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IQ veut rattraper le retard de nos entreprises manufacturières

François Normand|Mis à jour le 18 juin 2024

IQ veut rattraper le retard de nos entreprises manufacturières

Le Québec se classe parmi les derniers au sein des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon le bilan «Productivité et prospérité au Québec», publié chaque année par le Centre sur la productivité et la prospérité – Fondation Walter-J. Somers à HEC Montréal. (Photo: courtoisie de Clé en main industriel Québec / CEMIQ)

Aux grands maux, les grands remèdes. Au terme de sa tournée Productivité innovation aux quatre coins de la province, Investissement Québec (IQ) planche sur un parcours productivité main-d’œuvre pour espérer faire bouger l’aiguille de l’efficacité de nos entreprises manufacturières. Celle-ci progresse, mais elle accuse un retard important par rapport à celle des entreprises des autres économies industrialisées.

Depuis deux ans, des représentants d’IQ sillonnent les régions du Québec. Cette tournée leur a permis de rencontrer près de 1200 participants lors d’événements-conférences, au cours desquels des experts ont discuté d’automatisation, de robotisation, de numérisation, d’approvisionnement, d’exportations et de main-d’œuvre.

Un constat s’impose au terme de cette tournée, affirment à Les Affaires Mia Homsy, vice-présidente main-d’œuvre et intelligence économique, et François Gingras, vice-président innovation, chez Investissement Québec: pour espérer accroître substantiellement leur productivité, les entreprises doivent aussi mieux former leur main-d’œuvre.

«On n’est pas super au Québec pour investir dans notre monde», fait remarquer François Gingras.

Certes, des entreprises forment leurs travailleurs, mais pas nécessairement en fonction des nouvelles technologies de plus en plus complexes (systèmes automatisés, robots, intelligence artificielle) qui sont nécessaires pour accroître leur productivité.

En octobre, un rapport publié par l’Institut du Québec (IDQ), Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) et Fondaction allait sensiblement dans le même sens.

Même si une entreprise a les meilleures machines au monde, celles-ci n’atteindront pas leur plein potentiel si les gestionnaires et les employés de cette organisation n’ont pas les connaissances et les compétences nécessaires pour les utiliser correctement.

Bref, vous aurez beau avoir la meilleure voiture sport dans votre entrée, vous ne pourrez pas la conduire de manière optimale si vous n’avez pas d’excellentes habilités de conduite.

 

Intégrer innovation et main-d’œuvre

C’est pourquoi Investissement Québec estime qu’il est temps de changer d’approche pour tenter de rendre les entreprises québécoises plus performantes.

«On veut intégrer l’innovation et la main-d’œuvre», insiste Mia Homsy.

Actuellement, IQ travaille sur un projet pilote qui comprend sept PME manufacturières dans des secteurs très variés. La société d’État refuse de dévoiler leurs noms, mais il s’agit d’organisations employant de 50 à 100 travailleurs.

La nouvelle approche innovation main-d’œuvre consiste à faire un diagnostic technologique dans les entreprises, et ce, afin d’identifier les systèmes, les équipements ou la machinerie qui seraient requis pour espérer accroître la productivité.

Par la suite, la solution proposée comprendra trois éléments, soit l’innovation technologique, la formation de la main-d’œuvre et un volet immigration.

Et pour s’assurer de la cohérence de l’approche, les ressources humaines dans les organisations sont systématiquement impliquées dès le début de ce processus. D’une part, pour améliorer la qualification des employés, et, d’autre part, pour s’assurer d’avoir assez d’employés dans les usines.

Par exemple, si une PME planifie d’acquérir un robot, les RH participeront à la réflexion en vue d’identifier la meilleure personne pour suivre cette formation, et ce, afin d’utiliser au maximum ce nouvel équipement.

 

Productivité: le Québec parmi les cancres de l’OCDE

L’amélioration de la productivité de nos entreprises manufacturières est une problématique qui perdure depuis des décennies.

Le Québec se classe parmi les derniers au sein des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon le bilan «Productivité et prospérité au Québec», publié chaque année par le Centre sur la productivité et la prospérité — Fondation Walter-J. Somers à HEC Montréal.

Ainsi, en 2018 (l’année de comparaison internationale la plus récente), la productivité par heure travaillée dans le secteur privé au Québec à parité des pouvoirs d’achat s’élevait à 58,17$CA.

C’est un niveau supérieur à la Corée du Sud (46,39$), mais largement inférieur à celui des États-Unis (94,53$), de l’Allemagne (86,06$), de la France (82,67$) ou du Royaume-Uni (66,67$).

Quant à la moyenne canadienne, elle se situait à 66,31$, le pays figurant donc comme le Québec en queue de peloton de l’OCDE.

 

 

 

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