C’est Sébastien Bourassa, le fils de Marcel Bourassa, qui prendra les rênes de l’entreprise le 1er janvier. Le changement a été annoncé le 30 novembre. (Photo: courtoisie)
De gros changements et de plus petits ajustements s’en viennent chez Savaria, qui prévoit toujours dépasser le milliard de dollars de revenus en 2025. En plus d’un nouveau PDG, le fabricant lavallois d’appareils d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite se prépare à rationaliser certaines usines et à solidifier ses bases sur les marchés européen et nord-américain.
Savaria annonçait en novembre ses résultats du troisième trimestre, qu’elle estime être les plus robustes de son histoire, avec des revenus atteignant 210 millions de dollars (M$), une augmentation de 8,7 M$, ou de 4,3 %, par rapport à la même période l’an dernier.
L’entreprise a aussi enregistré un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 33,6 M$ durant le trimestre, un record, même si la performance a été légèrement inférieure au consensus des analystes de 34,4 M$, selon LSEG (anciennement Refinitiv).
Soutenu par un « beau plan de match », le PDG de l’entreprise, Marcel Bourassa, a donc confiance en l’avenir de l’entreprise. Son plan, explique-t-il, est relativement simple.
Le premier pan de sa stratégie consiste en la rationalisation de certaines de ses usines. L’opération ne sera pas majeure — le patron parle d’une « petite rationalisation » —, mais aidera notamment l’entreprise à réduire ses coûts de production et à améliorer la rapidité et la fiabilité de ses livraisons.
Pour le moment, Savaria détient presque un million de pieds carrés d’installations à travers le monde, répartis dans 15 usines et centres de distribution. Le patron estime toutefois qu’il pourrait faire des gains d’efficacité en réduisant quelque peu ce nombre et en recentrant sa production dans certaines usines situées plus près de ses principaux marchés.
« Actuellement, nous avons par exemple deux usines en Chine. Doit-on vraiment en avoir deux ? On estime que non et qu’on pourra concentrer la production dans un seul établissement. Nous allons aussi miser davantage sur notre nouvelle usine mexicaine, qui fonctionne très bien depuis maintenant un an », explique Marcel Bourassa.
Cette décision survient après que l’entreprise eut connu des soucis d’approvisionnement au cours des dernières années, notamment durant la pandémie.
« Il y a eu une période, récemment, où les prix des conteneurs venant de Chine avaient beaucoup augmenté, rappelle Marcel Bourassa. Ça prenait aussi un temps fou à livrer les marchandises. En comparaison, les livraisons de notre usine mexicaine, faites par camion, arrivent à Toronto en une semaine seulement. »
« On ne veut pas revivre ce qui s’est passé durant la pandémie, avec les problèmes d’approvisionnement en Chine, qui auraient pu mettre notre production à l’arrêt, insiste le PDG. On ne peut pas dire à nos distributeurs que nos conteneurs sont coincés dans un port quelconque. »
Changement à la direction
Savaria prépare la relève à la direction depuis plusieurs années. C’est Sébastien Bourassa, le fils de Marcel Bourassa, qui prendra les rênes de l’entreprise le 1er janvier. Le changement a été annoncé le 30 novembre.
« C’est un excellent gestionnaire. Il connaît très bien nos équipes et il maîtrise nos objectifs. Ça va être une étape importante pour l’avenir de Savaria », estime Marcel Bourassa. Aujourd’hui dans la mi-quarantaine, Sébastien Bourassa a commencé à travailler dans l’entreprise en 2002. Il était alors assembleur, après avoir obtenu un baccalauréat en gestion des opérations à HEC Montréal.
En 2009, il est parti en Chine pour fonder l’usine principale de Savaria dans ce pays, à Huizhou. Au cours de cette période, il a également obtenu un EMBA, une maîtrise en administration des affaires pour cadres, à Hong Kong.
Cette expérience lui a permis de travailler en usine, mais lui a aussi donné l’occasion de superviser les ventes et les achats, tout en participant à la mise en place des installations. Depuis, il a travaillé sur plusieurs autres projets, incluant la mise sur pied de la nouvelle usine mexicaine de Savaria, ouverte en novembre 2022.
Pour sa part, Marcel Bourassa n’a toutefois pas l’intention de se retirer complètement des affaires de l’entreprise. Il désire garder une place au sein de la direction et continuer d’offrir ses réflexions quant aux décisions à prendre pour assurer la pérennité de la société.
« J’aime travailler, je connais mes gens, alors je veux rester dans l’entreprise, dit-il. Je me suis donc créé un autre poste, celui de président-directeur du conseil d’administration, grâce auquel je vais garder un lien direct avec Sébastien. Je pense qu’on pourra faire un certain nombre d’années comme ça. »
Du talent et des robots
Le plan de match de Savaria pour l’année à venir inclut également l’embauche d’une douzaine de personnes. « C’est peu, dit le PDG. Mais ce seront des employés clés. »
Citant de grands changements dans l’entreprise de 2300 employés depuis cinq à dix ans, Marcel Bourassa veut attirer des gens qualifiés qui aideront l’entreprise à relever ses nouveaux défis. Il parle par exemple d’un poste dans la Division des achats, qui devrait permettre à l’entreprise de réaliser des économies sur le plan de l’approvisionnement.
« En recherche et développement, par ailleurs, nous sommes déjà forts, mais nous venons tout juste d’embaucher une personne qui dirigera ces activités pour l’Europe et l’Amérique du Nord », dit le grand patron. L’entreprise vient également tout juste d’engager un vérificateur interne pour être en mesure de livrer plus rapidement ses informations financières.
« Pour la première fois, cet automne, on a par exemple été capables de livrer nos résultats financiers du troisième trimestre le premier novembre, plutôt que le 15, illustre-t-il. Toutes ces embauches vont nous permettre d’améliorer notre performance. »
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, Savaria réfléchit également à la robotisation. Elle a déjà obtenu de bons résultats sur ce plan — son usine de Toronto est largement automatisée —, mais le PDG estime que des gains supplémentaires peuvent être réalisés à cet égard. « On veut faire plus de robotisation au Mexique, dit-il. Il reste beaucoup de travail à faire là-bas. »
Renforcer les marchés actuels
Sur le plan géographique, Savaria cherche toujours à prendre de l’expansion, mais préfère se concentrer dans les régions où elle est déjà présente. Marcel Bourassa estime pouvoir aller gruger davantage de parts de marché en Europe pour un nombre de produits, notamment pour ses ascenseurs résidentiels Vuelift.
« On aimerait augmenter la production en Europe, pour le marché local, dit-il. Je vois aussi beaucoup de croissance potentielle en Amérique du Nord. La Floride, par exemple, est un marché incroyable où l’on retrouve beaucoup de retraités, et donc de besoins en matière de mobilité. »
Le carnet de commandes de l’entreprise demeure d’ailleurs bien rempli. Les ascenseurs résidentiels, par exemple, qui représentent 40 % de celui-ci, totalisent 20 M$ de commandes, un montant qui n’a pas baissé depuis la pandémie.
Quant à l’émission d’actions et au placement privé réalisés en septembre dernier et totalisant 92 M$, les montants obtenus serviront à réduire la dette de l’entreprise pour lui donner plus de flexibilité dans ses divers projets.
« C’est un geste qui nous permet d’envisager à moyen terme des objectifs d’acquisitions. Ça nous met dans un esprit de confiance, et c’est là qu’on est le plus productifs. Je suis convaincu que ça va rapporter », dit le PDG, ajoutant que la manœuvre donnera une certaine paix d’esprit à la direction dans un contexte de soubresauts dans l’économie mondiale.