Indorama Ventures annonce la fermeture de son usine de Montréal-Est
La Presse Canadienne|Mis à jour le 07 août 2024L'usine d'Indorama Ventures à Montréal-Est fermera ses portes d'ici les prochains mois, entraînant la perte de quelque 140 emplois. (Photo: Paul Chiasson / La Presse Canadienne)
L’usine de production d’acide téréphtalique purifié (PTA) d’Indorama Ventures à Montréal-Est fermera ses portes d’ici les prochains mois, entraînant la perte de quelque 140 emplois.
L’entreprise spécialisée dans la production de polyéthylène téréphtalate (PET) en a fait l’annonce mardi, causant un «choc» parmi les employés syndiqués et leurs familles, selon Unifor.
Indorama Ventures a expliqué que la fermeture des installations montréalaises s’inscrit dans le cadre d’une révision stratégique de son portefeuille, y compris l’optimisation des actifs.
La société établie à Bangkok, en Thaïlande, évoque dans un communiqué «des changements importants dans l’industrie du polyester». Elle mentionne que «de nouvelles constructions et la surcapacité continue en Chine, dont la majorité est intégrée» ont notamment «exercé des pressions sur les producteurs occidentaux».
«Ces pressions sur les coûts, conjuguées à la baisse de la demande, à l’environnement inflationniste ainsi qu’au coût élevé des matières premières, ont conduit à de faibles taux d’utilisation et à la fermeture d’autres usines dans la région», a indiqué l’entreprise.
La fermeture de l’usine de Montréal-Est doit débuter en septembre et s’échelonner sur près d’un an. La majorité des employés devrait être licenciée d’ici la fin de l’année.
Le président et codirecteur du segment PET Combiné d’Indorama Ventures, Muthukumar Paramasivam, a dit qu’il s’agit d’une «décision extrêmement difficile (qui) n’a pas été prise à la légère».
«Toutefois, il s’agit d’une étape nécessaire pour s’adapter aux conditions difficiles du marché», a-t-il déclaré.
«Un coup très dur pour la pétrochimie»
Selon le syndicat Unifor, la nouvelle a été accueillie avec «consternation» et «déception».
«Personne chez nous n’a vu venir ça. Il n’y a pas eu de communication au préalable dans les semaines qui ont précédé de difficultés quelconques. Pour nous, ç’a été un éclair dans un ciel bleu», affirme le directeur québécois d’Unifor, Daniel Cloutier, en entrevue.
Il indique que le syndicat n’a pas été mis au courant de la tenue d’une révision stratégique par l’entreprise. Il souhaite s’asseoir avec l’entreprise afin de mieux comprendre la décision et voir s’il est encore possible de changer le sort de l’usine.
«On n’est pas ignorant du fait qu’il y a des mégas-usines dans le marché asiatique, que le plus gros marché pour le PTA c’est souvent en Asie, le marché nord-américain est peut-être moins intéressant. Ceci étant dit, on n’a pas eu d’annonce au préalable, donc on n’a pas pu réagir avant hier», dit M. Cloutier.
Le syndicat représente environ 80 employés œuvrant comme technicien de procédés, techniciens de laboratoire, instrumentiste, mécanicien, tuyauteur et soudeur.
Unifor espère la mise sur pied d’un comité de reclassement pour aider ses membres. L’employeur s’engage à offrir un soutien professionnel et proposer des occasions de redéploiement au sein de son groupe lorsque possible.
Le syndicat veut également surveiller de près les répercussions de la fin des opérations sur des entreprises environnantes et liées à l’usine de Montréal-Est comme fournisseur ou client, soit Alpek et Parachem. Des travailleurs de ces deux compagnies sont syndiqués avec Unifor.
«Je pense à l’usine Parachem, leur client exclusif est Indorama. On redoute un impact négatif. (…) C’est définitivement un coup très dur pour la pétrochimie dans l’est de Montréal», commente M. Cloutier.
Indorama Ventures affirme que les clients ne seront pas affectés en raison de sa production aux États-Unis et sa présence mondiale. La compagnie dit aussi vouloir travailler avec les fournisseurs locaux afin de minimiser l’impact sur leurs opérations.
Les installations de Montréal-Est ont ouvert au début des années 2000 avant d’être acquises par Indorama Ventures en 2015.
Par Frédéric Lacroix-Couture