Comment l’industrie alimentaire embrasse les critères ESG
Sylvie Cloutier|Mis à jour le 18 juin 2024Pour les entreprises de l'industrie alimentaire du Québec, le concept ESG a un impact significatif dans chaque aspect de leurs activités. (Photo: 123RF)
EXPERTE INVITÉE. ESG, le fameux acronyme qui fait référence à trois critères utilisés pour évaluer la durabilité et la responsabilité sociale des entreprises, est devenu un incontournable. Ce concept est utilisé comme une lentille pour évaluer risques et opportunités associés aux investissements dans une entreprise ou une industrie particulière.
Les critères ESG visent à générer de la création de valeur à long terme, en renforçant la résilience des entreprises et en favorisant l’innovation et la croissance durable.
Dans un monde où les consommateurs sont de plus en plus conscients de l’impact de leurs choix sur l’environnement, le concept ESG gagne en importance, et son influence se fait ressentir partout, incluant dans l’industrie alimentaire du Québec.
Pour les entreprises de chaque secteur manufacturier, concevoir son développement en fonction des piliers ESG est un chantier complexe et laborieux.
En revanche, les entreprises qui réussissent à intégrer des pratiques durables pourront se démarquer sur le marché, en répondant aux attentes croissantes pour des produits éthiques et responsables.
Les critères ESG ont un impact croissant sur la manière dont les entreprises alimentaires québécoises opèrent, se positionnent sur le marché et répondent aux attentes des consommateurs soucieux de durabilité.
Pas de standards universels
Ces critères ont émergé comme un cadre essentiel pour évaluer les performances des entreprises sur des dimensions plus larges que la simple rentabilité financière.
Toutefois, rendre des comptes sur les critères ESG est un vrai casse-tête en raison du manque de normes ou de standards universels pour divulguer ce type d’informations.
Le manque de données pertinentes et fiables pour évaluer les performances ESG rend la collecte de celles-ci encore plus compliquée.
Finalement, intégrer l’information ESG dans les rapports financiers ainsi que dans l’évaluation de la performance sont des défis pour les PME. D’autant plus que, pendant ce temps, toutes ces normes et attentes évoluent globalement à la vitesse grand V et sont à géométrie variable selon les organisations.
Des normes qui s’imposent à tous les niveaux
Les gouvernements légifèrent sur plusieurs aspects des ESG en pièces détachées, sans une vision claire.
En parallèle, les États négocient et signent des ententes internationales – sur les plastiques par exemple – pour établir des cibles précises de développement durable.
Pour le secteur financier, cette approche est devenue un impératif moral et économique.
Les grands détaillants alimentaires commencent à imposer des exigences et critères ESG de plus en plus restrictifs auprès de leurs fournisseurs.
Par ailleurs, on sait que c’est en adoptant des pratiques ESG solides que les entreprises pourront réduire les risques liés à la réglementation, à la réputation et à la chaîne d’approvisionnement, sans parler du fait qu’elles pourront obtenir le financement nécessaire pour assurer leur croissance.
En revanche, se conformer à ces multitudes de demandes croissantes et d’actions est loin d’être facile.
C’est aussi un investissement
Pour les entreprises de l’industrie alimentaire du Québec, le concept d’ESG a un impact significatif dans chaque aspect de leurs activités.
Cela peut aller de leur stratégie de croissance à la transparence en passant par les gaz à effet de serre (GES), l’approvisionnement responsable et la gestion des déchets, sans oublier le gaspillage, les emballages et le respect des droits des travailleurs dans la chaîne d’approvisionnement.
On parle aussi des conditions de travail équitables, de la promotion de la diversité et de l’inclusion, de la contribution positive auprès des communautés locales, de la protection de la confidentialité, jusqu’à la sécurité des données des clients…
Et j’en passe.
Déjà, les entreprises alimentaires ont de multitudes mesures en place. Il faut maintenant les catégoriser, les prioriser et faire des diagnostics pour mieux répondre aux exigences ESG.
Par exemple, elles doivent être constamment attentives à la provenance de leurs ingrédients et à la qualité nutritionnelle des aliments produits, en plus de minimiser leur empreinte carbone en favorisant les fournisseurs locaux, dans la mesure du possible.
Pour ce qui est de la conception et de l’utilisation des emballages alimentaires, plusieurs ressources sont investies en R-D pour introduire des matériaux d’emballage durables et plus légers, et ce, afin de réduire la dépendance aux plastiques traditionnels.
Tout cela en garantissant l’intégrité des produits, en minimisant les risques de contamination et d’altération puis en assurant leur sécurité tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
L’industrie alimentaire du Québec se trouve à la croisée des chemins.
Ces transitions impliquent des coûts puis des défis techniques et d’affaires importants. Pour certaines organisations, ces coûts seront perçus comme des investissements dans un contexte où la durabilité et la responsabilité sociale sont des priorités.
Pour d’autres, la transition sera plus difficile.
En adoptant une approche ESG globale, les entreprises alimentaires pourront non seulement répondre aux attentes changeantes du marché, mais elles pourront aussi contribuer à l’autonomie alimentaire et à bâtir un avenir plus durable et équitable.