Plus d’un travailleur sur cinq sera en âge de prendre sa retraite d’ici 10 ans. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Déjà aux prises avec de sérieux problèmes de pénurie de main-d’oeuvre, voilà que les entreprises sont aussi confrontées à d’importantes hausses des salaires.
Avec un marché qui leur est si favorable, auquel s’ajoutent les fortes pressions inflationnistes de la dernière année, il n’est évidemment pas surprenant que les travailleurs puissent bénéficier, voire négocier, de meilleures conditions salariales. Et ce, particulièrement au Québec, où les travailleurs profitent d’une augmentation de leur chèque de paie plus forte que partout ailleurs au pays. Les salaires y ont en effet bondi de 5,7% au cours des 12 derniers mois, comparativement à 3,3% dans l’ensemble du Canada.
Or, les dirigeants doivent s’attendre à ce que la situation perdure. D’abord, parce qu’avec un taux de chômage historiquement bas, qui était de 3,9% en avril et le plus faible jamais enregistré dans la province, on ne peut douter que le pouvoir de négociation se trouve désormais entre les mains des travailleurs. Et comme l’économie roule à plein régime et devrait maintenir sa cadence pendant un certain temps, il y a tout lieu de croire que la pression sur les salaires se maintiendra à court et moyen terme.
Les entreprises québécoises doivent donc piger dans un bassin de travailleurs et de chômeurs qui se font de plus en plus rares. À plus long terme, le vieillissement de la population qui est parmi le plus important au pays n’arrangera pas les choses, loin de là. Pour la première fois dans l’histoire du Québec, le bassin de population âgée entre 15 et 65 ans va diminuer. On y prévoit en effet une croissance négative de moins 1% de cette population en âge de travailler au cours de la prochaine décennie, comparativement à 1% au Canada. Sans compter que 22% des travailleurs québécois ont 55 ans ou plus. Résultat: plus d’un travailleur sur cinq sera en âge de prendre sa retraite d’ici 10 ans! Le problème de la pénurie de main-d’oeuvre — et des salaires — s’en trouve du même coup exacerbé.
Voilà donc autant de raisons pour lesquelles les augmentations salariales ne sont pas près de s’atténuer dans un avenir rapproché. Les dirigeants d’entreprises doivent réfléchir sérieusement à la situation. S’ils veulent attirer les meilleurs employés et assurer leur rétention, ils n’ont d’autres choix que d’offrir des salaires plus élevés. Bon nombre d’entreprises sont en mesure de le faire sans trop en souffrir. La croissance économique est telle, qu’elles peinent à suffire à la demande et peuvent ainsi augmenter leurs prix et, par conséquent, leurs salaires. La situation est plus difficile dans certains secteurs d’activité, notamment dans le domaine de la restauration dont les marges bénéficiaires sont faibles et qui, faute d’employés, doivent réduire leurs heures d’ouverture ou accueillir moins de clients.
La solution passe aussi par l’achat d’équipements automatisés et la robotisation afin d’en arriver à réduire les besoins de main-d’oeuvre et accroître la productivité. Le remède s’applique principalement au secteur manufacturier, mais on voit de plus en plus de détaillants implanter des bornes de paiement automatisés. Dans la situation actuelle, il n’aura jamais été aussi avantageux et intéressant d’investir dans les technologies de pointe.