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Est-ce qu’«Équipe Canada» se rendra en Inde en octobre?

La Presse Canadienne|Publié le 15 septembre 2023

Est-ce qu’«Équipe Canada» se rendra en Inde en octobre?

La ministre fédérale du Commerce international, Mary Ng (Photo: La Presse Canadienne)

London, Ontario — La ministre fédérale du Commerce international, Mary Ng, a passé les quatre derniers mois à parler d’une «visite majeure» en Inde destinée à stimuler les exportations canadiennes vers le pays le plus peuplé du monde.

Mais la ministre ne confirme pas si ce voyage aura finalement lieu en octobre, ce qui soulève des questions sur la suspension récente des négociations pour un accord commercial, dans un contexte de relations glaciales entre le premier ministre Justin Trudeau et son homologue indien.

Interrogée mercredi à London, en Ontario, sur l’état de préparation de ce voyage, la ministre Ng a simplement indiqué qu’elle faisait «de nombreuses missions commerciales dans l’Indo-Pacifique».

Mary Ng devrait piloter une mission commerciale de cinq jours d’«Équipe Canada» à Mumbai, en Inde, avec des dirigeants d’entreprises et des représentants de provinces canadiennes, dont le départ est prévu le 9 octobre.

Cette mission commerciale, la première en Asie dans le cadre de la Stratégie indo-pacifique du Canada, vise à stimuler les entreprises canadiennes de «technologies propres» afin de contribuer à répondre aux besoins de l’Inde en énergie renouvelable.

Le Service des délégués commerciaux du gouvernement fédéral affirme que cette mission vise également à accroître le commerce dans des secteurs tels que l’automobile, l’agriculture et les aliments à valeur ajoutée, la technologie numérique, les infrastructures et les sciences de la vie.

On voudrait aussi mettre l’accent sur le réseautage avec des dirigeants d’entreprises indiens, les séances d’information de hauts fonctionnaires et d’acteurs clés de l’industrie, ainsi que sur des tables rondes avec l’industrie et des experts locaux.

 

La croissance la plus rapide

Une description du voyage publiée sur le site Web du Service des délégués commerciaux indique que l’Inde a été en 2022 l’économie majeure qui a connu la croissance la plus rapide.

«L’importance stratégique, économique et démographique croissante de l’Inde dans la région indo-pacifique en fait un partenaire essentiel dans la poursuite des objectifs du Canada dans le cadre de la Stratégie indo-pacifique, lit-on dans l’avis en ligne destiné à inciter les chefs d’entreprise canadiens à se joindre au voyage de la ministre Ng.

Pourtant, Mary Ng n’a pas confirmé mercredi si ce voyage aurait lieu, lorsqu’on lui a demandé directement, à deux reprises, en marge de la retraite du caucus libéral à London. «Nous travaillons sur tout un tas de missions», a-t-elle simplement déclaré.

Mary Ng s’entretenait vendredi avec ses homologues provinciaux et territoriaux dans le cadre de réunions régulières des ministres du Commerce. Cette rencontre intervient quelques jours après que le gouvernement de la Saskatchewan a déploré qu’Ottawa avait laissé les provinces dans le flou pendant des mois sur l’état des négociations commerciales avec l’Inde.

Dans son discours d’ouverture, vendredi matin, Mary Ng n’a pas fait allusion au statut de la mission ni aux négociations commerciales du Canada avec l’Inde, soulignant plutôt les missions commerciales dans d’autres pays d’Asie l’année prochaine. Mme Ng a participé de façon virtuelle parce qu’elle a été déclarée positive à la COVID-19.

En fin de semaine dernière, le ministère indien des Affaires étrangères avait exprimé ses «vives inquiétudes» concernant le discours séparatiste de sikhs au Canada, qui souhaitent créer leur propre État en Inde. 

Le premier ministre indien, Narendra Modi, a brièvement rencontré dimanche dernier M. Trudeau, en marge du sommet des dirigeants du G20 à New Delhi. Le compte rendu de cet entretien fourni par le bureau de M. Modi s’est principalement concentré sur le séparatisme sikh, sans un mot sur les négociations commerciales avec le Canada. Un résumé écrit publié par le cabinet de M. Trudeau est également muet sur le commerce.

 

Pause dans les négociations

Ottawa refuse par ailleurs de fournir une explication détaillée sur les raisons pour lesquelles il a suspendu les négociations commerciales avec l’Inde, une décision qui a pris de court les dirigeants d’entreprises et les provinces.

La ministre Ng a simplement expliqué qu’il était «important d’examiner les négociations en cours et d’y réfléchir», et que ces pauses étaient normales dans ce genre de négociations. «Nous voulons toujours la meilleure offre pour les Canadiens et je veux m’assurer que c’est le cas», a-t-elle dit.

Il y a deux semaines, le haut-commissaire indien au Canada, Sanjay Kumar Verma, déclarait à La Presse Canadienne qu’Ottawa avait suspendu les négociations commerciales et qu’il ne savait pas pourquoi.

Le Conseil canadien des affaires, qui milite en faveur d’une intensification des échanges commerciaux avec l’Inde, a souligné que ce commerce bénéficiait aux deux pays. «Nous espérons que cette relation se poursuivra indépendamment des tensions politiques qui pourraient survenir de temps à autre», a écrit le président de l’organisme, Goldy Hyder. «Comme nous l’avons vu dans d’autres relations bilatérales, les différends ont tendance à se régler d’eux-mêmes.»

New Delhi soutient depuis longtemps que le Canada porte atteinte à la sécurité nationale de l’Inde parce que certains membres des communautés sikhs militent pour qu’une partie de l’État indien du Pendjab devienne un pays indépendant.

Jeudi, l’organisme canadien «Sikhs for Justice» a annoncé la tenue d’un deuxième référendum populaire sur l’indépendance du «Khalistan», affirmant que le vote du 29 octobre porterait sur la question de savoir si le haut-commissaire Verma était «responsable de l’assassinat» en juin du leader d’un temple sikh près de Vancouver.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a aussitôt souligné jeudi que le Canada offrait une sécurité 24 heures sur 24 aux diplomates indiens.

 

Par Dylan Robertson