COVID-19 : environ 90% des entreprises manufacturières fermeront
François Normand|Publié le 23 mars 2020Grosso modo, seuls l'agroalimentaire, l'énergie, le médical et le transport & logistique sont épargnés, selon les MEQ.
C’est sans doute du jamais vu dans l’histoire contemporaine du Québec: environ 90% des entreprises manufacturières devront fermer leur porte jusqu’au 13 avril, une situation qui inquiète au plus haut point Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ).
«On comprend la décision, mais on tombe en bas de notre chaise», laisse tomber au bout du fil la PDG de MEQ Véronique Proulx, en précisant qu’elle n’a eu «aucun signal» annonciateur d’une telle décision.
Au Québec, le secteur manufacturier compte 23 000 entreprises qui emploient 500 000 travailleurs, et dont les ventes totalisent 165 milliards de dollars canadiens par année.
Selon l’estimation de MEQ, environ 90% des entreprises pourraient fermer.
Ce lundi midi, le premier ministre François Legault a ordonné aux entreprises non essentielles de cesser toutes activités d’ici mardi soir à minuit jusqu’au 13 avril afin de limiter la progression du coronavirus au Québec.
Comme l’Ontario a pris la même décision, cela signifie que le cœur manufacturier du Canada est en pause pour les trois prochaines semaines.
Cela signifie que plusieurs dizaines de milliers, et probablement des centaines de milliers, de travailleurs se retrouveront en congé forcé.
Il y a toutefois plusieurs exceptions à cette mesure, notamment les épiceries, les pharmacies, les composantes de la chaîne d’alimentation, les pompiers, les policiers et évidemment le service de santé.
Alors que la liste officielle vient d’être publiée, plusieurs entreprises des secteurs manufacturier et industriel contactées par La Presse canadienne n’avaient pas de réponse claire à offrir dans la foulée de l’annonce du gouvernement Legault.
Par voie de communiqué, Cascades, qui fabrique notamment du papier hygiénique et des emballages, a dit qu’elle assurait la «continuité» de ses activités.»
Il faut des subventions, pas seulement des prêts, selon MEQ
Bien entendu, les entreprises qui le peuvent ont la permission de poursuivre leurs activités à distance, notamment grâce aux technologies de communication ou aux logiciels permettant d’opérer des chaînes de production à distance.
Véronique Proulx estime que cette décision du gouvernement Legault épargne grosso modo quatre grands secteurs jugés essentiels, soient l’agroalimentaire, l’énergie, le médical, de même que le transport et la logistique.
Selon elle, les entreprises essentielles comprennent aussi les fournisseurs des entreprises productrices dans ces quatre grands secteurs.
La fermeture de quelque 90% des entreprises manufacturières du Québec inquiète Véronique Proulx.
«Notre préoccupation, c’est que plusieurs PME manufacturières ne puissent pas passer au travers cette crise», dit-elle. Selon elle, bien qu’elles pâtissent de cette situation, les grandes entreprises ont souvent les reins plus solides pour absorber un tel choc.
C’est pourquoi MEQ demande au gouvernement Legault de bonifier et de diversifier son aide pour donner de l’oxygène aux entreprises.
«Québec offre actuellement des prêts, c’est bien. Mais il faut les rembourser. Or, il y a une limite à l’endettement des entreprises. Il faut donc ajouter des subventions et des mesures pour fournir des liquidités rapidement», dit Véronique Proulx.
Québec pourrait par exemple décréter rapidement un moratoire sur les charges fiscales des entreprises comme celles pour la CSST. «Cette mesure fournirait rapidement de l’argent et des liquidités aux entreprises», dit-elle.
Investissement Québec pourrait aussi transformer des prêts en subventions, propose la PDG de MEQ.
Avec La Presse canadienne