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Inflation: la moitié des manufacturiers retardent des projets

François Normand|Publié le 08 mai 2023

Inflation: la moitié des manufacturiers retardent des projets

Selon la 14e édition du Baromètre industriel québécois, 17% des entreprises sondées affirment avoir eu des problèmes de liquidités, et 9% d'entre elles soulignent qu’il y a un risque à leur survie. (Photo: 123RF)

Les entreprises manufacturières pâtissent de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt. Non seulement 50% d’entre elles ont retardé des projets d’investissement, mais la même proportion des sociétés ont aussi vu fondre leurs marges bénéficiaires.

Voilà l’un des principaux constats qui ressort de la 14e édition du Baromètre industriel québécois que dévoile ce lundi à Montréal Sous-traitance industrielle Québec (STIQ), une organisation qui représente divers secteurs dans l’industrie manufacturière.

Ainsi, les 500 entreprises sondées par STIQ indiqué avoir retardé par exemple des projets en immobilisations, en achats d’équipements ou pour l’implantation des technologies numériques afin d’être plus efficaces et productives.

Le Baromètre n’indique pas dans quelle proportion les marges bénéficiaires des sociétés ont diminué.

En revanche, la grande majorité des entreprises ont quand même pu absorber l’impact de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt, car seulement 17% d’entre elles disent avoir des problèmes de liquidités.

En outre, 9% des répondants affirment qu’il y a un risque pour la survie de leur entreprise. Une proportion qu’il ne faut pas prendre à la légère souligne le Baromètre.

« Bien que ce dernier chiffre puisse paraître petit, il n’est pas négligeable pour autant, puisqu’il signifie qu’une entreprise sur dix se dit inquiète pour sa survie face à la hausse marquée de l’inflation et des taux d’intérêt », peut-on lire dans le document d’une vingtaine de pages.

 

La pénurie de main-d’œuvre fait toujours mal

Sans surprise, la pénurie de main-d’œuvre fait toujours mal aux PME manufacturières.

Les difficultés de recrutement et de rétention des employés les affectent particulièrement. Ainsi, les coûts de cette pénurie ont bondi de 50% en trois ans (de 2019 à 2022), pour passer en moyenne de 565 000 $ à 840 000 $ par année.

Selon les 500 entreprises sondées, elles ont en moyenne neuf postes à combler dans leur organisation — ensemble, elles auront 4 500 personnes à recruter en 2023.

Le STIQ fait remarquer que les mesures incitatives classiques — comme la hausse des salaires et la plus grande flexibilité des horaires — ne permettent plus vraiment aux entreprises se différencier de la concurrence.

C’est la raison pour laquelle les employeurs misent de plus en plus sur les mesures de rétention et les nouvelles technologies pour garder leurs employés et attirer de nouveaux talents.

Recruter à l’étranger est aussi une option, mais c’est une démarche « longue et complexe », selon STIQ.

 

Technologies: les résultats se font attendre

Même si les entreprises fournissent des efforts pour amorcer leur virage numérique, il reste encore bien du chemin, montrent les données du Baromètre.

Ainsi, 50% des organisations n’ont intégré aucune ou qu’une seule des huit technologies numériques évaluées dans l’étude, 30 % en ont intégré deux ou trois sur les huit et seulement 19 % en ont intégré quatre ou plus.

Ces huit technologies sont:

  • les interconnexions des équipements
  • la surveillance et le contrôle en temps réel
  • l’utilisation des plateformes mobiles connectées
  • la maintenance préventive
  • la robotique
  • l’interconnexion avec les clients et/ou les fournisseurs
  • les cellules de production autonomes
  • la prise de décision autonome par les systèmes TI

 

Selon STIQ, un autre élément préoccupant réside dans le fait « qu’aucun progrès réel n’a été constaté au cours des 3 dernières années en ce sens ».

Le Baromètre révèle que les freins à l’implantation des technologies numériques sont nombreux et encore plus importants que lors des années précédentes.

Ainsi, trois répondants sur quatre affirment que les principaux obstacles sont le manque de temps et le manque de personnel qualifié.

La moitié des entrepreneurs pointent du doigt trois autres freins que sont le manque de connaissance sur les technologies pertinentes pour leur entreprise, la difficulté à évaluer le rendement sur investissement et l’importance du retard technologique à rattraper.

« Ces facteurs peuvent expliquer, en partie, pourquoi les entreprises font du surplace dans l’intégration des technologies numériques depuis trois ans », affirme STIQ.

Si l’implantation de technologies numériques tarde à se faire depuis 2019, l’organisme a toutefois noté que les investissements en technologies numériques « ont connu une certaine hausse en 2022 par rapport aux années précédentes ».

Selon STIQ, le décalage entre la stagnation du nombre de technologies intégrées et la hausse des investissements observés en 2022 tient au fait qu’implanter une technologie peut s’étendre sur quelques années.

 

Le virage vert s’amorce tranquillement

Enfin, le Baromètre démontre qu’il y a une volonté d’une majorité de PME manufacturières de réduire graduellement l’effet de leurs activités sur l’environnement.

Par exemple, depuis 2019, les deux tiers des 500 entreprises sondées ont pris des engagements en matière de réduction de leur empreinte environnementale.

On parle par exemple ici de mesures pour améliorer la gestion des matières résiduelles, l’efficacité énergétique, sans parler de l’élimination du papier ou des emballages non recyclables.

À l’heure actuelle, seulement 17% des entreprises sondées par STIQ affirment que leurs clients exercent des pressions pour qu’elles réduisent leur empreinte écologique.

Un élément qui fait dire à l’organisme que les organisations qui adoptent de telles mesures le font à leurs propres initiatives.

Au Québec, le secteur manufacturier affiche un PIB sectoriel de 49,1 milliards de dollars (G$). Ses activités représentent 87 % des exportations québécoises, tandis que ses ventes totales s’élèvent à 213 G$.

L’industrie compte 13 569 établissements employant 440 000 travailleurs.