Cette région française veut attirer des entreprises du Québec
François Normand|Publié le 28 septembre 2023Siège du Parlement européen à Strasbourg, chef-lieu de la région Grand Est, en France. (Photo: Getty Images)
Quand vient le temps de s’établir en France, les entreprises québécoises choisissent souvent de s’implanter dans les principales villes du pays comme Paris, Bordeaux ou Lyon. Or, elles sous-estimeraient une région très accueillante, mais qui est sous leur écran radar: le Grand Est, dont le chef-lieu est Strasbourg, également siège du Parlement européen.
C’est du moins l’avis d’Olivier Perrin, président de Becoming Elsewhere, une firme-conseil établie à Montréal et à Toronto, qui peut aider des sociétés du Québec à s’établir dans le Grand Est, ou aider des entreprises françaises à s’implanter au Québec ou ailleurs au Canada.
«Cette région abrite une main-d’œuvre qualifiée, dont les salaires sont compétitifs, dit ce Français établi au Québec depuis 17 ans. Elle est aussi bien située, car elle touche à la fois à la Belgique, au Luxembourg, à l’Allemagne et à la Suisse, en plus d’être près de la région parisienne.»
Le Rhin, l’axe fluvial et commercial le plus important d’Europe, longe aussi le flanc oriental de la région.
Signe des liens potentiels forts avec le Québec, la région du Grand Est a ouvert son premier bureau à l’étranger à Montréal, et le responsable est Olivier Perrin.
Créé officiellement le 1er janvier 2016, le Grand Est est né de la fusion de trois anciennes régions administratives de cette partie de la France, soit l’Alsace, la Champagne-Ardenne et la Lorraine.
Une longue histoire industrielle
Cette nouvelle région, qui compte 5,5 millions d’habitants, a une longue histoire industrielle, notamment en sidérurgie.
Encore aujourd’hui, le Grand Est est la troisième région de France la plus industrialisée, selon une analyse de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), publiée en 2022.
Toutefois, entre 1990 et 2018, la progression moyenne du PIB du Grand Est s’est élevée à 0,9%, soit le deuxième plus faible taux de croissance des régions métropolitaines après la Bourgogne-Franche-Comté, d’après les données de l’INSEE.
Pour accélérer sa croissance, la région mise sur des activités structurantes, selon Olivier Perrin. «Les secteurs forts sont l’industrie automobile, les énergies renouvelables, l’intelligence artificielle, la cybersécurité et la fabrication d’équipements pour l’industrie 4.0», dit-il.
La région abrite d’ailleurs le 2e plus grand projet d’Industrie 4.0 en France, soit KMØ, un lieu d’innovation entre industriels, chercheurs et étudiants. Il est situé à Mulhouse, au sud de Strasbourg, à la jonction des frontières française, allemande et suisse.
La région attire aussi des investissements importants.
En mai, Holosolis, une coentreprise créée par la néerlandaise EIT InfoEnery et les françaises Groupe IDEC et TSE, a annoncé la construction d’une usine de panneaux solaires, en Moselle, qui sera en activité en 2025.
On parle ici d’un projet de 700 millions d’euros (993 millions de dollars canadiens).
L’Allemagne est le principal investisseur étranger
En 2022, la région Grand Est a accueilli 150 projets d’investissements étrangers, en croissance de 4,8% comparativement à 2021, selon le gouvernement régional.
Les entreprises allemandes sont les premiers investisseurs étrangers, suivies par les sociétés néerlandaises, belges, suisses, italiennes et américaines.
Les autorités locales sont très actives pour aider les entreprises étrangères à s’implanter dans le Grand Est. Dans certains cas, le gouvernement devient même partenaire dans des projets.
«Cette implication force à avoir des résultats», souligne Olivier Perrin.