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L’automatisation des entreprises sera une priorité pour IQ

François Normand|Publié le 04 février 2020

Investissement Québec accompagnera davantage les entreprises et prendra plus de risques, dit son patron Guy Leblanc.

La hausse de la productivité sera l’un des chevaux de bataille du nouvel Investissement Québec (IQ), et cela passera par une plus grande automatisation et numérisation des entreprises québécoises.

«Nous avons un taux d’automatisation de 25% au Québec comparativement à 55% aux États-Unis et à 75% en Allemagne. On va probablement commencer par augmenter de façon importante le niveau d’automatisation de nos entreprises», dit le PDG d’Investissement Québec, Guy Leblanc, en entretien à Les Affaires en marge du lancement de la nouvelle société d’État hier à Montréal.

Non seulement IQ double-t-elle sa taille en absorbant des organismes publics comme le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ), mais elle aura aussi davantage de moyens pour accompagner les entreprises (de l’amélioration de leur efficacité à la hausse de leurs exportations), en plus de prendre plus de risques financiers pour des projets.

Les statistiques sur l’automatisation mentionnées par M. Leblanc sont tirées de l’étude Le manufacturier avancé : enquête sur l’automatisation du secteur manufacturier au Québec, publiée en 2017 par l’Alliance canadienne pour les technologies avancées.

Cette étude fournit une autre statistique qui met également en perspective le retard pris par l’industrie manufacturière québécoise (et canadienne) en termes d’automatisation : la densité de robots par 10 000 employés.

En 2015, on comptait 136 robots par 10 000 employés au Canada (la statistique n’existe pas par province). Or, ce niveau est beaucoup moins élevé par rapport à la Corée du Sud à 531 machines (le niveau le plus élevé au monde) ou à des pays comme le Japon (305), l’Allemagne (301) ou les États-Unis (176).

Pour accroître l’automatisation et la numérisation des entreprises québécoises, Investissement Québec misera sur de «nouveaux outils», comme le CRIQ, qui avant d’être intégré à IQ aidait déjà les sociétés à accroître leur productivité, principalement grâce au manufacturier 4.0 ou le manufacturier intelligent.

Une entreprise manufacturière est 4.0 lorsqu’elle utilise, connecte et intègre les nouvelles technologies. En somme, ses machines se parlent entre elles et s’ajustent en temps réel à l’offre et à la demande.

«Avec l’apport technologique du CRIQ, cela va nous donner, je pense, beaucoup plus de moyens pour faire avancer la productivité des entreprises», souligne le patron d’Investissement Québec.

À ses yeux, les moyens financiers accrus, l’accompagnement des entrepreneurs et la plus grande tolérance au risque de la société d’État sont autant de conditions gagnantes pour convaincre les entreprises d’accroître leur productivité.

La prospérité économique plutôt que le rendement

La prise de risque accrue chez IQ est aussi un enjeu important pour l’économie du Québec, car cette approche permettra de soutenir des secteurs qui ont besoin de capital patient et de soutien financier à long terme.

Le secteur minier au Québec fait partie des industries qui en bénéficieront, alors que plusieurs minières pâtissent de mauvaises conditions de marché (des prix trop bas) ou difficultés de financement.

Pour illustrer son propos, Guy Leblanc mentionne les cas de Nemaska Lithium et Stornoway (diamants) «Nous sommes intervenus de façon directe pour garder en vie ces compagnies, et il n’est pas question de les laisser tomber», dit-il.

Enfin, la fusion des bureaux régionaux d’Investissement Québec avec ceux du ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) facilitera la vie des entreprises quand elles auront besoin d’interagir avec le gouvernement, pour des programmes par exemple.

La fusion des bureaux d’IQ et du MEI sera effective à compter du 21 mai.

«Nous sommes désormais le guichet unique en termes de porte d’entrée du gouvernement, mais pas en termes des marchés des capitaux en général», précise M. Leblanc.

Aussi, les entreprises qui ont un projet peuvent continuer de financer leur projet auprès des capitaux-risqueurs privés et publics du Québec (la Banque Nationale, Desjardins, le Fonds de solidarité de la FTQ, la Caisse de dépôt et placement du Québec, etc.).

Cela dit, les entreprises qui le souhaitent pourront aussi bien entendu financer leur projet auprès d’IQ ou inclure la société d’État dans un groupe d’investisseurs ou de prêteurs.