COVID-19: les priorités des entreprises pour surmonter la crise
François Normand|Publié le 13 mars 2020Le nerf de la guerre: protéger leurs liquidités, ne pas s'endetter et garder leurs employés dans un contexte de pénurie.
Alors que Québec et Ottawa s’apprêtent à les aider, les entreprises du Québec ont deux priorités pour passer à travers la crise du coronavirus et rebondir: protéger leurs liquidités et garder leurs employés dans un contexte de rareté de la main-d’oeuvre.
C’est ce qu’ont déclaré en entrevue à Les Affaires Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), et Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ).
Ainsi, pour maintenir les liquidités des entreprises, MEQ propose que le gouvernement du Canada accorde des crédits d’impôt sur la masse salariale et qu’il accorde aussi des congés de paiement liés à l’assurance-emploi.
«On demande ce type de mesures, parce qu’il ne faut surtout pas que les entreprises s’endettent davantage durant cette crise», insiste Mme Proulx. C’est pourquoi MEQ ne souhaite pas qu’Ottawa et Québec proposent des prêts aux sociétés.
Selon elle, les gouvernements pourraient aussi verser des subventions aux entreprises manufacturières dont les employés doivent demeurer en quarantaine pendant deux semaines, mais sans pouvoir faire de télétravail étant donné la nature de leur emploi.
«Dans un contexte de ralentissement, les sociétés n’auraient pas à payer pendant deux semaines les employés qui ne peuvent pas contribuer à la production», explique Mme Proulx.
Pour sa part, Yves-Thomas Dorval affirme que les employeurs ne doivent pas perdre définitivement une partie de leurs employés qui pourraient être mis à pied en raison d’une chute de la production, et qui se chercheraient du travail ailleurs.
«Il faut donc une aide financière des gouvernements pour compléter le manque à gagner des travailleurs», souligne-t-il. Ainsi, un employé mis à pied pourrait continuer à rencontrer ses obligations financières tout en attendant la fin de la crise.
Des chaînes logistiques qui sont «déraillées»
M. Dorval rappelle à quel point la vie des entreprises est bouleversée depuis l’apparition du coronavirus en Chine, surtout pour celles dont la chaîne logistique (approvisionnement, production, commercialisation) est mondiale.
«On compte plusieurs entreprises dont la chaîne logistique est déraillée, à commencer par celles qui ont des fournisseurs en Chine, car des conteneurs sont encore bloqués dans des ports», explique le patron du CPQ.
Une telle situation fait en sorte que des entreprises québécoises manquent de composants ou de pièces, ce qui les empêche de produire à pleine capacité.
Aussi, même si elles sont nécessaires pour des motifs de santé publique, les mesures annoncées par Québec (fermetures des écoles, annulation de grands rassemblements, etc.) compliquent néanmoins la vie des entreprises.