de serpents et échelles, et là, on est au sommet de l’échelle. Pour y rester, on doit être vigilant et bien travailler. Alors on va continuer de forer. »