De l’aluminium non polluant «made in Québec» d’ici 2024? C’est le pari que s’est donné l’entreprise Elysis.
De l’aluminium non polluant «made in Québec» d’ici 2024? C’est le pari que s’est donné l’entreprise technologique Elysis, grâce à un procédé de production inédit qui vise à aider les entreprises manufacturières à «décarboniser» leurs chaînes d’approvisionnement.
«L’objectif c’est de développer une technologie qui a les aspects suivants: on enlève le carbone, on sort d’un côté l’aluminium liquide et de l’autre, de l’oxygène», a déclaré Vincent Christ, PDG d’Elysis, lors d’un panel organisé par le Cercle Canadien, lundi à Montréal.
Ce procédé, qui devrait être commercialisé dans cinq ans, a pour but de réinsérer le Québec dans le domaine de la production d’aluminium, afin de concurrencer la Chine, d’ailleurs le seul pays à ouvrir de nouvelles alumineries.
Pour se distinguer de cette concurrence, Elysis, ainsi que les gouvernements québécois et canadien, comptent sur cette technologie «verte». Ces derniers ont investi 60 millions de dollars chacun, afin que cette innovation se fasse au Québec, l’entreprise Elysis étant basée à Montréal. «Ce qu’on vise, c’est de moderniser le parc industriel, sinon à terme il devient obsolète, affirme M. Christ. Il y a quand même 10 000 emplois en jeu, donc cette technologie permet de pérenniser ces emplois en plus d’exporter le savoir-faire à partir du Québec.»
Apple y croit et investit
Outre les gouvernements et les deux géants de la production d’aluminium – Alcoa et Rio Tinto, qui mettent d’ailleurs leurs propriétés intellectuelles distinctes à contribution pour le développement de la technologie –, d’autres entreprises sont intéressées par ce développement, et non les moindre. Le géant Apple a accordé un investissement de 13M$ à l’entreprise.
«Apple est très intéressé parce qu’ils sont entrain de décarboniser leur chaîne d’approvisionnement, explique M. Christ. Dans un téléphone de type iPhone, il y a 11 grammes d’aluminium. Apple est intéressée à acheter du métal sans empreinte de carbone.»
Le Québec doit profiter de sa position de leader dans le domaine des énergies renouvelables afin d’attirer des entreprises qui désirent réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dont sont responsables leurs activités de production, selon Anne-Josée Laquerre, présidente de Québec Net Positif, un organisme à but non lucratif encourageant l’économie «sobre en carbone».
«Ce qu’on a d’unique au Québec, qui est exceptionnel et à la disposition de toute la communauté d’affaires, c’est notre hydroélectricité, relate Mme Laquerre. On est, sur une échelle planétaire, une des seules juridictions qui produit de l’électricité qui est presque 100% renouvelable.»
«Il y a beaucoup de juridictions, les unes après les autres, qui s’engagent à produire de l’électricité 100% renouvelable, mais ça va prendre du temps, poursuit Mme Laquerre. On a cette fenêtre d’opportunité où nous on y est déjà, on peut s’en servir pour attirer des entreprises chez nous.»
M. Christ a tenu à expliquer la différence des émissions de GES entre les pays producteurs d’aluminium: «La Chine, c’est 16 tonnes de CO2 par tonne d’aluminium. La moyenne à l’extérieur de la Chine, c’est sept tonnes et au Québec, c’est deux».
«Cette caractéristique d’une énergie qui n’émet presque pas de GES peut vraiment être un avantage compétitif quand on parle d’économie verte», ajoute Mme Laquerre.