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Électricité: ne négligeons pas les industries moins à la mode

François Normand|Publié le 08 avril 2024

Électricité: ne négligeons pas les industries moins à la mode

Selon une analyse, la filière batterie a obtenu 67% des 956 MW d'électricité accordés en novembre par Québec. (Photo: 123RF)

Même si la filière batterie est structurante pour le Québec, il ne faudrait pas pour autant négliger d’autres industries importantes pour l’économie, affirme le président de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité (AQCIE), Jocelyn B. Allard.

Le 2 avril, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a indiqué devant le Cercle canadien qu’il transmettra bientôt à Hydro-Québec une nouvelle liste de projets industriels qui obtiendront des blocs d’électricité, et ce, parmi les 150 en attente sur son bureau.

En entrevue à Les Affaires pour commenter la sortie du ministre, Jocelyn B. Allard a dit espérer que l’ensemble des secteurs industriels pourront cette fois-ci en profiter davantage de manière plus équitable.

«Selon des membres de l’association, si on n’est pas dans la filière batterie, on n’a pas l’écoute du gouvernement», dit le patron de l’AQCIE, qui compte 34 membres dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’aluminium, de la sidérurgie, des mines, de l’énergie, des pâtes et papiers et de la chimie.

Le 10 novembre, le gouvernent de François Legault a accordé des blocs d’électricité totalisant 956 mégawatts à 11 entreprises, dont la multinationale suédoise Northvolt, qui souhaite construire une usine de fabrication de cellules de batteries à Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie.

À l’époque, le gouvernement n’a pas divulgué les quantités de mégawatts allouées à chacune de ces 11 entreprises, «car il s’agit d’un secret industriel», avait alors indiqué à Les Affaires le cabinet du ministre Pierre Fitzgibbon.

Toutefois, des médias avaient divulgué des quantités d’électricité à propos de certaines entreprises, mais sans brosser un portrait global.

 

La part du lion à la filière batterie

Or, récemment, Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, a produit un tableau – non officiel, précise-t-elle – à partir d’informations publiques et de vérifications qui démontre que la filière batterie a obtenu la part du lion de ces 956 MW.

 

(Source et tableau: Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal)

Comme on peut le constater, les cinq projets liés à la filière batterie ont décroché 641 MW, ce qui représente 67% de cette puissance installée – à lui seul, le bloc attribué à Northvolt représente 37% du total.

De plus, à l’exception des projets en hydrogène vert de TES Canada H2 (150 MW) et de Greenfield Global (104 MW), tous les autres projets industriels ont eu des blocs d’électricité représentant des fractions de l’ensemble des cinq projets liés à la filière batterie.

Jocelyn B. Allard, qui a pris connaissance du tableau produit par la chercheuse Johanne Whitmore, dit avoir «le sentiment» que le gouvernement «a oublié plusieurs régions du Québec» avec sa politique d’attribution des blocs d’électricité.

Insistant sur le fait qu’il n’est pas contre le projet de Northvolt en Montérégie et la filière batterie, il estime en revanche que Québec doit accorder une plus grande attention à d’autres industries qui veulent se décarboner et qui contribuent aussi à la «prospérité de la société».