EXPERT INVITÉ. Les nouvelles sont bonnes pour l'économie québécoise, qui continue à ...
EXPERT INVITÉ. Les nouvelles sont bonnes pour l’économie québécoise, qui continue à bien se porter. Sa solide performance est même nettement supérieure à celle du Canada. À preuve : le PIB a affiché une croissance de 2,8 % de janvier à mai, comparativement aux cinq premiers mois de 2018, ce qui représente un rythme deux fois plus rapide que celui de 1,4 % observé au Canada pour la même période.
Plusieurs facteurs expliquent ces excellents résultats. Le secteur manufacturier du Québec continue à montrer de la vigueur grâce, entre autres, à ses exportations, et fait bien meilleure figure qu’au Canada. Une situation attribuable en grande partie à la diversification de l’activité manufacturière québécoise par rapport à l’Ontario, où est concentrée la fabrication d’automobiles, de camions et de pièces de véhicules, ou encore à l’Alberta, dont l’économie est dépendante des produits pétroliers. Or, ces secteurs d’activité ont fortement décliné au cours des derniers mois, tandis que le Québec compte notamment sur un secteur des produits aérospatiaux en bonne santé et qui est le fer de lance de ses exportations.
La vigueur du marché résidentiel québécois apporte aussi de l’eau au moulin de la croissance. Comparativement au marché immobilier résidentiel dans le reste du pays, qui a considérablement atténué l’économie canadienne ces derniers mois, ce secteur d’activité au Québec est effectivement moins touché par le resserrement des conditions de financement hypothécaire et la récente hausse des taux d’intérêt.
Au Québec, les investissements résidentiels ont d’ailleurs enregistré une croissance de 3,5 % au premier trimestre de 2019, par rapport à un déclin de 6,1 % au Canada. En fait, l’investissement résidentiel au Canada a affiché une croissance négative au cours des cinq derniers trimestres. Un bilan qui s’explique en partie par une surchauffe du marché immobilier à Toronto et à Vancouver que n’a pas connue le Québec, mais aussi par un endettement des ménages québécois plus faible qu’ailleurs au Canada. D’ailleurs, comme l’indiquent plusieurs indices, la confiance des Québécois poursuit son bon élan – tandis que l’optimisme canadien s’essouffle – et contribue à la croissance de l’ensemble des dépenses de consommation. D’autant plus que le marché du travail demeure vigoureux et que le taux de chômage reste à des taux historiquement bas.
Enfin, il importe aussi de souligner l’importance de la contribution du secteur public. Alors que le gouvernement ontarien a adopté une politique d’austérité budgétaire, le Québec a pris le chemin inverse et profite de ses surplus pour augmenter ses dépenses. Or, les dépenses gouvernementales contribuent jusqu’à 25 % de l’activité économique, comparativement à 10 % pour les investissements des entreprises.
Malgré toutes ces bonnes nouvelles, des menaces planent sur la croissance de l’économie. Les tensions commerciales et politiques entre la Chine et les États-Unis, dont le Canada n’est pas à l’abri, comme le montrent les représailles chinoises contre les exportations canadiennes de canola, de soya et de porc, sont une grande source d’inquiétude qui se reflète d’ailleurs dans les investissements en baisse des entreprises ces derniers mois.
Cependant, l’entrée en vigueur récente de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne ou encore de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, qui regroupe onze pays de la zone Asie-Pacifique, devrait inciter les entreprises d’ici à profiter de cet accès à de nouveaux marchés de centaines de millions de consommateurs. Le nouvel Accord Canada-États-Unis-Mexique est aussi une bonne nouvelle pour la croissance de l’économie québécoise, qui devrait atteindre 2 % en 2019.
EXPERT INVITÉ
Pierre Cléroux est vice-président, Recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada (BDC)